Bleu Ciel

treize

Des mois passèrent sans qu'Ulysse ne revoit Éléa. Tout avait repris son cours. Tout sauf les pensées de l'adolescent. Elles restèrent focalisées sur un mot, une action et tout se répétait, le faisant sourire à l'infini.

E l é a  était un prénom qu'il n'oublierait jamais.

C e b a i s e r, même sur la joue, avait provoqué en lui des frissons atroces. Des frissons qui le remplissaient de bonheur.

Ulysse, sans le savoir, devint l'une de ces personnes qu'il trouvait auparavant incroyablement niaises. Et il aimait ça.

Il n'avait pas revu Éléa depuis plusieurs mois, or, il avait l'impression qu'elle était tout près, qu'elle partageait son quotidien.

Il se rendait fréquemment dans ses champs, après le boulot et se couchait à l'endroit exact où il le faisait toujours.

Un jour, pendant qu'il se rendait là-bas, il vit quelqu'un à sa place.

Elle était habillée de sa même robe blanche et avait les cheveux attachés en une tresse-couronne et portait au cou son foulard bleu ciel. Quand elle vit Ulysse, elle sourit et couru vers lui.

Ce jour-là, le ciel était bleu comme il ne l'avait jamais été. Immaculé. Aucun oiseau ne s'envolait, aucun bruit ne s'élevait mis à part celui de la douce brise du vent.

« Je disais que je toucherai le ciel, tu t'en souviens ? »

Elle arracha son foulard de son cou et l'enferma dans la main d'Ulysse.

« Je le ferai ».

Un klaxon déchira l'air.

La même voiture qui était venu la chercher, quelques mois plus tôt, se gara devant les champs de millepertuis. Un homme vêtu de noir descendit du véhicule.

« Hé, mon petit ! Ulysse, c'est ça ? » lui demanda le père d'Éléa en s'approchant de lui.

L'adolescent recula, méfiant.

« Ne t'inquiète pas, je suis juste venu te parler. J'ai vu comme tu tiens à ma fille et sache qu'elle aussi tenait à toi, alors...

— Tenait ? Qu'est-ce ça veut dire ? »

L'homme prit une grande inspiration avant de fixer Ulysse d'un air désolé.

« Éléa est morte ».