Chapitre 35

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Je mentirais si je disais que je ne me sens pas comme un petit garçon à la veille de Noël. Excité. Réussir à sortir de l'hôpital, à fuir l'horrible infirmière et à se faufiler à l'extérieur a un petit côté excitant. C'est la première fois de ma vie que j'ai l'impression que de ne pas suivre les règles...C'est follement amusant.

« - Milo, où est-ce que l'on va ? »

Bien sûr, je n'ai pas le droit de dire quoi que ce soit, parce que je ne saurais même pas comment l'expliquer.

Pourquoi Roméo m'a dit de venir au lycée ?

Pourquoi faire sortir Margaux de sa chambre alors qu'elle devrait s'y reposer ?

Je n'en ai pas la moindre idée.

« - Attends, j'ai une idée. »

Je m'arrête devant elle et me baisse.

« - Monte sur mon dos.

- Quoi ?

- Monte sur mon dos, comme ça tu ne te fatigues pas.

- Je ne suis pas handicapée non plus...Je peux marcher.

- Ta ! Ta ! Ta ! On ne discute pas. Allez mademoiselle, votre carrosse est avancé.

- Tu ne pourras pas me porter jusqu'au lycée. C'est impossible.

- Ne sous-estime pas mon physique de spaghetti s'il te plaît !

- Comme tu voudras, mais tu ne viendras pas te plaindre ! »

Passant ses bras autour de moi, j'attrape ses jambes et fais un bout de chemin avec elle, sur mon dos.

Vous n'imaginez pas ce que je ressens présentement. Ce genre de petit moment rien qu'à nous, ce souvenir qui n'appartiendra qu'à nous. Toutes ces choses que j'étais loin d'imaginer pouvoir vivre...avec Margaux.

« - Tu sais Milo, il y a des choses que j'aimerais te dire.

- Ah ? Comme quoi ?

- Déjà, je voudrais te dire « merci ». Quand j'y pense, j'étais loin d'imaginer de vivre tout ça ou de pouvoir vivre tout ça...Tu sais, quand je t'ai dit que je ne voulais pas que tu éprouves des sentiments pour moi, c'est seulement parce que j'avais peur. Peur de ne pas savoir ce que moi je ressentais. Peur de ne pas pouvoir ressentir avec la même intensité que toi...Je veux dire, il y a encore quelques semaines...On était loin de tout ça toi et moi. Donc, oui, j'avais des appréhensions. Je pensais que c'était juste une sorte de jeu tordu pour toi et qu'au bout d'un moment, tu me tournerais le dos. Tu m'abandonnerais. Mais même là, tu es resté. Tu es là, malgré toutes mes tentatives pour t'effrayer ou te repousser.

- Parce que tu estimes pouvoir m'effrayer ? Pour moi aussi c'est nouveau tout ça. Tu sais, des fois on se précipite et on n'est pas vraiment sûr de ce que l'on ressent vraiment. Désir. Passion. Admiration. Amour. Tout ça, ça vous fous le cerveau et le cœur en bordel et quand j'ai eu du temps pour y penser...Pour penser à toi, je me suis dit qu'en fait avec toi j'étais « bien ». C'était comme si toutes mes peurs, mes inquiétudes, mes incertitudes s'envolaient dès que tu apparaissais dans mon champ de vision. Avec toi, je pouvais être moi. C'est idiot un peu...Je n'étais plus obligé de mentir. De porter un masque et de faire l'idiot pour avoir de l'attention. J'étais certain que quoi que je fasse...J'avais constamment la tienne et honnêtement, c'est ce qui m'a plus. Tes yeux. Ton honnêteté. Ton sourire aussi rare soit-il. Comme une sorte de tout dont on tombe amoureux. Et ça, je l'ai vu comme une chance et crois-moi quand je te dis qu'une chance comme ça...On ne la laisse pas tomber.

- Ahaha ! Monsieur est devenu un beau parleur. Mais tu as raison. Je crois que c'est ton naturel qui m'a plu. Donc pour tout ce que tu as fait pour moi...Pour ce que tu m'as permis de faire...Merci Milo.

- Tout le plaisir est pour moi »

C'est peut-être bien la première fois que Margaux s'ouvre à moi de la sorte. Je présume que nous avons eu notre lot de mésaventures nous aussi.

« - Donc, tu ne veux toujours pas me dire où est-ce que nous allons ?

- Tu n'as pas une petite idée ? On sait très bien que c'est toi l'intello entre nous deux.

- Partie comme ça, je dirais...Vers le lycée ? J'ai juste ?

- On peut dire ça, mais ne me demande pas pourquoi. Moi, je suis seulement ton moyen de transport.

- Plutôt pratique et confortable d'ailleurs !

- Ah bah je te remercie.

- De rien. Allez ! Huuu dada !

- Je me fais exploiter en plus. »

Et petit à petit, faisant notre bout de chemin ensemble, après vingt minutes de marche, nous voilà devant les grilles grandes ouvertes du lycée devant lesquelles nous attendent Roméo et Keena.

« - Vous voilà !

- Pile à l'heure ! Je suis fier de toi mec.

- On peut savoir ce qu'on fait là ?

- Venez, on va vous montrer. »

C'est ainsi que commença la plus belle de nos nuits.


Mister Fleur BleuWhere stories live. Discover now