le garçon

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La pluie avait-elle cessé de tomber ? Le petit garçon ne savait pas. Pourquoi il était entré dans cette chambre. Cette pièce sentait fortement l'humidité et le sel ... Ainsi que la transpiration. Quelqu'un l'avait donc appelé ? Ou était-ce le hasard... La chambre était noyée dans une semi-obscurité guère rassurante. Une sorte de début de journée, un peu fade où le bleu du soir se bat encore contre la lumière évanescente de midi. Une forme remuait sur le lit. Celui-ci grinçait indiciblement. Non, la pluie continuait toujours de tomber. C'est comme si elle se déversait sur toute la maisonnée. Le petit garçon avait les oreilles qui bourdonnent. Et le crissement brusque de ce lit était devenu le bruit de trop.

Claire apparut sur le seuil du salon. Elle hésitait à la vue de la moquette fraîchement nettoyée. Pourtant elle ne se résolut pas à ôter ses bottines brunes. La pièce était assez modeste et relativement propre. Toutefois, une impression de rangement poussé la rebutait. Tout était étrangement trop à sa place. Des vases hautes en bois vernis, vides bien cadrées à chaque angle. Aux bibelots qui se cotoient à égales distances. La table basse en verre bien symétrique au milieu des fauteuils grenats, attirés par la force centrifuge. Et son frère qui était assoupi sur le divan. Apparemment paisible. Mais les paupières agitées. Elle restait sur le seuil. Claire était petite et mince et affectionnait beaucoup les talons hauts. Elle était légèrement plus bronzée que son frère car elle aimait beaucoup plus sortir. Son visage était rond et charmant, avec des lignes ravissantes. Elle avait les sourcils très bien dessinés, au dessus de ses yeux marrons, qui étaient particulièrement révélateurs. Un nez minuscule rebondi et une bouche avec des lèvres charnues. Sa chevelure était légère et bouclée, et tirait sur le châtain, lui tombant sur l'épaule et une frange était balayée vers le côté gauche. Son frère ouvrit un œil : « Je te vois ... ». Elle lui tournait vite le dos : « Tu as rangé ? ». Il ne répondit pas. Elle savait qu'il détestait qu'on le questionne sur des choses évidentes et qu'il avait effectivement accomplies. Une voix désintéresée ajoutait au loin : « Tu ne bosses pas aujourd'hui ? » Il répliquait de mauvaise foi avec une petite voix qui était destinée à lui-même : « Pas ce matin, cet après-midi ». Andréa a vite fait de s'occuper des creux que son corps avait modelé dans le cuir. Et repassait la surface avec sa paume humide. Un quart d'heure de répit, assez pour donner une migraine et pour faire ressurgir les choses du passé.

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Sous l'abri-bus, Andréa rencontrait Coni. Ce dernier fumait tranquillement sous le soleil accablant de l'hiver. Il lançait un regard surpris vers le nouvel arrivant. Andréa lançait un « Salut » à peine audible. Coni répondit par un simple signe de tête, il lançait la tige de cigarette par terre et mit ses mains dans ses poches. Conie est un garçon grand et mince. Il portait une chemise bleue nuit avec des manches retroussées jusqu'aux coudes, un pantalon jean sombre qui lui collait à la peau et des chaussures de sport blanches un peu usés. Il portait en bandoulière un sac gris. Le garcon avait la tête légèrement allongée. Une coupe militaire et un visage passablement rasé avec quelques poils rebelles dispersés. Il mouillait constamment ses lèvres noircies par la nicotine. Malgré qu'ils étaient dans la même classe depuis deux ans. Ils ne se parlaient pas beaucoup. Malgré qu'il attendaient le bus au même endroit. Ils n'avaient pas le temps de se lier d'amitié. Malgré qu'ils fassent le trajet ensemble la plupart du temps, ils se choisissaient des places éloignées. Le grand car arrivait. Andréa entrait le premier suivi de Coni qui se dirigeait tout de suite à l'arrière. A peine installé, Andréa sortit ses écouteurs et les enfonçait au fond de ses oreilles. Un bruit pas possible de ferrailles bourdonnait dans sa tête. Mais il ne semblait pas perturbé pour autant. Au contraire, son visage qui depuis son réveil était affecté par une douleur mystérieuse, parut plus sérein. De son côté Coni considérait longuement Andréa du regard. Il n'appréciait guère les airs hautains de ce dernier.

HumideWhere stories live. Discover now