Bleu Ciel

onze

Inconsciemment, Eléa laissa couler des larmes sur ses joues. Elle se souvenait de lui, de tout. Elle se souvenait de l'époque où ils étaient à l'école primaire, de leur rencontre.

Ulysse remarqua ses larmes, ses joues devenues beaucoup trop roses, ses lèvres tremblantes. Il leva les yeux au ciel avant de se rasseoir, ne sachant pas trop comment réagir.

Eléa ferma les yeux, laissa le vent de l'après-midi lui envelopper le corps, le temps de reprendre ses esprits.

« Tu es vraiment étrange comme nana, toi » lui avoua Ulysse en arquant un sourcil.

Elle rit doucement. Puis, sans savoir comment contrôler ses mains, elle prit celles d'Ulysse qui fronçait les sourcils, méfiant.

« Qu'est-ce que tu fais ? » s'étonna t-il.

Éléa renforça son emprise et planta ses yeux bleus dans les siens. D'aussi loin qu'elle se souvenait, il ne lui avait jamais dit son prénom.

« Lâche-moi !

- Je m'appelle Eléa et toi, comment tu t'appelles ? »

Elle haussa le ton, l'obligeant à répondre, à se souvenir.

« Quoi ? Lâche-moi !

- Je m'appelle Eléa, et toi comment tu t'appelles ? ».

Elle insistait sur cette phrase, phrase même qu'elle avait utilisée bien des années avant pour se présenter.

Ulysse resta troublé. Il ne bougea plus. À vrai dire, il ignorait comment le faire à cet instant.

Un klaxon vint les interrompre. Une vitre teintée se baissa, laissant apparaître un homme âgé.

« Papa, marmonna Éléa, surprise.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Ça fait des heures que je t'attends ! On vient de rater l'avion ! »

Éléa passa un moment à regarder son père avant de prendre la parole.

« Il pleuvait.

- Est-ce là une raison valable pour justifier ton retard ?

- Tu m'avais dit que tu viendrais me chercher ! s'énerva-t-elle.

- J'ai eu un empêchement. »

Le père d'Éléa resta silencieux pendant un instant, examinant Ulysse, les mains de sa fille prenant l'une des siennes. Il fronça les sourcils et serra la mâchoire, outré.

« Éléa, ne me dis pas que tu as passé la journée avec ce clochard !

- Papa, arrête ! Ce n'est pas un clochard !

- Ah, oui ? Et qui est-ce ?

- Ulysse, je m'appelle Ulysse. »