CHAPITRE 5 (T.1)

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Mon cerveau un peu trop alcoolisé doit sûrement me jouer des tours. Je tangue légèrement et prends appui sur le lampadaire juste à côté de moi pour me soutenir. J'ai la tête qui tourne. J'ai du mal à réaliser qu'il soit venu, qu'il est là, juste devant moi. Qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi je l'ai appelé ? Je me demande si je rêve ou si c'est la réalité.

"JC, monte dans la voiture, tu vas attraper la mort !"

Je secoue la tête et me penche un peu plus vers la voiture en m'accoudant sur le rebord de la fenêtre ouverte.

"J'ai ma moto, juste... là, dis-je en montrant du doigt le parking juste en face de la rue.

- T'es trop bourré pour conduire. C'est pas sérieux, grimpe !

- C'est le p'tit jeune qui me fait la morale !

- Oui, mais c'est toi qui as appelé le p'tit jeune à l'aide. Allez, il pleut à verse, il caille et j'ai envie de rentrer !

- Mais je vais pas laisser ma moto toute seule !" je me lamente tel un gamin qui refuse d'abandonner son doudou.

Cette bécane c'est mon bébé. Même si, ce soir, l'idée de m'en séparer m'a traversé l'esprit histoire de contredire Olivier. Ça me fait chier qu'il ait au moins raison sur ce point-là. Je voudrais bien l'envoyer valser, lui dire que je n'en ai rien à faire de son cadeau, mais je n'y arrive pas. Cette moto, c'est une pure merveille et c'est exactement celle dont je rêvais depuis des années ! Je me sens coupable et les mots d'Olivier me font tourner la tête. Je ne sais plus quoi penser. Est-ce que je profite de lui ? Est-ce que, au fond, je ne suis pas un peu ingrat ? Il bosse comme un taré, il ne m'a quasiment jamais rien refusé, il me laisse toute la liberté dont j'ai besoin, je ne manque de rien, on a une belle vie tous les deux, je ne peux pas le nier. Mais non ! Ce soir, il s'est réellement comporté comme un con. Je ne peux pas tout lui pardonner. Il a beau être le petit-ami parfait en apparence, il est allé trop loin.

"Merde, JC, combien de fois je vais te demander de monter dans cette fichue voiture !

- Je... oui... non... "

J'ai comme une envie de vomir qui arrive à vitesse grand V tellement ça fuse dans mon cerveau. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Partir avec lui ou rester ? Reprendre ma moto et rentrer ?

"Raaah, tu m'emmerdes !" explose Valentin en reprenant position devant le volant.

Il s'installe correctement et trifouille quelques boutons sur le tableau de bord. La fenêtre commence à se relever doucement alors qu'il me défie du regard. Mes bras, croisés sur le rebord, se soulèvent au rythme de la vitre et se retrouvent bientôt coincés. Mes réflexes ne sont plus très vifs, mais j'arrive à m'extirper de justesse. Le moteur tourne encore. A travers la vitre, je vois Valentin enclencher une vitesse et je réalise qu'il est réellement sur le point de partir en me laissant sur le trottoir.

"What the... Ok, ok !" je réagis instantanément en ouvrant la portière.

Je m'assois, ou plutôt, je m'affale sur le siège passager. Pour la grâce et la délicatesse on repassera. J'ai vraiment l'air d'un ivrogne et j'ai honte. J'attends qu'il démarre en me concentrant sur ma respiration pour ne pas être malade. J'ai toujours le cœur qui tourne. Je sens du coin de l'oeil son regard posé sur moi mais je n'ose pas tourner la tête vers lui. Je panique un peu, ne sachant pas quoi lui dire. Je reste figé, les yeux perdus dans le vide.

"Ceinture peut-être !

- Euh... ouais !"

Soudain, je réalise que c'est ce qu'il attendait. Mon cerveau marche à toute allure et je me fais des films pour rien. J'attrape la ceinture et la déroule pour l'attacher sauf que je ne parviens pas à entrer la boucle dans le trou de sécurité. J'essaie à plusieurs reprises mais la boucle glisse. Je m'emporte et marmonne des "fuck" à tout va. Je suis en galère totale, j'ai l'air d'un abruti fini et Valentin explose de rire.

Jeux d'enfants Tome 1: Cache-cache (en pause)Where stories live. Discover now