Le réfectoire

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Le réfectoire est une grande pièce rectangulaire ou sont rangées des tables de formica jaune pâle rappelant la couleur crème des murs. Quatre grandes fenêtres imposantes verticales laissent passer la lumière. Sur les côtés sont alignés des casiers de bois vernis. Au sol des dalles de plastique rectangulaire accusent encore un peu plus la rectiligne .Seul, pour rompre avec la monotonie et la rigueur de ce décor, un tableau qui représente un paysage de montagne avec des sapins verts. En silence nous attendons, car venant du petit couloire sombre de l'administration madame la directrice va venir .Il est 12 h quand grince la poignée de la porte du bureau, c'est alors que je ne respire plus .La petite fille qui me tient la main s'est elle aussi immobilisée. Puis comme pour donner le rythme du temps, la rigueur des talons aiguilles frappent et raisonnent. Remontant le rang de ses petits soldats bien sages madame Point donne quelques gestes d'amour : elle caresse quelques têtes, envoient des sourires. Puis s'immobilisant devant la double porte vitrée opaques du réfectoire, elle nous dit ... bonjour les enfants... Nous répondons tous en cœur comme on nous l'a demandé ....bonjour madame la directrice....enfin arrive le moment de rentrer en silence. Mais très vite ce sont les bruits fracassant des chaises aux pieds métalliques qui raisonnent, me voilà entrainé dans ce nouveau champ de bataille. Il me faut trouver mon casier pour prendre ma serviette de table dans son petit rond de bois. Ils sont tous pareille, je navigue de droite à gauche, pour finir une main énergique me guide à ma serviette. Mais le combat n'est pas fini ou est ma chaise. Dans ce bruit je cherche un autre monde, mes yeux regardent mais ne voit plus ces bras et ces tètes qui se bousculent. Immobile mon regard se fige sur le tableau du mur je parts dans mes rêves. Je devine dans cet horizon de fraicheur l'air qui caresse ma joue, je suis l'oiseau dans le sapin vert, je suis loin très loin. Oui même les bruits s'estompent plus de violence dans ma tête. Une clochette me ramène sur le plancher du réfectoire et de nouveau une main énergique me guide à ma chaise. C'est le moment de la prière. Le silence est revenu dans le réfectoire qui est rempli de grands et de petit, bien à leur place respective. Madame la directrice c'est levé, elle va commencer le nôtre père suivit par les plus grand. Les petits nous nous tenons par la main, le regard baissé sur notre assiette comme on nous l'a demandé. Dans un silence absolu nous écoutons cette prière qui ronronne dans la salle. Puis vient le repas simple du midi qui nous est servi par les plus grands. Alors c'est le bruit agaçant des couverts dans les assiettes je n'ai pas faim, mon dos c'est arrondi j'ai baissé mes épaules, mes mains sur les genoux, la tête en arrière, je regarde le ciel par la fenêtre. C'est pour moi le plus beau ciel de la liberté car cette fenêtre donne sur la cour de l'entrée de l'orphelinat et je sais que c'est par la que se trouve le chemin de la ferme de ma nourrisse. Un instant je me vois sortir partir, mais non trop tard ....il faut manger petit frère.... me dit une douce voix. Puis me mettant sur ses genoux il me donna à manger quelques cuillères. Mais le temps du repas est fini et je n'ai jamais revu mon frère . Dans un rituel bien minuté nous nous mettons en rang dans le couloir, c'est l'heure de la sieste. 

Les pissenlitsWhere stories live. Discover now