Rien de rien. [BxB]

XLVIII.

         Ariel était de retour dans la cuisine, pensif. Il faisait réchauffer ce qu'il avait fait préparé un peu plus tôt avec gaieté, il en était tout autre désormais. Il n'arrêtait pas de penser à sa conversation avec Neven, dans cette même pièce. Le bouclé n'avait pas démenti, quand il lui avait dit que sa crise était due aux remords. Il se sentait tellement mal, tellement coupable...

En attendant que les plats réchauffent, le brun se fit un cocktail au rhum, il en avait besoin. Il s'en fit trois différents en l'espace de quelques minutes. Ari était réputé auprès de ses amis pour savoir jouer les baristas à la perfection, il savait comme personne faire des cocktails divinement bons.

L'esprit légèrement flou, il revint avec les plats et Anna et lui servirent leurs invités tour à tour. Sa petite-amie vantait à tous ses talents de pseudo cuisinier et il se fit charrier par ses amis. Il n'osait toujours pas regarder Neven, il ne savait pas pourquoi, mais il avait peur de tomber dans ses yeux gris. Puis, Ariel le trouvait encore plus sexy avec ses lunettes, qu'il ne portait que très rarement.  Alors le regarder était un appel au rapprochement, ce qu'il ne voulait pas. Sans compter que le bouclé souhaitait tout arrêter entre eux, après avoir vécu sa crise.

Il s'assit ensuite aux côtés de Jim, qui bavardait avec Fabien et se mit à écouter leur discussion, sans grande conviction. Ses yeux dérivèrent sur Anna, qui était avec deux de ses copines et Marion. Il observa les deux jeunes femmes et Ariel pouvait constater des jeux de regards fuyants entre elles, un peu comme Neven et lui. Maintenant qu'il y pensait, elles n'avaient pas parlé ensemble une seule fois depuis le début de la soirée. Quand les voisins avaient débarqué, tous leurs amis étaient déjà là et Anna s'était contentée de leur dire bonjour avant de rejoindre ses copines attablées.

Ari fronça les sourcils, surpris de cette constatation. Il est vrai qu'ils n'avaient pas parlé des vacances d'Anna. Lorsqu'elle était revenue, tous les sujets de conversation étaient tournés vers Neven. Peut-être qu'Anna était en colère que Marion ait décidé de couper court à leur vacances ? Même si, honnêtement, Anna n'était pas du genre à bouder pour une chose aussi sérieuse.

Il reporta l'affaire à plus tard, curieux de connaître le souci.

— Ari, t'es avec nous ? sourit Jim.

Ariel se tourna vers lui et hocha la tête, il ne s'était même pas rendu compte qu'il fixait les deux femmes depuis un petit moment déjà. 

— Tu admirais ta magnifique petite femme ? le taquina son meilleur ami.

Le brun sourit et leva les yeux au ciel, il savait que Jim le faisait exprès, il parlait assez fort pour se faire entendre de Neven. Son meilleur ami était partisan de sa relation avec son voisin, alors il essayait de faire progresser la chose, même s'il s'y prenait d'une façon douteuse.

— C'est vrai qu'elle est sublime, joua-t-il dans son jeu.

— J'aurais dû jeter mon dévolu sur elle avant toi, j'ai été bête sur ce coup, lança Jim sur un ton songeur.

Ariel se retint de pouffer. Il connaissait son patron et savait pertinemment qu'Anna n'était pas du tout le genre de celui-ci. Les deux s'étaient toujours appréciés en tant qu'amis, mais n'avaient jamais rien tentés ensemble et pourtant, ils auraient pu à de nombreuses occasions. Jim n'était pas souvent en couple, d'ailleurs, Ari ne se rappelait même plus de sa dernière relation. Il aimait être seul et se complaisait ainsi. Il fallait aussi savoir que Jim était très secret sur ses relations, il n'aimait pas étalé sa vie intime.

— On sait tous que t'aime les hommes, Jimmy.

Le brun lui fit un clin d'œil et Jim lui rendit. Ils rirent ensemble alors que les autres ne comprenaient pas.

— T'es gay, Jim ? demanda Fabien.

— Non, je suis autosexuel, blagua le concerné.

