Chapitre 44

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La révélation fut rude, elle la choqua, beaucoup plus qu'elle n'aurait cru. La voix de l'aor yfir était devenue terriblement basse, comme s'il énonçait un lourd secret. 

Elle ne s'attendait pas à ça et eut un mouvement de recul, regardant l'homme qui venait de pleurer devant elle avant de lui dire ça. Les émotions changeaient à une vitesse pas possible entre eux. Il avait bien choisi le moment pour lui lancer une bombe pareille, il aurait pu prévenir avant de lâcher une bombe pareille, ou du moins préparer le terrain.

Elle eut très chaud tout d'un coup, elle avait besoin d'air, d'espace. Une seule phrase avait encore un sens dans sa tête, et c'était plutôt pas mal parce que c'était la seule qui tournait en boucle dans ses cellules grises : " qu'est-ce que j'ai fait ?".

Elle laissa un blanc planer à nouveau avant de demander quelque chose qui n'avait aucun rapport :

- Ils sont où Waldo et Remi ?

- Rentrés dans la meute, on avait besoin d'eux là-bas, on part demain matin.

La proximité avec Zion devenait tout à coup gênante pour Tori. Elle ne savait plus très bien comment se comporter. Elle aurait dû poser des questions intelligentes, c'était le moment où jamais, mais elle était trop perturbée. Elle savait bien qu'après ça risquait d'être compliqué à aborder à nouveau comme sujet. Mais elle ne pouvait vraiment pas, elle devait prendre de la distance.

- Je vais à la chambre, laisse-moi un peu seule s'il te plait ...

Elle se dirigea vers la maison principale, ses mains tremblant convulsivement. Elle pouvait sentir ses doigts tressauter sur ses bras qu'elle avait croisés. Elle sentait peser dans son dos le regard de Zion mais elle se fit violence pour ne pas se retourner et observer comment il la regardait. Elle se demandait s'il était triste de sa réaction, en colère, perdu. Elle ne savait plus que penser à vrai dire. 

La bâtisse lui fit bientôt face, elle grouillait de monde à l'intérieur qui entraient et sortaient. Ça ne l'arrangeait pas beaucoup, elle avait besoin d'air, de solitude. Avisant la femme qui était venue la chercher dans l'après midi pour le repas, elle lui demanda si elle pouvait aller dans sa chambre. Cette dernière, toute fébrile, lui dit qu'il n'y avait pas de souci, elle avait besoin de repos mais que dans une heure, un invité d'importance allait arriver et qu'elle devait être présente ainsi que son aor yfir.

Tout le monde s'affairait tel des abeilles dans une ruches pour que tout soit prêt à temps. Tori se demandait bien qui pouvait venir pour provoquer une telle agitation.

La métamorphe l'interrompit dans sa contemplation en lui précisant qu'elle avait une tenue sur son lit, il y en avait aussi une pour Zion.

Elle se dirigea donc vers la chambre qui leur avait été attribuée, voulant s'attribuer quelque temps de répit avant de prévenir son aor yfir.

La française devait admettre que s'éloigner ne changeait pas grand-chose, même de là elle sentait la présence de Zion derrière elle. Son acte les avait rapprochés pour de vrai, pas de problème là-dessus, dans tous les sens du terme ! Elle le comprenait mieux, mais elle le sentait tout le temps partout, c'était embêtant. Elle avait l'impression qu'elle n'avait plus vraiment d'intimité.

Elle s'affala sur le lit en étoile de mer, en tournant la tête elle vit deux masses sombres qui contrastaient avec les draps blancs. En se redressant un peu elle comprit que c'était leurs vêtements pour la soirée. Elle les poussa et se ralongea. Ses yeux fixaient le plafond sans vraiment le voir. Elle laissa une larme couler, puis deux, jusqu'à ce que sa frustration, sa peur et ses émotions se soient écoulées.

Derrière la porte l'aor yfir était adossé au mur. On lui avait dit qu'il devait aller se préparer pour le dîner, mais il ne souhaitait pas déranger Tori qui lui avait demandé de lui laisser de l'air. Il avait la tête appuyée sur le mur immaculé, ses cheveux jetés en arrière formaient un petit coussin tandis que quelques mèches rebelles s'acharnaient à retomber devant ses yeux ou sur son front. Il regardait ses mains avec appréhension, se disant que sous sa peau, dans ses veines, le sang de sa newbie s'était mêlé au sien, les liant d'une quelconque manière pour toujours quoi qu'ils fassent. Il n'avait jamais envisagé que cela puisse arriver, voyant comment sa famille avait volé en éclats il s'était promis de ne pas se lier. Plus un lien est fort, plus le briser faisait mal.

Le Sceau (tome 1 et 2)Where stories live. Discover now