Chapitre 14

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Cette discussion avait complètement perturbé Astoria, autant à cause du contenu que de la tournure des événements. L'Aor yfir, dont elle connaissait enfin le nom de famille, à défaut de son prénom, l'avait laissée mal à l'aise. Il était parti comme si de rien n'était, servant son éternel sourire agaçant même si ses yeux montraient qu'il pensait à autre chose, autrement plus sérieux. Elle se sentait complètement idiote d'avoir réagi comme ça juste parce qu'elle avait failli se casser la figure sur lui.

Sa fichue fierté l'avait poussée à se retenir de tomber tout en se ridiculisant quand même, en plus d'attirer l'attention de sa mère. Enfin, elle n'aurait pas vu cette scène, que rien qu'à la vue de l'Aor yfir elle aurait imaginé des choses. Pour couronner le tout, il avait fallu qu'elle le couvre de bière aussi. Elle se sentait vraiment mal.

Aussitôt après son départ, sa mère s'était retournée vers elle avec un regard suspicieux et une moue d'adolescente de quinze ans qui avait l'air de dire « tu m'as caché quelque chose ». Il fallait bien qu'Amélie tienne son caractère de quelqu'un. Les questions allaient affluer maintenant et seraient instopables. Vive les mamans ! 

— Alors tu ne m'avais pas dit que tu en pinçais pour ton aor yfir !

— Euh mam's... calme ta joie ! Je ne vois pas de quoi tu parles... grimaça Tori.

— Arrête ça crève les yeux ! En plus, tu as vu comment tu lui parles et il ne te dit rien ! Pareil pour la bière, il n'a pas fait de réflexion désobligeante...

Sa mère avait les yeux brillants, elle avait la fichue habitude de vouloir la caser... c'était incompréhensible pour elle qu'elle ne soit jamais sortie avec quelqu'un alors elle faisait tout pour lui faire rencontrer des gens. D'après elle, elle avait tout pour plaire.

Sincèrement, la jeune femme n'avait pas la tête à ça ! Elle se contenta de lever les yeux au ciel pour éviter d'embrayer sur d'autres questions... ou de prolonger la discussion. De toute façon elle savait que rien n'arrêterait le flot de paroles.

— Allez, avoue qu'il te plaît quand même ! Il est pas mal en plus... reprit sournoisement sa mère.

— Maman !

— Ben quoi ! Il est grand, beau gosse... beau cul belle gueule comme on disait à mon époque.

— Depuis quand tu mates les fesses des hommes plus jeunes que toi ? Je vais p'tet appeler papa moi... la taquina sa fille.

La femme rigola. Son rire secoua ses minces épaules et sembla évacuer toute la fatigue qui fermait un peu son visage. Mine de rien, le travail à l'hôpital et le long voyage en avion l'avaient plus atteint qu'elle ne voulait le laisser paraitre.

— Tu veux dormir un peu ? Sinon on peut aller se balader un peu... que tu vois mon chez-moi !

— Je vais dormir un peu, après on ira marcher... disons vers dix-huit heures.

Elles se mirent d'accord, puis Astoria décida d'appeler son boss, voir comment ça allait se passer. Elle sortit s'installer au Starbucks, laissant sa mère en paix, et appela Terence. Elle était un peu nerveuse et triturait sa pauvre paille de ses mains, laissant ses cheveux tranquilles. Depuis qu'elle avait eu son job au bar, elle n'avait pas été très présente. C'était sûr qu'il allait la mettre à la porte. Elle faillit s'étouffer quand l'homme décrocha son téléphone, dès la première sonnerie. Par automatisme son corps se tendit, alors que la voix au combiné était chaleureuse.

— Hey what's up ? Je t'ai vu partir en courant ce matin !

— Hein ? Où ?

La seule fois où elle était partie en courant dans la journée était après la cérémonie. Soudain une connexion se fit dans son cerveau qui peinait à garder le rythme.

Le Sceau (tome 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant