(Fin Alternative 2/5) : dring dring

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— 15h56 / Lundi

Je regardai l'horloge de la salle de Sciences. Encore 4 minutes avant la sonnerie. Je soupirai et commençai à taper du pied sur le carrelage. Je tournai la tête vers la fenêtre à ma gauche et regarde dehors, vers la cour vide à cette heure-ci, et au dessus du mur qui sépare le lycée et la rue.  Le ciel était sombre, une sensation d'automne volant autour des bâtiments du lycée. Je scrutai la cour, ennuyée par la formation des roches, et vis une porte du bâtiment d'en face s'ouvrir. Des chanceux en sortent, ceux avec les profs sympas qui les laissent quitter les cours avant la fin. Je crois qu'un seul professeur fait ça, dans tout le lycée. Le prof d'art.

Je les vis se diriger vers la sortie, je les vois passer la porte, arriver dans la rue, sur le trottoir, se disant "au revoir", "à demain."   C'est en voyant ce groupe  d'élèves sortir que je remarque le plus petit groupe qui était déjà là. Je l'avais vu, juste pas pris en compte. Je jetai un coup d'œil vers l'horloge, il était 15h58. La cloche sonnait à 16 heures tapantes. Je commençai alors à fermer ma trousse et mon cahier pendant que le professeur nous donnait les devoirs.

Je jetai un autre coup d'œil vers le groupe de dehors. Mon cœur battit plus rapidement. Je n'en étais pas sûre mais presque. Comment est-ce qu'ils savaient ? Et qu'est-ce qu'ils faisaient là ?

Alors, quand le prof a le dos tourné vers le tableau, je sortis mon téléphone de la poche de ma veste et regardai mes notifications. Au dessus de l'image du concert de 5sos en fond d'écran étaient affichés des messages d'Instagram et de SnapChat, mais aucun SMS. Ni de Michael ou de Calum. Mais alors qu'est-ce qu'ils faisaient devant mon lycée, bordel ?

La sonnerie retentit finalement dans les couloirs et je fermai hâtivement mon sac puis le lancai sur mon épaule. Je me levai rapidement et m'apprêtai à passer derrière la personne à côté de moi mais le prof tourna son crâne chauve vers moi et me dit avec un sourire presque visible :

« Pressée, Ivy ? »

Je le fixai, attendant un ordre ou un commentaire, mais il ne fit que lancer un regard vers mon siège m'indiquant de retourner m'asseoir. Je le fis docilement et en soupirant, regardant de nouveau à l'extérieur. Ils étaient toujours là. Ils parlaient à certaines personnes, surtout des filles, bien sûr, et je souris sadiquement à l'idée qu'ils n'avaient aucune idée de qui elles étaient, mais qu'ils savaient qui, moi, j'étais. Puis une sorte de vague de panique s'échoua sur moi alors que je me rendis compte qu'ils ne savaient peut-être pas à quoi je ressemble. Calum m'a vue, mais est-ce qu'il se souvient de mon visage ? J'avais une tenue bizarre, ce jour là, en plus. Michael, Ashton et Luke, même s'il m'avait fixée lors du concert, ne savaient pas à quoi je ressemblais, ils ne savent pas qui j'étais. Ils ne savaient pas qui j'étais.

Je suis sortie de ma rêverie par le bruit de tabourets poussés; tout le monde part. Je me lèvai donc aussi, et en me dirigeant vers la sortie (peut-être aussi que j'ai poussé tout le monde, peut-être) le professeur de Sciences m'appela. Comme je suis hyper sympa et que je n'aime pas ignorer les gens, mon premier réflexe fut de me retourner vers lui et à la seconde près ou je fis ça, je le regrettai. La dernière fois que ce prof à arrêté Lucy, j'ai dû faire le chemin du retour seule car elle n'était toujours pas sortie après une demi heure. Elle m'a dit plus tard qu'il lui avait demandé si elle se droguait parce qu'elle avait (je l'admets) une tête de déterrée. Elle a dû lui expliquer qu'elle dormait mal à cause du bruit des fêtes de ses voisins, et bien sûr il ne l'a pas crue. D'ailleurs je crois qu'il en a même parlé à l'infirmière du lycée car un jeudi matin, Lucy est revenue en cours les bras remplis de brochures pour des cures de désintoxication et je crois même qu'une conversation avec ses parents s'en est suivie.

« Je ne me drogue pas, dis-je rapidement sans réfléchir.
— Hein ?
— Quoi ? »

Blanc. Après cet échange, il me lança un regard compréhensif auquel je répondis en fronçant les sourcils. Je dois partir.

« Je vais bien, Monsieur, vraiment. Par contre je dois y aller, dis-je en espérant me faire comprendre dès la première fois.

— Bien. N'oubliez jamais que c'est mieux de boiter sur le bon chemin que de courir sur la mauvaise route. »

Je le fixai et il me donne un sourira à la Maître Yoda avant de m'indiquer la porte. Je lui souris aussi faussement et marche à reculons vers cette dernière avant de courir hors de la salle. Je vis dans le couloir que Rohan, adossé au mur, m'avait attendue. Je me dépêchai d'aller vers les escaliers. Quand je passai devant lui et qu'il ouvra la bouche pour prendre la parole et dire quelque chose de, très certainement, inutile et pour son propre intérêt, je jettai ma main devant son visage et continuai mon chemin. Je l'entendis m'appeler mais j'avançai vite, et bientôt je me trouvai dans les escaliers avec comme seul bruit de fond le bruit de mes pas sur les marches.

Chatting with Calum HoodWhere stories live. Discover now