Bleu Ciel

epilogue

Tu sais, Eléa, je t'ai toujours enviée. Tu étais entourée d'amis, de parents qui t'aimaient. Tu avais tout c que tu voulais d'un claquement de doigt et tu n'avais jamais à t'inquiéter d'avoir un jour le ventre vide. Quand on avait neuf ans, je la voulais, ta vie.

Tout le monde me disait que j'étais un bon-à-rien. Un stupide garçon qui n'avait aucun avenir devant lui. Et quand je t'ai connue, quand j'ai connu les gens de ton milieu et que le sentiment d'injustice m'a frappé, j'ai développé une rage folle.

S'éloigner de vous était la solution la plus radicale de guérir mon trouble. 

Un jour, et je suis sûr que tu t'en souviens, tu m'as sauvé des mains de mes harceleurs. Tu m'avais tendu la main et tu m'avais demandé mon prénom. Je t'avais répondu que ce n'était pas tes nouilles et tu avais ri. Tu m'avais dit que tu t'appelais Éléa et tu avais insisté pour que je te donne mon prénom. Je voulais que tu arrêtes d'être aussi curieuse.

« Tu sais plus tard, moi, je voudrais toucher le ciel. Il est si beau. Je le trouve fantastique ! Tu trouves ça idiot, toi aussi ? » m'avais-tu lancé sur un coup de tête.

Quand j'y réfléchis, je me dis que ça ne l'était pas. Tu étais une enfant drôlement imaginative et tu n'avais pas vraiment de but dans la vie à part celui-ci. Toucher le ciel.

Pendant toute l'année, je t'avais ignorée, pensant agir de la bonne manière. Mais vite, je me suis rendu compte que je te blessais et que j'étais idiot. Et je le suis toujours.

Quand tu as quitté l'école, j'étais resté de glace. J'étais parvenu à me persuader que c'était tant mieux, que je devais m'en ficher. Ton nom, ton histoire, ton sourire... Tout était passé aux oubliettes.

Je ne me rendais pas compte de tout le bien que tu m'apportais, Éléa. T'aimer était la meilleure chose que j'ai faite de toute ma vie et ton prénom restera à jamais gravé dans ma mémoire. Sache que jamais je n'aimerai quelqu'un comme je t'ai aimée toi. Et je te le jure, quand je te rejoindra, on pourra toucher le ciel. Ensemble.

Ulysse