Chapitre 17

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La semaine est passée bien trop vite. Nous voilà déjà à vendredi après-midi. J'avais besoin de temps pour réfléchir et ça ne m'a pas franchement aidé. Je reste persuadée que c'est une très mauvaise idée et que je vais m'en mordre les doigts. Je me demande même si je serais capable de suivre le cours de yoga sans me sentir mal à l'aise.

- Vous avez fini la maquette pour le dossier Hampton ?

Je lève les yeux de mon écran pour tomber sur ceux de ma boss en train de me désapprouver. Il faut dire que je suis bloquée devant cette page depuis une bonne vingtaine de minutes.

- J'ai presque fini.

- Presque ne veut pas dire terminé. Il me le faut avant ce week-end où on risque de perdre le client.

Je soupire devant son air sévère. Mlle Madden n'est pas du genre conciliant. Avec son look de secrétaire dominatrice, coincée dans une jupe crayon hyper moulante et des talons interminables, elle fait peur à tout le monde, même aux hommes de la boîte.

- Je vous promets de vous remettre ça avant de quitter les bureaux, même si je dois rester au-delà de la fermeture.

Elle s'assoit sur le bord de mon bureau, croise les bras sur sa poitrine et me toise du regard.

- Que vous arrive-t-il en ce moment, Michelle ? Depuis mardi, je vous sens ailleurs. Vous êtes plus lente, moins concentrée. Ça ne vous ressemble pas, vous qui êtes un de nos éléments les plus productifs.

- Je... cette gastro m'a vraiment fatiguée. Je suis désolée. Je vais me rattraper.

- J'espère bien, reprend-elle, en quittant son poste d'observation. J'attends votre dossier pour dix-neuf heures, dernier délai.

Elle fait volte-face et repart aussi vite qu'elle est venue. Cette femme me fiche les jetons. C'est une carriériste aux dents longues, prête à mettre à genoux quiconque se met sur son passage. Y compris ses employés pas assez réactifs, et je crois qu'elle m'a dans le collimateur aujourd'hui.

Je reprends mes notes, tente de me remettre dans le bain, mais c'est foutrement difficile. Toute cette histoire est en train de prendre bien trop d'importance. Un an que je suis ici et c'est la première fois qu'elle me remonte les bretelles. Je ne dois pas me laisser aller, comme je l'ai fait avec Nathan. Pas question de retomber dans cette sorte de coma éveillé dans lequel j'ai vécu juste après notre rupture. Ça n'en vaut pas la peine et surtout ça ne me ferait que du mal. Alors, je dois me bouger, reprendre du poil de la bête et ne plus me laisser distraire. Même pas par un grand blond aux coups de reins magiques. J'avale le reste de café froid qui stagne dans mon thermos et me lance dans le boulot à corps perdu.

Samedi matin, j'ai avancé ma séance de footing pour pouvoir retourner à la maison afin de ma rafraichir pour le cours de Christian. Hors de question de débarquer comme la dernière fois. C'est donc vêtue d'une nouvelle tenue de sport, plus adapté à l'activité, que j'arrive à l'heure qu'il m'a indiqué. Sur place, un groupe de filles papotent, leur tapis de yoga roulé à leurs pieds.

- Bonjour.

Aucune d'elles ne semble vouloir faire attention à moi. Bon d'accord, je l'ai à peine murmuré. En fait, je n'ai pas très envie de parler avec elles. Je voulais juste me donner bonne conscience et tentant une approche.

- Salut !

Une grande blonde au look de mannequin de sous-vêtements vient de m'adresser la parole. Elle est tout sourire, mais je me méfie. Ce genre de gonzesse n'a jamais été tendre avec moi.

- Tu es la nouvelle qui est venue la semaine dernière ? enchanté, moi c'est Maxine.

Elle me tend une main amicale. Je la dévisage comme si elle avait un troisième œil qui venait de pousser au milieu du front, mais accepte son signe de paix.

- Michelle.

- Alors, comment as-tu rencontré Christian ?

Je me raidis une fraction de seconde. Assez pour attirer son attention. Son regard change et son sourire se fait plus pincé. Là, voilà la garce en embuscade qui montre le bout de son nez.

- Par une amie.

Pas vraiment un mensonge, mais je la vois tiquer et je devine qu'elle ne me croit pas du tout.

- Une amie ? et comment s'appelle-t-elle ?

Comme si elles avaient senti la chair fraîche, ses amies rappliquent pour écouter la suite de la conversation. Je me sens de plus en plus comme un malheureux rat pris dans une souricière.

- Je ne pense pas que vous la connaissiez.

- Dis toujours. J'ai un grand cercle d'amis.

- Bonjour tout le monde.

Mon cœur fait un bond en entendant la voix chaude de Christian. Je me retourne pour l'apercevoir. Aucun doute, mon corps se rappelle parfaitement de lui. Bon sang, ce que j'ai chaud tout à coup. En passant à côté de moi, il me dédie un sourire et je crois bien que j'ai soupiré.

- Il est vraiment trop chou, n'est-ce pas.

La grande blonde est revenue à la charge.

- Mais ne te fais pas d'illusions. Personne n'est capable de mettre la main sur ce spécimen. Une vraie anguille. Dès que l'une d'entre nous essaie de l'approcher, il se défile. Franchement, tu n'as aucune chance. Autant que tu le comprennes tout de suite.

Son sourire carnassier me file une désagréable sensation, comme un seau d'eau glacée qu'on m'aurait balancé à la gueule.

- Je dis ça pour ton bien. Tu as l'air d'être une fille sympa.

Je réprime ma soudaine envie de meurtre et lui sourit de la même manière.

- Ne t'inquiète pas. J'ai bien autre chose à faire que de baver sur le même morceau de viande que vous toutes.

Ses yeux s'arrondissent et elle prend un air choqué. Et oui, ma vieille, je ne suis pas la petite fille timide que tu croyais pouvoir impressionner.

- Très bien, mesdemoiselles, commençons notre cours.

Maxine s'éloigne à grandes enjambées pour rejoindre son groupe de rapaces. Elle leur chuchote quelque chose et toutes se retournent vers moi. Mon majeur me démange mais je me contente de faire quelques étirements, tout en me concentrant sur l'apollon d'en face.  

Love TherapyWhere stories live. Discover now