Acte 3 Scène Finale (Fin Égoïste)

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(Cette scène ne doit être représentée que si le vote du public s'est conclue par une majorité en défaveur de la Prise de Sang)

JEAN ERNESTIN, LA PART ÉGOÏSTE, LA PART ALTRUISTE, (LES SPECTATEURS)

(La scène est noire. Une musique tranquille se lance. Une douche s'allume lentement sur scène, dévoilant Jean Ernestin, vêtu de bleu. Il est assis confortablement dans un fauteuil face à une table. La Part Égoïste apparaît dans la lumière et lui tend une tasse d'eau chaude, qu'il saisit. Jean Ernestin se verse une tasse de thé, qu'il agrémente de deux sucres, et qu'il porte à ses lèvres. 

Une lumière rouge s'allume alors légèrement sur scène, ce qui fait recracher violemment à Jean Ernestin le contenu de la tasse et surprend la part Égoïste. La musique s'arrête. La scène redevient noire. Puis elle se rallume en rouge un peu plus, ce qui provoque une violente quinte de toux à Jean Ernestin qui se plie en deux. La Part Égoïste, désemparée, tente de lui taper dans le dos sans succès.

La scène redevient noire. Puis elle s'allume complètement en rouge, dévoilant des corps vêtus de gris étendus au sol, par dizaines.

JEAN ERNESTIN : Non...Non ! NON ! 

(Il balaye violemment la table d'un geste de la main avant de se recroqueviller, tremblant)

LA PART ÉGOÏSTE : Jean Ernestin ?! Qu'est ce qu'il t'arrive ?!

JEAN ERNESTIN : Ce n'est pas moi...ce n'est pas moi...

LA PART ÉGOÏSTE (se rapproche de Jean Ernestin) : Jean Ernestin écoute moi...

(Elle tente de lui toucher le bras, mais Jean Ernestin la repousse)

JEAN ERNESTIN : Ne me touche pas ! Je n'y suis pour rien...! Je n'ai les ai pas tués...! Ce n'est pas moi...!

LA PART ÉGOÏSTE : Mais qu'est ce qui se passe ici, bon sang ?!

LA PART ALTRUISTE (en coulisses) : On peut dire que c'est à cause de moi.

(La Part Altruiste rentre. Une douche s'allume au dessus d'elle. Jean Ernestin continue à gémir et à murmurer des choses)

LA PART ALTRUISTE : Même si c'est surtout à cause de toi.

LA PART ÉGOÏSTE : Ah, tu tombes bien ! Vite...aide moi ! Je ne sais pas ce qui lui arrive !

LA PART ALTRUISTE : ...Évidemment, tu ne m'as pas écouté.

LA PART ÉGOÏSTE : Quoi ?!

LA PART ALTRUISTE : C'est à cause de moi, ou plutôt de toi, que ça lui arrive.

LA PART ÉGOÏSTE : Je ne suis pas d'humeur à jouer les devinettes ! Comment on arrête ça ?!

LA PART ALTRUISTE : Tu as réellement cru que tu allais pouvoir tuer toutes ces personnes sans aucune conséquence ? C'est tellement risible. Ce qui lui arrive, c'est que je lui rappelle que l'univers ne tourne pas autour de vous deux. C'est ta propre décision qui le met dans cet état.

LA PART ÉGOÏSTE : Ne crois tu pas que nous avons mieux à faire que de nous disputer ? Jean Ernestin ne va pas bien depuis que tu es ici ! Alors, trouve un moyen d'arrêter ça !

(Jean Ernestin hausse légèrement la voix en continuant à gémir. La Part Altruiste fait mine de réfléchir pendant quelques secondes)

LA PART ALTRUISTE : Très bien.

(La Part Altruiste retire sa tunique. La lumière rouge s'estompe. Jean Ernestin se met à respirer bruyamment, comme pour reprendre son souffle. La Part Altruiste traverse alors le plateau et plaque sa tunique contre la Part Égoïste)

LA PART ÉGOÏSTE : Qu'est ce que tu fais...?

LA PART ALTRUISTE : Je démissionne.

(La Part Altruiste retourne vers sa douche)

LA PART ÉGOÏSTE : (murmurant) Quoi...? (criant) Mais enfin, attends !

(La Part Altruiste s'immobilise et se tourne vers La Part Égoïste. La Part Égoïste a l'air désemparée, cherche ses mots)

LA PART ÉGOÏSTE : Tu...tu ne peux pas démissionner...

LA PART ALTRUISTE : Et pourquoi ?

LA PART ÉGOÏSTE : Parce que...

(Légère pause. La Part Altruiste pousse un soufflement de dédain et tourne les talons)

LA PART ÉGOÏSTE : Parce que tu fais partie de sa conscience ! (La Part Altruiste s'arrête) Nous fonctionnons en duo...! Je...Jean Ernestin a...besoin de toi.

(La Part Altruiste s'immobilise. Puis elle commence à rigoler nerveusement)

LA PART ALTRUISTE : C'est...c'est une plaisanterie ! (éclat de rire) Décidément, je ne pensais pas que tu étais dotée d'un quelconque sens de l'humour, mais il faut bien avouer que c'est très drôle ! Tu n'as jamais prêté aucune attention à ce que je te disais, tu as toujours pris toutes les décisions. Et maintenant, tu essayes de me convaincre de rester parce que je suis subitement devenue indispensable ? 

LA PART ÉGOÏSTE : S'il te plait...je t'en supplie...Qu'est ce que je dois faire ? Te supplier à genoux ? Regarde, je me mets à genoux. (Elle s'exécute) Mais tu ne peux pas nous quitter comme ça...Jean Ernestin...J'ai...besoin de toi.

LA PART ALTRUISTE (d'un ton endurci) : Tu es pathétique. Tu as toujours agi pour toi même, par orgueil. Tu n'en as rien à faire de Jean Ernestin, comme tu n'en as rien eu à faire de tous ces gens. Et ton orgueil t'a poussé à commettre ces meurtres ! Tout ça pour prouver que tu avais raison ! Et bien regardes, regardes comme tu avais raison !

(La Part Altruiste claque de nouveau dans ses mains. La lumière rouge éclaire de nouveau les corps. Jean Ernestin recommence à crier)

LA PART ÉGOÏSTE : Arrêtes ça !

LA PART ALTRUISTE : Voilà ta raison ! Tu ne récoltes que ce que tu as semé. Et je ne compte pas réparer les pots que tu as cassé. Débrouille toi sans moi. Comme tu l'as toujours fait.

(La Part Altruiste se tourne alors vers le public)

LA PART ALTRUISTE : Quand à vous...! Oui, vous. Je sais que vous êtes là. Ne croyez pas que je vous ai oublié. Vous êtes tout aussi coupables que lui. Et bien, à présent, vivez, vivez avec toutes ces morts sur votre conscience ! Et regardez, puisque vous ne savez faire que cela, admirez le fruit de votre carnage (désigne Jean Ernestin). Un homme, que vous avez enfermé dans la cellule de son propre égo, complètement coupé du monde extérieur. Autrement dit, plus rien !

(La Part Altruiste sort. La lumière rouge s'estompe, ainsi que sa douche. La musique tranquille se relance. Jean Ernestin reprend son souffle, se redresse, et recommence à boire sa tasse de thé. La Part Égoïste se met à fixer Jean Ernestin, et tombe à genoux. Noir progressif sur scène.

La prise de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant