la fille

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Lisa se retrouvait à des lieux de la foule. Complètement seule. Elle marchait dans la forêt. Le bruit de la fête s'éteignait petit à petit. Elle ne courrait pas, mais se dépêchait à son rythme. Elle avait réellement apprécié la compagnie de Gaia. Derrière sa froideur, et son silence obstiné, il avait un charme exquis. Il ne dansait pas pour s'amuser, il aimait juste le contact. Et elle s'était dit, elle pouvait bien laisser Coni tranquille désormais car elle avait, elle aussi, rencontré une nouvelle personne. La fraîcheur du petit matin la fit frissonner. Le bleu sombre du ciel s'éclaircissait, malgré la persistance de quelques nuages. Elle s'en voulut, d'être partie si loin, et sans avoir passé un autre vêtement par-dessus sa chemise de nuit. A une heure du matin, elle était rentrée au chalet escortée par Gaia. Elle était un des premiers à être revenue. Mais elle vit quand même, un garçon, en boule devant la cheminée flamboyante. « C'est Daniel ... » avait chuchoté Gaia, en lui entourant la taille de ses bras glacés. Et puis il était reparti, après avoir déposé un furtif baiser sur son front brûlant de plaisir. Elle n'avait pas réussi à s'endormir. Ressassant les événements de la journeé avec un ravissement incontrôlé. Et grâce à ce sommeil léger, elle avait entendu des bruits dans le séjour. Et elle pu constater avec étonnement, que le garçon qui s'y était assoupi, avait disparu. Elle suivait le sentier. En ramenant la fine chemise contre son ventre. Le vent soufflait. Achevant de briser des branches sèches sur son chemin. Elle continuait sa marche. Pourquoi donc elle s'intéressait à ce garçon ? Vu qu'elle l'avait méchamment utilisée à ses fins. Elle se sentait un peu responsable de lui désormais. Un peu fautive aussi. Et en plus, c'était le meilleur ami de Gaia. Il fallait améliorer un peu leurs relations. Les feuilles lui chatouillaient le visage. Elle aurait du échanger ses sandales contre des tennis, de la terre noire s'insinuait entre ses orteils.

Il était debout et ne chancelait pas, même si le vent le repoussait en arrière. Il fixait droit devant lui. Il était à un demi-mètre du vide. Le bord avait été aménagé avec du ciment caillouteux, comme pour faire office de banc pour les promeneurs. Andréa jetait un œil en bas. Une route assez large à double sens sans ligne continue. Aucune voiture ne passait encore. De l'autre côté, il y avait un champ de blé, avec les tiges qui se courbaient sous la force du vent. C'était comme un tourbillon d'herbes. L'air, comme fou, dansait à travers la plaine sombre. Il fit quelques pas encore.

Le petit garçon sortait de la chambre, les jambes lourdes. Ses petits pieds lui pesaient vraiment. Même s'il eut l'impression d'avoir refermé la porte, une peur indicible ne lui permettait de regarder en arrière. Une masse orageuse, lui martelait la tête. Autant que la pluie véritable, au dehors, avait redoublé d'intensité. Pourquoi avait-il cette douloureuse impression, que l'homme était juste à ses trousses. Que son haleine méphitique, lui embrasait la nuque. Il sentit des pas derrière lui. Une masse sombre qui se déplaçait contre le mur. Le petit garçon eut une montée d'adrénaline qui le poussait à courir. A courir. Plus vite. A puiser dans les restes de son énérgie. Il arrivait enfin à la porte, il la poussa de toutes ses forces. Le petit garçon ne bougeait plus. Des larmes ruisselaient le long de ses joues pâles. Il se retint de crier son malheur en serrant ses lèvres entre ses dents. L'averse, féroce et inhumaine, avait formé une barrière d'eau infranchissable autour de la maison. Les goutes indissociables formaient devant ses bras d'enfants des barreaux de prison. Il restait tétanisé, avec la peur qui grandissait à l'intérieur de lui. Celle d'être encore poursuivi par l'homme. Et cette eau abondante qui l'empêchait de fuir.

Il était au bord de la falaise. Il était monté sur le talus cimenté. Un moment, il vacillait encore, indécis. Puis, le bruit d'un moteur l'éveilla. Une camionette roulait à vive allure en bas. Il se tint droit, le visage décidé. Andréa ferma les yeux.

HumideWhere stories live. Discover now