Chapitre 54

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Mes doigts s'enhardissent et remontent dans son dos. Ils tracent une ligne sensuelle le long de sa colonne vertébrale. Je réduis l'espace entre nous pour mieux sentir chacun de ses mouvements. Mon corps brûle de le sentir aussi près. Sa main glisse alors dans mes boucles et dégage mon cou sur lequel il dépose une pluie de baisers avant de murmurer d'une voix rauque.

- On ferait mieux d'aller s'asseoir parce que bientôt je ne répondrais plus de rien.

En écho de ses paroles sensuelles, il colle son bassin au mien et je ne peux que constater les conséquences de notre danse rapprochée. Je me racle la gorge et accepte sa proposition dans un filet de voix étranglée. On rejoint notre table et j'avale une grande gorgée de bière pour calmer mes ardeurs. Christian détaille, amusé, mes réactions. Ça lui plait de me mettre dans tous mes états. S'il savait !

- Alors, tu viens souvent ici ?

Détourner l'attention, une de mes grandes spécialités.

- Non, pas tellement. Mais je sais que c'est un endroit vraiment bien pour s'amuser. Il y a de la bonne musique et les cocktails sont à tomber. Tu devrais essayer.

Je lui souris. Je ne sais pas si c'est vraiment une bonne idée. Moi et l'alcool, on ne fait pas bon ménage. Je perds tous mes filtres et je dis tout ce qui me passe par la tête. Il ne manquerait plus que je lui avoue ce que je ressens.

- C'est vrai que c'est sympa. Je suppose que tu y viens avec tes amis.

Autant profiter de ce moment pour parler un peu. Ça m'aidera à faire baisser ma température. Sauf que ça a eu le don d'expédier la sienne au pôle Nord. Son visage est devenu plus grave et l'éclat espiègle de son regard a disparu.

- En fait pas du tout. Je... j'ai très peu d'amis. En quittant la ville il y a quelques années, j'ai coupé les ponts avec la plupart d'entre eux.

Je fronce les sourcils. Christian, un solitaire ? Je vais de surprise en surprise.

- Vraiment ? Moi qui pensais que tu croulais sous les invitations de tes potes et autres amies.

Je passe une main nerveuse dans ses cheveux.

- C'était il y a longtemps. Maintenant, je préfère me contenter de peu.

Il attrape son verre et boit une gorgée. Je crois que j'ai plombé l'ambiance. Merde. Je détourne la tête pour laisser mon regard errer sur la foule. Il ne peut pas être aussi isolé qu'il semble vouloir me faire croire. Il a tout du mec à qui tout réussit. Autant les femmes que les amitiés. Soudain, je repense à l'homme qu'il a salué quelques minutes auparavant.

- C'était qui le mec au bar ?

Il me dévisage un instant, avant de ressortir son sourire taquin.

- Le barman, se moque-t-il gentiment. Tu sais, celui qui a servi nos bières.

Je lève les yeux au ciel. Au moins, il a arrêté de se morfondre.

- Non, l'autre. Le beau gosse au look de star de cinéma.

Christian ne peut s'empêcher de s'esclaffer.

- Alors tu le trouves beau ?

Je soupire bruyamment. Il fait exprès d'éviter ma question.

- Tu vas finir par me dire comment tu le connais ?

- C'est un ami.

Au ton qu'il emploie, je comprends qu'il fait partie de son passé pas très glorieux. Pourtant ils ont l'air de toujours bien s'entendre.

- De longue date, je suppose.

- C'est l'un des seuls que j'ai encore envie de voir. James est quelqu'un de bien.

- Tout comme toi.

Les mots m'ont échappé. Mais je le pense sincèrement, malgré nos déboires et malgré cette situation instaurée entre nous. Il me gratifie d'un sourire contrit.

- Je ne suis pas aussi bien que tu ne le crois. Je te l'ai déjà dit plusieurs fois.

- Ce n'est pas ce que je ressens.

- Il y a des choses dans mon passé qui font que je serais toujours sur la corde raide. J'essaie de rectifier tout ça, mais ça me poursuit. J'aimerais vraiment ne plus avoir l'impression d'être un enfoiré. Mais certains fantômes du passé me le rappellent sans cesse.

Soudain son visage devient livide. Il fixe quelque chose dans la foule. Ou plutôt quelqu'un. Un homme dans la vingtaine, à la stature athlétique et au visage d'ange, se dirige droit vers nous. Quand il arrive à notre table, il se plante avec assurance, les mains dans les poches, un sourire enjôleur embellissant son visage déjà magnifique.

Chris ! ça fait un bail ! ça fait plaisir de constater que tu es encore vivant.    

Love TherapyWhere stories live. Discover now