Chapitre 3

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Je pris enfin mes affaires dans mon casier et me dirigeai en classe. Le prof n'était pas encore arrivé. Aussi tout le monde profita de ce laps de temps pour parler. Moi bien évidemment je n'avais personne à qui parler...

A côté de moi se tenait Cassidy Connor: sublime beauté rousse et petite princesse du lycée, pourrie gâtée fille d'une mannequin internationale et d'un acteur réputé. Elle faisait des ravages auprès des garçons et rêvait de prendre dans ses filets Alec Harding. Je m'étonnais d'ailleurs qu'ils n' aient pas déjà été ensemble. Cassidy était le même genre de personne qu'Alec Harding, j'en concluais que leurs egos surdimensionnées respectifs ne pouvaient cohabiter dans un même périmètre d'air libre... D'ailleurs elle parlait encore de la nouvelle montre -la huitième en 6 mois- "incrustée de diamants et de rubis de 10 carats" que son père lui avait acheté de Dubai.

L'opulence et la profusion des marques luxueuses m'étonnais toujours autant. Chanel, Dior, Hermes , Mikimoto, Muller, Versace et j'en passe envahissaient littéralement chaque coin de ce lycée. J'éprouvais un mélange de fascination mêlé de dégoût face à cette abondance et étalage de richesse. Le professeur arriva enfin et tous allèrent à leurs places respectives.

Cassidy en passant près de moi me bouscula légèrement. Elle me lanca un regard de pur mépris avant de m'insulter. Rien d'inhabituel. Le professeur était accompagné d'une jeune fille petite, à la peau mate, de jolis yeux noirs et de sublimes cheveux d'un blond roux lui cascadant dans le dos. Il nous expliqua que cette fille était originaire des Emirates arabes et qu'elle venait terminer son année ici. Je n'écoutais pas vraiment trop occupée à observer discrètement la fille. Elle observait continuellement ses pieds et semblait absorbée par ce qu'elle voyait. Je retenus néanmoins qu'elle était la fille d'une princesse russe et d'un cheik arabe. La pauvre semblait perdu et lorsqu'elle ouvrit la bouche elle la referma aussitôt puis rougit. Des ricanements se firent entendre accentuant sa rougeur. "Pauvre fille bienvenue à Mary Haden Prestige School" me disais je en moi même. Le professeur me désigna pour guider Ayana - C'était son nom- dans ses premiers jours. Sans doute car aucun autre ne voulait s'encombrer d'une nouvelle... Ayana me regarda puis me fit un sourire timide que je lui retournais, avant de s'asseoir à une place libre et la journée se déroula normalement...

La sonnerie annonça l'heure du prochain cours. Durant l'intercours Ayana engagea la conversation.

A côté Cassidy et ses amies riaient en nous dévisageant. Je me contentais de répondre par monosyllabes. Je ne voulais qu'une éventuelle amitié avec Ayana, aussi adorable puisse elle paraître, lui fasse subir ce que j'avais vécu. Elle remarqua mon mutisme et me dit avec un sourire triste:

"-Tu sais si tu ne veux pas me parler je comprenderai parfaitement Je fus prise d'une bouffée de pitié et répondit:

-Non c'est pas ce que tu crois seulement ce ne serait pas une très bonne idée que nous soyons amies...

Et je lui expliquai tous mes déboires depuis ce fameux jour et la sorte d'anarchie qui régnait dans ce lycée. Je m'attendais à ce qu'elle s'éloigne de moi je pourrais difficilement lui en vouloir mais à ma grande surprise elle me dit:

- Tu sais je m'en fiche un peu que tout le monde soit contre toi! Si ils s'en prennent à moi je te jure que mon père ne restera pas les bras ballants! Dans mon ancienne école, poursuivit elle gênée, mes parents et leur richesse ont toujours un peu dérangé. Alors si ici c'est rempli de gosses de riche comme moi... Non crois moi ils n'oseront pas m'embêter. Je souris. Elle avait peut être raison. Avoir une amie me ferait peut être du bien...

L'heure du déjeuner arriva sur ces entrefaites. Pendant le trajet conduisant au self Ayana me parla très peu d'elle et de sa vie et ne cessait de me poser des questions à propos de ma famille et de ma vie. Sa conversation avec elle m'apaisa et me plut énormément. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu une vraie conversation avec une vraie amie. Bon cela ne faisait que près de 4h que je la connaissais mais c'était la seule qui m'avait témoigné une preuve d'amitié malgré ma réputation de paria. On s'installa à une table avec nos plateaux. Nous continuâmes à parler sous les regards inquisiteurs des autres. Au début Ayana était assez gênée et ne cessait de baisser les yeux en rougissant mais peu à peu elle réussit à passer outre les coup d'oeil malveillants. Nous devisions ainsi de la sorte quand le brouhaha incessant du self se mua en une sorte de bourdonnement confus. Je me retournais pour voir ce qui se passait et je vis à l'entrée Alec et sa bande pénétrer dans le self. Son regard parcourut longuement l'ensemble des regards éperdus d'admiration entremêlé de crainte et son regard croisa le mien. Il sourit sournoisement puis s'avança de sa démarche souple et chaloupée vers moi...

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