Lettre à Papa

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Voici deux lettres écrites par deux adolescentes pour leur père militaire.

A papa
Papa, je te donne ces quelques lignes en réponse à ton poème « lettre à ma fille ».
Je voudrai d’abord te dire que je suis fière de toi, tu réussis tout ce que tu entreprends, tu t’es toujours battu pour tes valeurs et celles de notre pays. Et tu continues a te battre pour les gens qui vivent en ce moment même notre situation. Je suis aussi fière de ton métier, celui que tu as exercé plus d’une trentaine d’années, celui qui nous a fait pleurer, se retrouver mais surtout celui qui m’a forgée. Ton métier a toujours été un sujet tabou pour moi et pour nous. Je sais avec l’âge en quoi consiste ton métier, mais à tes premiers départs, seuls les médias me renseignaient, ou du moins m’expliquaient durement la triste réalité. Les soirées sur Skype m’aidaient mais m’effondraient car je détestais te voir uniquement a travers un écran. Les coups de téléphone étaient souvent mouvementés car malgré la discrétion de maman, je savais ce qu’il se passait à l’autre bout du fil. A l’école j’étais fière de dire que mon père était sur le champ de bataille avec cette anxiété permanente de savoir si on allait se retrouver. Je comptais les jours dès nos au revoir, cette technique du petit train ou je barrais chaque wagon, tous les jours. Ce train qui représentait la distance qui nous séparait. Pendant 4,5 ou même 6 mois, ma seule préoccupation c’était toi, que tu sois à Djibouti, en Afghanistan, au Mali … Je priais pour toi tous les jours pour te resserrer dans mes bras, car malheureusement là-bas tout peut arriver. Je te remercierai jamais assez pour la carapace que tu m’as aidé à créer pour me protéger de l’extérieur. J’ai grandi la moitié de mon enfance loin de toi mais tu as toujours été là pour moi et si j’en suis là aujourd’hui c’est grâce à toi et à la force de maman qui a aussi souffert de tout ça et qui m’a soutenue.
Tu as fais le métier qui te plaisait, et c’est l’un des plus beaux. Je suis fière de le dire haut et fort que mon père a défendu notre pays. Ma fierté et mon modèle, je te remercie. Aujourd’hui on rattrape le temps perdu et je n’ai jamais eu autant le sourire que ces dernières années. Tu es le seul qui a réussi à percer cette carapace et même si je ne te le dis pas souvent, Je t’aime plus que tout au monde Papa.
Manon

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Lettre à mon père.
J’écris ces mots à l’homme de ma vie,
Qui, souvent, est parti.
Tu es parti dans des pays,
Où traînent parfois l’ignorance et la maladie.
De tes grandes mains,
Tu essayais d’effacer mon chagrin,
Pour que quand tu partais là bas,
Je me souvienne de comment était mon papa.
Là bas, c’était le Kosovo,
Où tu es revenu sans trop de bobo.
Là bas, c’était le Liban,
Où tu as vu beaucoup d’enfants.
Là bas, c’était la Côte d’Ivoire,
Où, en rentrant, tu ne supportais plus le reflet du miroir.
En te voyant faire tes paquetages,
Je ne comprenais pas, de par mon jeune âge.
Lorsque tu es parti le cœur serré,
J’ai refusé de t’embrasser.
Je le regrette,
Pardonne-moi, je n’étais qu’une fillette.
Tu as été absent,
Et ce, pour bon nombre d’événements.
Anniversaires, Noël,
Mais ce n’est pas l’essentiel.
Tu as acquis de l’expérience,
Et c’est ce qui fait ta différence.
J’ai eu peur pour toi,
J’ai pleuré pour toi,
Et ma maman dans tout ça,
Elle gérait tout à la fois.
En cours de géographie,
A la différence des autres, je n’ai pas ri.
Avec mes doigts d’enfant,
Je faisais l’écart entre la France et le Liban.
Pour mes professeurs,
J’étais ailleurs.
Je ne leur donne pas tort,
Je m’imaginais dans tes bras, encore.
Peu d’enfants ont compris,
Ce que le mot « soldat » signifie.
Outre tes départs,
Fut le moment de tes retours en retard.
J’attendais la voiture,
Assise devant la maison et contre le mur,
Je regardais mon calendrier,
Le visage de moins en moins contrarié.
Et puis te voilà, avec ton sac à dos,
Rempli de souvenirs de là-haut.
En nous voyant tu souris,
Mais dans ces pays est encore ton esprit.
Tu penses aux personnes rencontrées,
Formidables et attentionnées.
Mais tu es heureux de rentrer,
De pouvoir un peu te poser.
J’ai grandi, j’ai changé,
Mes formes se sont accentuées.
Alors tu me regardes de ton air soucieux,
En te demandant si tu as tout fait pour le mieux.
Tu as fait ton devoir de soldat,
En partant cinq fois.
Mais sache que tu m’as toujours manqué,
Papa adoré
Gaëlle

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😍😍😍

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