Et la famille s'agrandit

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Petit chapitre sous forme de roman, comme si il y avait un début et une suite !

Sixtine alluma son téléphone et envoya un message à son militaire.
_ On fait un Skype ?
Sixtine n'avait pas le courage d'écrire plus ni de trouver des belles formules. Elle était épuisée, moralement et physiquement.
Elle posa sa main sur son ventre rond dans lequel grandissait jour après jour ce petit être, cadeau de Dieu. Il allait naître bientôt, ici, entouré par sa maman... Il serait l'aîné d'une grande tribu d'enfants, d'une famille nombreuse et belle. C'est ce qu'espérait Sixtine. Mais il allait naître loin de son papa, très loin, trop loin et il faudrait compter les jours avant qu'il le rencontre, des jours longs, fatigants mais imprégnés de foi et de force.

_ Je suis là !
Au virement de son portable, la jeune maman sursauta. Ça y est, Thibault son mari était en ligne ! Quelle joie... Et quelle angoisse aussi ! C'est tellement frustrant de voir celui qu'on aime à travers un écran si près, de l'entendre, de lui parler alors qu'il est loin, très loin, trop loin, là bas dan le désert.

La connexion se fit et sur l'écran apparut la tête un peu floue de Thibault. Il souriait de ce magnifique sourire franc et plein d'amour.
T: Bonjour ma chérie !
S: Bonjour mon beau militaire !
Sixtine esquissa un sourire: elle savait que Thibault aimait bien ce qualificatif et que ça le faisait rire.
T: Comment vas tu mon ange?
S: Bien, très bien !
Mais Thibault n'était pas dupe, il connaissait sa femme et voyait bien que ça n'allait pas. Son sourire disparut et son coeur se serra, très fort mais ça Sixtine ne le sut pas.
T: Je sais que non, dis moi ce qui ne va pas !
Sixtine ne répondit pas, elle n'en avait pas la force. Elle n'avait pas les mots et était incapable de dire ce qu'elle ressentait.
Elle rêvait depuis qu'elle était gamine d'être maman et là elle allait l'être mais elle n'aurait jamais pensé que sa grossesse se passerait dans ces conditions. Et pourtant elle ne pouvait rien faire.
Elle regarda son mari et ne put retenir ses larmes. Elle se sentit si vulnérable que, sous les yeux inquiets de Thibault elle coupa la connexion.

Elle n'en pouvait plus de cette séparation! Cela durait depuis 3 mois déjà et la date du retour était incertaine ... Attendre, attendre, que faire d'autre ?
Elle avait l'impression d'être égoïste, de ne penser qu'à elle, de ne pas faire attention à son homme qui était seul, là bas, loin de sa famille ! Elle avait l'impression de ne pas lui dire ou de ne pas savoir lui dire à quel point elle l'aimait et il lui manquait ! Cette souffrance était une souffrance d'amour!
Elle repensa, à ce moment, à cet amour auquel elle s'était engagée le jour de son mariage, ce jour si beau, si émouvant et si fort. Elle se remémora le moment où elle dit Oui à Thibault, oui pour la vie. Et se oui elle le redisait en elle chaque jour. Elle repensa aussi au moment où, sur le parvis de l'église, sous la haie de sabres levés, Thibault la prit par la taille et lui souffla dans l'oreille :
_ Je t'aimerai toujours, quant tout ira bien ou quand les temps seront durs. Je t'aimerai chaque jour davantage pendant mes missions car je suis prêt à donner ma vie pour te protéger.
Ce souvenir fut comme un baume dans le coeur de Sixtine et soudain elle eût honte de s'être laissée aller comme ça. Elle ralluma l'ordinateur et lança un appel... Mais il échoua. Le coeur de la jeune femme se mit à battre la chamade. C'était trop tard, il n'était plus en ligne et il ne saurait pas avant longtemps peut être qu'elle s'excusait.
Alors pour remplacer cela, elle se leva pour prendre du papier et pour lui écrire une lettre. Mais en traversant la pièce, elle sentit une douleur tiraillante en bas du ventre.
Le bébé allait naître.

Sixtine se précipita sur le téléphone et composa le 18. Elle n'avait personne à contacter pour l'aider. Elle fit une prière en son coeur pour que tout se passe bien et après avoir eu les pompiers elle s'assit dans le canapé.
Ils allaient bientôt arriver. Alors elle envoya un message à son militaire, sachant qu'il ne le verrait que longtemps après, peut-être quand elle aurait déjà accouché...
S: Mon chéri je crois que notre enfant veut découvrir le monde, je crois qu'il va bientôt arriver. Je t'aime de tout min coeur même si j'ai eu du mal à le dire ces derniers temps.
Le message s'envoya et les pompiers arrivèrent. Ils trouvèrent une jeune femme si faible qu'il fallut la porter jusqu'au camion.

Quelques heures plus tard, allongée sur son lit, Sixtine reçut dans ses bras son enfant, son fils, son trésor. Il n'avait pas fallu beaucoup de temps avant qu'il naisse. Tout était passé si vite !
Sixtine vivait à ce moment une chose indescriptible. Il était là, ce nouveau né, dans ses bras. Cet enfant elle l'appela Eloi en l'honneur de Saint Eloi, patron du Matériel, arme où travaillait son mari.
Mais l'émotion était là aussi et Thibault n'était au courant de rien. Il ne savait pas que son fils était né, il ne savait pas qu'il était désormais Papa.
Une larme coula le long de la joue de Sixtine et tomba sur le front de l'enfant qui ouvrit les yeux et sourit à sa mère.
Le petit Eloi était déjà un digne fils de militaire. Il sut par son sourire sécher la larme de sa mère et lui redonner le sourire.

Quelques temps plus tard, alors qu'Eloi était âgé de 3 semaines et qu'il s'éveillait de jour en jour à la vie, Sixtine reçut un appel de Charlotte son amie qui prévoyait de la retrouver dans l'après-midi au parc avec leurs deux enfants. Sixtine répondit avec joie, imaginant déjà le beau moment qu'elles allaient passer ensemble.
Un peu avant l'heure fixée elle arrivera au parc. Les feuilles des arbres jonchaient le sol et donnaient à cet endroit un aspect magique.
Sixtine serrait contre elle son petit Éloi et attendait, debout, son amie.
Mais les minutes passèrent et elle n'arrivait toujours pas. Sixtine commençait à s'inquiéter quand elle vit une silhouette de dessiner à l'entrée du parc. Elle leva la tête espérant reconnaître son amie mais ça n'était pas elle, loin de ça.
Au bout de l'allée se profilait une silhouette masculine qu'elle connaissait, une silhouette portant l'uniforme.
Les pensées de Sixtine fusèrent dans sa tête. Rêvait elle ou était ce vraiment son Thibault qui arrivait, souriant ?
Mais elle ne rêvait pas. Il était réellement là, à quelques mètres d'elle.
Alors, sans penser à rien d'autre, dans un élan d'émotion, d'amour et de joie la jeune femme s'élança vers celui qui lui avait tant manqué avant s'engouffrer dans ses bras protecteur et sous le regard d'un mari comblé qui rencontrait son enfant.

Hommage aux femmes de militaires Where stories live. Discover now