XXIV.

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      Neven se réveilla avec la bouche pâteuse, il remua quelques secondes dans son lit avant de daigner ouvrir les yeux, difficilement. Il était rentré de sa séance avec Marion, il avait pris un doliprane et elle l'avait mis au lit, éreinté de sa crise.

À présent, le bouclé se sentait vide, n'ayant aucune pensée dans son esprit. Il vagabondait dans sa maison tel un zombie à la recherche de sa proie : Marion. Mais la jeune femme ne semblait pas être présente. Il fouilla dans ses armoires à la recherche de ses médicaments, mais toutes les boîtes étaient vides, ce n'arrivait en temps normal jamais. C'était le jour où il faisait une crise d'angoisse qu'il en manque. Le karma ! Il soupira. Que devait-il faire ? Il pris son téléphone et tenta d'appeler sa compagne. Il était dix-huit heures, elle était forcément rentrée du travail. Cependant, son téléphone se mit à sonner, il chercha après celui-ci et le retrouva dans le canapé. Un second soupir s'échappa de ses lèvres. Jusqu'à ce qu'il aperçoive un morceau de papier sur la table basse, sur lequel était inscrit " Je suis chez Anna, bisous, je t'aime. " avec un cœur griffonné.

— Fais chier, siffla-t-il.

Il ne savait même pas à quelle heure elle rentrait. Il avait besoin de ses médocs ! Finalement, il se brossa les dents pour enlever ce goût affreux dans sa bouche, mit une veste et sortit de chez lui, se résignant à toquer chez les voisins.

Ce fut, malheureusement, Ariel qui vint lui ouvrir la porte.

— Neven ? demanda-t-il surpris.

— Marion est là ?

Ari regarda derrière lui avant de répondre :

— Elles sont là-haut, tu veux que j'aille la chercher ? proposa le brun.

— Est-ce que t'as des dolipranes ?

— Euh ouais, je dois avoir ça.

— Alors c'est bon, lâcha Neven.

Ariel se mit sur le côté pour laisser entrer son voisin et partit lui chercher un médicament avec un verre d'eau. Le bouclé patienta un instant dans le salon, se demandant bien pourquoi les deux femmes étaient à l'étage. Enfin, il était bien plus mal à l'aise par le fait de voir le brun alors qu'il venait de parler de lui à la psy et qu'il s'était énervé à sa seule pensée. Son regard se perdit dans la pièce et tomba sur un ordinateur, dont l'écran projetait un site internet très mal réalisé. Il s'approcha pour y jeter un coup d'œil plus approfondi et se douta que c'était le site du boulot d'Ariel.

— Tiens, annonça celui-ci en tendant un verre d'une main et le médicament de l'autre.

— Merci, dit-il en se redressant.

Il avala le doliprane d'une traite avec l'eau et posa le verre sur la table.

— Dis... Commença Ariel, se grattant nerveusement l'avant-bras et les yeux détournés de lui. Je galère avec mon site, je ne sais vraiment pas m'y faire et j'ai vu que tu avais regardé, est-ce que...

— Ok, lâcha Neven en le coupant.

Il avait compris que son voisin voulait qu'il l'aide à rectifier cette horreur. Il n'avait rien à faire et créer des sites ou les embellir, c'était son domaine, il prenait réellement plaisir à faire ça.

— Merci ! s'exclama le plus vieux avec un grand sourire aux lèvres.

Ils s'assirent côte à côte, sur le sofa, et Neven prit le pc sur ses genoux. Ariel lui expliqua en quelques mots ce qui n'allait pas et ce qu'il voulait, puis le bouclé se mit à faire des manipulations pour tout changer, sous les yeux presque émerveillés de son voisin.

Au bout de quelques minutes, il sentit le regard d'Ari sur lui et cela commença à l'agacer. Il tourna son regard vers lui, les sourcils froncés et, aussitôt, le brun détourna les yeux en rougissant. Qu'est-ce qu'il avait encore, celui-là ?

— Quoi ? balança Neven, sans aucun tact.

— Rien ! C'est... C'est cool, ce que tu fais. Merci encore, lâcha Ariel, en fixant l'ordinateur.

L'informaticien expira longuement et poursuivit ce qu'il faisait sur le pc. Son site commençait à prendre forme et cela rendait bien mieux que sa vieille esthétique de départ. Il se concentra sur l'ordinateur quand des éclats de rire se firent entendre. Les deux hommes se tournèrent en même, avant de se regarder mutuellement, l'air de se dire " qu'est-ce qu'elles foutent ? ".

Cependant, leur regard resta ancré l'un dans l'autre et Neven vit Ariel se mordre la lèvre inférieure en descendant son regard sur les siennes. Il ne comprit pas tout de suite ce qu'il se passait avant qu'une idée intègre ses neurones. Est-ce que son voisin avait envie de l'embrasser ? Un frisson traversa son corps à cette pensée. Il pourrait détourner le regard et tout serait terminé, mais sa curiosité était plus forte et il garda sa tête tournée vers lui, attendant une quelconque réaction de sa part.

Son ventre se retourna quand il vit Ariel s'approcher de lui dangereusement, jaugeant son expression, tentant de discerner de l'accord sur son visage. Lorsqu'il remarqua que Neven ne bougeait et ne montrait aucune sorte de refus, il posa timidement ses lèvres sur les siennes.

Cela lui parut une éternité avant que son voisin ne se décide à bouger sa bouche contre la sienne. Ariel avait clos ses paupières pour mieux savourer, tandis que le bouclé les gardait bien ouverts. Neven fut perdu quelques secondes, ne sachant trop ce qu'il devait faire, avant de timidement lui répondre en mouvant ses lèvres contre les siennes. Son corps fut parcouru d'agréables frissons qui s'insinuaient sournoisement vers son ventre. Sa main se resserra sur le pc et il se laissa aller à cette bouche qui était tendre, douce et mal assurée sur la sienne. Cela faisait depuis si longtemps qu'il n'avait pas ressenti ses choses étranges gagner son corps et son esprit, qu'il n'avait pas laissé parler ses désirs et ses pulsions.

Un vent de panique souffla sur Neven lorsqu'il sentit une main se poser sur sa cuisse et, automatiquement, il s'éloigna d'Ariel d'un bond, manquant de faire tomber le pc au passage. Ses yeux étaient écarquillés et son corps était statufié. Ariel semblait dans le même état, au summum de la surprise, mais pour des raisons toutes autres. Le bouclé se leva, en prenant soin de reclaquer l'écran sur le pc et de le poser sur la table et partit vers la porte. Il entendit Ariel se lever et tenter de le rattraper.

— Neven, attends, je...

Il fut néanmoins coupé par Marion et Anna, qui descendaient les escaliers au même moment.

— Neven ? Qu'est-ce que tu fais là ? demanda sa compagne.

Le plus jeune vit son voisin baisser la tête et se taire.

— J'étais venu chercher un doliprane, on n'en a plus, répondit Neven, d'un ton qui se voulait le plus neutre possible.

Puis, il prit la porte, ne laissant personne répliquer.

L'embrasser, il s'en était douté. Leurs regards qui ne décrochaient plus l'un de l'autre, Ariel qui se mordait la lèvre en regardant les siennes, leur visage si proche, tout tendait vers cette option. Son cerveau avait eu assez de temps pour assimiler et accepter, il avait pu le classer dans le " non-danger " et se laisser emporter. Mais, cette main... Il ne l'avait pas vu venir, elle l'avait complètement effrayé.

Rien de rien. [BxB]Where stories live. Discover now