Acte 3 Scène 3

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???, LA PART ALTRUISTE, LA PART ÉGOÏSTE

LA PART ÉGOÏSTE : Qu'est ce que vous voulez ? Lâchez Jean Ernestin !

??? : Ce que je souhaite ? Que les choses avancent. Et pour ce faire, je ne peux malheureusement pas lâcher Jean Ernestin.

LA PART ÉGOÏSTE : Faire avancer les choses ? Qu'est ce que vous racontez ?! Si vous lui faites du mal...

??? : Soyez tranquille, je n'ai pas l'intention de lui faire quoi que ce soit...pour l'instant.

LA PART ÉGOÏSTE : Espèce de...!

LA PART ALTRUISTE : Mais, comment pouvez vous...?

??? : Être ici ? Il faut croire que le subconscient de Jean Ernestin ne soit pas si privé que ça, finalement.

LA PART ÉGOÏSTE : Mais qu'est ce que vous racontez ?!

LA PART ALTRUISTE : Docteur...docteur Lingard ! Où est le docteur...? Qu'en avez vous fait ?

??? : Il a accompli son rôle. Il ne nous était plus d'aucune utilité, alors je l'ai fait disparaître, tout simplement. Désormais (??? sort une seringue), c'est moi qui me chargerait de la suite.

LA PART ÉGOÏSTE : Non, arrêtez !

(La Part Égoïste se jette sur ??? et lui attrape le bras tenant la seringue. Ce dernier le repousse, la Part Égoïste s'effondre au sol. La Part Altruiste a un mouvement de recul)

??? : Ne cesse t-il jamais de crier, celui là ? C'est irritant, vraiment. Nous devrions procéder au vote sans lui. Bah, de toute façon, sa présence n'était pas vraiment utile.

(??? frappe dans ses mains. La scène devient noire. Lorsque la lumière se rallume, la Part Égoïste n'est plus sur scène. ??? se tourne vers la Part Altruiste qui trébuche en arrière et recule.)

LA PART ALTRUISTE : Ne m'approchez pas ! Restez où vous êtes !

??? : Soyez tranquille. Tant que vous resterez sages, je n'ai pas l'intention de vous faire quoi que ce soit.

(Légère pause)

LA PART ALTRUISTE : Vous disiez vouloir faire avancer les choses...qu'entendez vous par là ?

??? : Et bien, qu'il faut se décider ! Le destin de Jean Ernestin est arrivé à un tournant où il faut prendre une décision. Sa vie, ou celle des patients ? Voilà un dilemme cornélien...

LA PART ALTRUISTE : Pourquoi êtes vous si fataliste ? Il n'en mourra pas, ce n'est qu'une piqûre !

??? : Vous savez très bien que si. À qui essayez vous de mentir ? À moi, ou à vous même...? Peu importe. Quoi qu'il en soit, vous comme l'autre êtes incapables de faire avancer les choses.

LA PART ALTRUISTE : Maintenant que l'autre n'est plus là, il suffirait que je lui prélève le sang nécessaire...

??? : Tiens donc. Vous voulez profiter de son absence pour imposer votre point de vue ? Quel coup bas. C'est étonnant de votre part, vous qui prônez le dialogue, l'ouverture vers l'autre et la décision conjointe. Enfin, pas si étonnant que ça, après tout vous l'avez déjà fait...

LA PART ALTRUISTE : Je croyais que vous vouliez faire avancer les choses. Et bien, c'est ce que je suis en train de faire. Le dialogue. La décision conjointe. J'ai toujours fait en sorte de les appliquer ! Mais l'autre n'a fait que mépriser, rejeter, réduire à l'inutilité. Alors si je ne peux pas faire entendre mon point de vue, je l'imposerai par la force. L'enjeu est trop important.

??? : Vous êtes tombée bien bas. Enfin, même si cette fin aurait été intéressante, ce n'est pas celle que j'ai prévu. Donc, je ne peux pas vous laisser faire ça.

LA PART ALTRUISTE : Ah oui ? (se rapproche de ???) Et qu'est ce qui va m'en empêcher ?

??? : Ça.

(??? tape dans ses mains. La scène devient noire. Lorsque la lumière se rallume, la Part Altruiste n'est plus sur scène.)

??? : (pousse un léger soupir) Bon...et bien. (??? frappe dans ses mains. La lumière s'allume dans le public. ??? se tourne vers lui) Nous voilà seuls, cher public. Vous ne vous attendiez pas forcément à me revoir, n'est ce pas ? Et pourtant, si vous aviez écouté attentivement, je vous ai dit que vous auriez l'occasion de vous racheter.

Quel genre d'individu aurais-je été si je vous avais laissé responsables de tous ces événements tragiques sans vous donner de possibilité de rédemption ? Ç'aurait été monstrueux ! Et terriblement plus court et ennuyeux aussi.

C'est pourquoi vous allez pouvoir agir. Allons, ne soyez pas timides. Je vous y autorise, vous avez le droit. Seulement, vous n'allez pas vous lever, vous n'allez pas parler, vous allez simplement...voter. Non pas que je souhaite restreindre votre liberté d'expression, mais dans un vote, seuls les résultats comptent.

Le vote est le suivant : Jean Ernestin doit-il faire l'ultime prise de sang ? Si vous le souhaitez, levez votre bras. Vous sauverez les patients et condamnerez Jean Ernestin. Si vous ne le souhaitez pas, laissez votre bras inerte. Vous condamnerez les patients et sauverez Jean Ernestin.

Vous l'aurez compris, le vote blanc n'est pas une option. Vous avez un total de 20 secondes pour y réfléchir.

(La lumière s'éteint sur scène et dans le public. Une fois les 20 secondes de réflexion écoulées, la lumière se rallume)

??? : Le temps est écoulé. À trois, vos votes seront comptabilisés et nous conduiront au dénouement final. Soyez prêts. 3...2...1...0.

(Les spectateurs lèvent leur main, ou la gardent baissée. ??? les examine quelques secondes pour dégager une majorité)

??? : Votre choix a été fait.

(??? pose la seringue dans la main de Jean Ernestin, puis recule de quelques pas et le lâche. Ce dernier se relève et ouvre les yeux. Puis, ??? claque dans ses mains. La scène s'allume en bleu ou en rouge.

Dans le premier cas, Jean Ernestin dévisage la seringue pendant plusieurs secondes, avant de la jeter sur le côté, et de sortir.

Dans le second cas, Jean Ernestin dévisage également la seringue, avant de se la planter dans le bras. Jean Ernestin lâche la seringue. Puis il jette un regard vers le public sans le voir, et s'effondre

La lumière s'éteint.)

La prise de sangWhere stories live. Discover now