Ariel fut le seul à sourire, il se rappelait encore de la longue conversation nocturne qu'ils avaient eu, lorsqu'ils étaient encore au lycée. C'était l'année des remises en question et de la prise de conscience. Jim avait dormi chez lui et ils avaient veillé toute la nuit, parlant de leurs doutes et incertitudes. Ils avaient même fait des recherches sur les orientations sexuelles. Ariel avait bien remarqué que son meilleur ami s'était attardé sur le " demisexuel ", et puis, en y réfléchissant bien, Ari trouvait que cela lui collait bien. Depuis, il le considérait comme tel, même s'il n'aimait pas mettre des gens dans des cases.

— Qui est gay ? questionna l'une des copines d'Anna, Iscianne.

— Ariel, répondit aussitôt Jim.

— Oh non, tu peux me croire là-dessus, contredit Anna avec un petit sourire en coin.

Ariel ne savait plus où se mettre. Cela l'aurait amusé, s'il n'avait pas couché avec son voisin. Maintenant, Neven allait croire qu'ils se tapaient les deux sans remords. Il osait encore moins regarder le bouclé.

— Donc ? Quelqu'un d'autre pour se dénoncer ? Que ce soit bi, pan, gay ou autres ? s'amusa Iscianne.

— Non, personne, souffla Neven, le ton las.

— Oh, dommage, répondit la jeune femme, déçue.

— Allez, vous n'allez pas me faire croire qu'ici, personne n'est autre qu'hétéro ou n'a jamais essayé avec une personne du même sexe ? balança Agnès, l'autre amie d'Anna.

Les garçons se regardèrent entre eux un instant, cherchant qui est le coupable, tandis qu'Ariel avait baissé les yeux au sol.

— Moi j'ai failli coucher avec un homme, mais ça n'a jamais concrétisé, rit Fabien.

Cette fois, Ariel souhaitait disparaître comme par enchantement. Neven allait, non seulement croire qu'il couche encore avec Anna , mais qu'il avait aussi essayé avec Fab, étant donné que son voisin lui avait déjà demandé s'il se tapait Fabien.

Ariel porta son verre de cocktail aux lèvres, buvant de l'alcool pour lui faire oublier ce qu'il avait commis, ne s'attendant pas à ce qui allait s'en suivre :

—Je vais vous apprendre un truc les gars, si un jour vous avez l'occasion avec un autre mec, foncez. D'après un pote gay, y'a rien de mieux que la sodo et le point P, leur lança-t-elle avec un sourire entendu de tous.

Le brun recracha le liquide de sa bouche, surpris au possible par ce qu'avait dit Agnès, tandis que les autres s'esclaffer en demandant des précisions.

— Ariel, on essaie ensemble ? lança Aurélien, taquin.

Décidément, ce n'était pas sa soirée. Tout le monde s'en prenait à lui, comme s'ils savaient ce qu'il avait fait avec son voisin et qu'ils le punissaient pour ça. Au final, il avait voulu s'amuser un peu, en titillant Neven à l'aide de Jim, mais tous s'y étaient mis inconsciemment.

— Je me casse, grogna Neven en se levant soudainement de la table.

Personne n'eut le temps de le retenir, tous bouche-bées par cette sortie inopinée. Seul Ariel put comprendre et étonnement, il en ressentit une certaine satisfaction.

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Je me suis tellement amusée à écrire ce chapitre :

De une, parce que c'est un gros bordel dans le dialogue, mais je trouvais que ça aurait vraiment pu se passer dans la réalité. Des fois, on a l'impression que c'est le sort qui s'acharne sur nous, mais d'autre fois, ce n'est pas une impression. x)

De deux, parce que vous n'avez aucune réaction de Neven, étant donné qu'Ariel a décidé de ne pas le regarder une seule fois, mais vous pouvez aisément deviné ses pensées, ses émotions, son ressenti et encore plus avec la fin de chapitre. x)

De trois, j'ai glissé quelques infos sur une chose, héhé.

De quatre, j'ai enfin réussi à parler de Jimmy chéri <3 

Et de cinq.... Bah c'est toujours autant un plaisir d'écrire cette histoire, qui me passionne toujours autant, presque un an plus tard et surtout, de voir les messages et les commentaires que vous laissez <3 Mille mercis !

P.S : Oui, cette fiction aura 1 an le 6 décembre, omg ! J'en reviens pas.