Jeux d'enfants Tome 1: Cache-cache (en pause)

PROLOGUE

Un nouvel emploi est toujours source d'émotions : le soulagement, après plusieurs mois de recherches infructueuses. L'excitation, de retrouver le chemin de la vie active. L'appréhension, de découvrir un nouvel environnement et de nouveaux collègues. La peur, de ne pas réussir à s'intégrer ou de ne pas être à la hauteur du travail. On a beau mûrir, être plus à l'aise face à l'inconnu avec l'âge et l'expérience, le premier jour est toujours l'étape tant redoutée.

Après deux rencontres concluantes avec la direction, j'intègre aujourd'hui la cellule Grand Export d'une entreprise spécialisée dans la décoration d'intérieur de luxe. Ils recherchaient un chargé de clientèle trilingue en français, anglais et espagnol. C'était pour moi l'opportunité parfaite. Le job parfait.

Et je l'ai eu !

Je suis natif des Etats-Unis mais mes origines mexicaines ont joué en ma faveur. Mes études de commerce international également. Quant au français, c'est grâce à Olivier, mon compagnon depuis dix ans, que je le maîtrise. Et la cerise sur le gâteau, ma passion pour la déco. Lors de l'entretien, je me suis montré persuasif, décrivant mon background assez atypique en tant qu'assistant commercial, je les au charmés avec un peu de bla bla sur mes connaissances en matière de tendances déco actuelles et, hop, le tour était joué.

Sauf qu'aujourd'hui, le jour J est arrivé.

Karen, ma nouvelle manager, me guide à travers les couloirs du service. Mon cœur palpite et refait vivre cette petite flamme. Parce que je vis cet instant pour moi. Depuis notre arrivée en France, je me sentais comme un parasite. Comme une ombre planant autour de celle d'Olivier.

Il avait réussi, lui.

Quant à moi, je me cherchais encore.

Cette situation commençait à me peser. Les jours passaient, mes réponses aux annonces s'accumulaient. J'attendais. J'ouvrais ma boîte mail tous les jours. J'accusais les refus, ma frustration devenant un poids de plus en plus lourd à porter. J'attendais encore. Je retapais la maison sur laquelle nous avions tous les deux eu un coup de cœur. J'avais au moins ce projet pour m'occuper.

Un appel était finalement arrivé.

Aujourd'hui, je suis stressé stressé mais fier.

Je trépigne d'impatience.

Je suis à quelques secondes à peine de rencontrer l'équipe avec laquelle je vais passer huit heures de mes journées. Un homme catapulté dans un monde de femmes. Juste avant de franchir le pas, je prie intérieurement pour ne pas tomber sur une bande de pimbêches qui ne pensent qu'à se crêper le chignon ou, au contraire, sur des coincées qui me feront mourir d'ennui.

La porte s'ouvre et deux visages se tournent instantanément vers Karen et moi. Leurs yeux s'illuminent, et leurs lèvres se retroussent en un sourire radieux. Ça ne pouvait être que bon signe. La manager les avait prévenues de l'arrivée d'une nouvelle personne mais, à en croire leurs regards, je suppos qu'elles ne s'attendaient pas à voir débarquer un homme.

— Les filles, je vous présente Jésus Cristobal Vasquez.

— Ça se dit Rezouss, je l'interromps timidement en insistant sur la prononciation à l'espagnol. Désolée, je... je ne voulais pas me montrer impoli. Vous pouvez m'appeler JC, c'est plus simple, si vous préférez.

— Donc, les filles, voici JC qui reprend le poste de Déborah, reprend Karen.

— Bonjour.

— Bonjour, me répondent-elles en cœur.

— Bienvenue, JC, ajoute l'une d'elles en se levant.

Le sourire collé aux lèvres, j'essaie de me montrer le plus courtois possible et présente ma main à la jeune femme debout. Mais elle se penche vers moi et colle deux bises sur mes joues sans que je ne puisse réagir. Ah oui, j'avais oublié que nous étions en France ! Et qui plus est, dans le Nord de la France. Ici, les gens se font des bisous sur la joue pour un oui ou pour un non !