Chapitre I : Enfance dans les montagnes

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Je suis née là-bas, dans les Alpes, dans un village appelé Le Charvey. Nous sommes en 1890. C'était un jour d'hivers peu avant Noël. La neige était tombée en abondance pendant deux jours. Tout était blanc aux alentours, tous les sons étaient étouffés par ce manteau blanc. Le soleil était revenu, mais le froid persistait. A cette époque encore, les maris n'assistaient pas à l'accouchement. Ainsi mon père était sorti. Il aimait ce temps : le froid lui mordait le visage, le soleil adoucissait cette sensation.

Alors qu'il contemplait son pays, il vit au loin une femme sortir de la maison, courir vers lui et crier à plein poumon : « C'est une fille !! ». Laissant là ses montagnes et ses rêveries il revint chez lui et, s'approchant de sa femme il lui déposa un doux baiser sur son front. Puis la sage-femme déposa dans ses bras un tout petit poupon qui n'était autre que moi. « Tu t'appelleras Élisabeth ».

Le lendemain de bonne heure, on me baptisa dans l'église du village. Seul mon père m'accompagnait, ma mère étant encore alitée. Ils avaient choisi pour parrain le frère de mon père. La marraine était la femme du maire du village.

J'étais l'aînée de 5 enfants. Sébastien est né l'année suivante. En 1895 sont nées les jumelles Angelina et Célestine. Et au commencement du XXème siècle, est née la dernière de la famille Anne.

J'ai vécu une enfance des plus normales pour les gens du pays. Mes parents tenaient un élevage de moutons ce qui était classique dans les Alpes. Nous avions aussi deux vaches, une petite ferme mais qui fonctionnait bien ; nous n'avions pas à nous plaindre. J'aidais ma mère dans ses activités. Elle m'apprit donc comment on faisait du fromage, du beurre. Mais elle m'apprit aussi comment tenir une maison : la cuisine, le ménage, la couture. Elle m'éduqua du mieux qu'elle put, intellectuellement et religieusement mais contrairement à toute la famille, je ne croyais pas en Dieu.

J'étais une déception pour ma mère. Non seulement je ne croyais pas mais je ne voulais pas me marier. J'avais 18 ans et je ne voyais pas l'utilité de cela. J'aimais la liberté, et il me semblait que le mariage était une entrave à cette liberté que je chérissais tant. Pourtant j'étais amoureuse, et du plus merveilleux des hommes. Je savais que mon bonheur dépendait de lui mais cela ne me persuadait à me marier. Je voulait faire carrière à l'égale des hommes et la charge d'une famille m'en aurait empêché. Il faut dire que j'avais déjà obtenu mon baccalauréat car mon parrain estimait que même un femme devait s'instruire ne serait-ce que pour avoir de la discussion avec son mari. Il était encore rare à l'époque qu'une jeune fille passe le baccalauréat et c'est ainsi que j'ai pris le goût des études.


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Bonjour tout le monde !
Voilà le premier chapitre, un peu court mais je vais repasser dessus cet été quand j'aurais plus de temps !
Le prochain chapitre ce sera donc début juin !
Kiss 😙

Le Paradis PerduWhere stories live. Discover now