Épilogue

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Cinq ans plus tard.

S'il n'avait pas plu autant, ils seraient déjà sur le chemin du retour. Les pavés étaient glissants et les cailloux pointus. Le ciel, encore chargé, crachait encore des fines gouttes glacées dans l'atmosphère. Le vide. Régnait en maître absolu. Pas un moindre animal. Ni d'oiseaux. Et le froid sévissait. Lisa toussait bruyamment. Son mari la narguait d'une voix monotone : « Tu aurais du mettre un manteau au lieu d'une petite veste ! ». Elle réarrangeait son foulard de soie bleue qui partait dans tous les sens. Elle fronça les sourcils d'un air méprisant. Après la première année de mariage, il ne s'occupe plus d'être galant et lui passer un vêtement chaud. Au lieu de cela, il pressait le pas devant elle, ne se souciant pas des petites jambes de sa femme. Elle scrutait le dos de son mari. Il avait bien changé depuis leur mariage. Il se voutait de plus en plus à force de se pencher sur les voitures. Il avait aussi pris du ventre vu qu'il préférait plus s'avachir devant la télé que faire du sport. Il avait aussi pris la mauvaise habitude de ne pas se raser la barbe, arguant que c'était la coupe de l'homme viril. Par contre, elle trouvait cela tout simplement repoussant. La rude montée continuait. A l'intérieur de ses bottines en daim, les pieds délicats de Lisa souffraient atrocement, mais elle se gardait de se plaindre, redoutant les remarques acerbes de son mari. Elle aurait du se renseigner sur la région avant de constituer sa garde robe. Franchement, quand les gens partent en vacances, ils vont à la plage ou en camping. Mais pas dans des endroits aussi humides et si sinistres. Mais elle ne ouïe un seul mot, serrant son minuscule poing dans sa veste en cuir noire. Tout à l'heure, au pied de la colline, son mari n'avait pas arrêté de lui reprocher sa tenue. Il trouvait la robe étroite et trop courte malgré les collants épais et les chaussettes longues. La veste en cuir, pas faite pour la situation. Et les bottines ! Oh ho ! Elle aurait voulu lui coller son poing à la figure. Mais elle se taisait. Comme toujours.

Lui par contre, avait passé deux pulls. Un bonnet gris et un cache-nez énorme qui faisait trois fois le tour de son cou. Des mèches chatains paraissaient sur les bords du bonnet. Qu'il était drôle avec cette allure. Lisa sentit qu'elle avait le nez qui coule. Un gros rhume se profilait à l'horizon, de même, elle voyait se déplacer au loin, un orage assez mobile. Elle soupira. Ils allaient rester dans le coin un bon moment si jamais la pluie venait à les surprendre. La seule chose qui pouvait effrayer son grand dadet de mari était dame pluie. Il ne pouvait regarder une averse sans avoir l'œil humide et les mains tremblantes. Il serait presque touchant. Si fragile. Au lieu de ce monstre qui marchait devant elle, se dandinant de gauche à droite. Perdue dans ses pensées. Elle ne le vit pas s'arrêter et lui rentra en plein dedans. Il se tint immobile soudainement, contemplant le reste du chemin à faire, tandis que sa femme, profitant de la situation, reprenait son souffle, se servant de lui comme bouclier contre le vent. Il y avait quand même de bons côtés à avoir un mari qui s'empâtait. Il lui prit la main tendrement, comme aux premiers jours. Et il avait une voix si claire, si sincère : « Viens, on est presque arrivés ... ». Elle se laissa entraîner. Oubliant la brûlure de ses pieds. Il était comme ça, il changeait d'humeur sans prévenir. Cela pouvait être à cause de son travail, de sa famille, des films qui passent ou même du climat. La moindre chose avait une influence sur son caractère misérable. Il avait les mains glacés. « ... Ce vampire » murmurait rageusement Lisa.

« Merci ... De ne pas m'avoir laissé tomber. » Elle n'aurait jamais cru qu'elle se serait mariée si tôt. Et avec Andréa. Elle se souvenait des détails de cette fête au lac, cinq ans plus tôt, jour pour jour. Après la nuit difficile au bord de la falaise. Elle avait eu sa conversation avec Alice et tout de suite, celle-ci était repartie à la ville avec, Andréa et Coni au volant. En se rappelant bien, Gaia et Théo avaient aussi détalé vers l'après-midi, laissant le reste du groupe en plan. Après cet événement, et les retours de son héroïsme, Lisa devint un membre actif du groupe. Et à cause de cette phrase, prononcée plus haut, durant la fameuse promesse* Elle était aux petits soins avec Andréa et même que Gaia était redevenu aussi insensible envers elle qu'auparavant. Non, ce n'était point de l'amour mais seulement ... La crainte que si elle faisait quelque chose à l'encontre de sa volonté, Andréa se tuerait aussitôt. Elle avait finalement quitté ses études en psychologie après une autre année infructueuse tandis qu'Andréa avait terminé sa licence en comptabilité pour ensuite se consacrer à sa véritable passion : les voitures. Pour le reste du groupe : Conie et Alice avaient rompu quelques semaines après le lac. Ils eurent tous les deux leurs diplômes et partirent chacun de leurs côtés. Alice avait continué ses études dans un pays étranger et Conie avait pris un stage dans une grande boîte. De l'autre côté, Tommy et Mika s'étaient fiancés six mois plus tard, ils s'étaient mis en ménage très tôt sans pour autant se marier. Edison s'était remis au sport, il enchaînait les compétitions d'athlétisme. Bennie et Marcus s'étaient alliés dans un business de production artistique, leur entreprise bien que débutante commençait à se faire un nom dans le milieu.

HumideWhere stories live. Discover now