La disparition du jambonneau

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Dédé et Pivoine se regardèrent, leurs visages déformés par l'horreur. Puis, en même temps, ils commencèrent à courir partout dans la chambre en criant et en agitant les bras. La scène était assez ridicule. Pivoine fut la première à se ressaisir. Elle se planta devant Dédé et déclara :

-Il faut se calmer. Nous devons retrouver Vladimir. Il doit bien être quelque part, sous un jouet !

Les deux amis fouillèrent la chambre de fond en comble. Mais toujours aucune trace du porcelet. Pivoine, découragée, s'allongea parterre. Elle aimait bien s'allonger parterre quand elle était découragée. Face à elle se trouvait la porte de la salle. Porte qui était grande ouverte. Miséricorde.

-Dédé ! C'est terrible, nous avons oublié de fermer la porte ! Vladimir s'est enfui !

-Pivoine, tu n'as pas besoin de crier, je suis juste à côté de toi, fit remarquer son compagnon.

La jeune fille était scandalisée. L'animal pouvait être n'importe où. De plus, la demeure de Mme Ragondin était connue pour être la plus grande de la ville. Les couloirs s'étendaient à perte de vue et les jardins étaient aussi vastes que six terrains de foot réunis. Vladimir était une aiguille dans la botte de foin qu'était cette villa.

Notre jeune porceletsitter s'apprêtait à franchir la porte quand Dédé l'arrêta du son de sa voix :

-Attends, Pivoine. A-t-on le droit de sortir de la chambre pour errer dans la maison ?

-Je ne sais pas. Mme Ragondin n'a rien dit à ce sujet.

Soudain, Pivoine aperçu une sable. Sur cette table, il y avait un bol. Dans ce bol, il y avait un bout de papier. Sur ce bout de papier, il était écrit :

"Vous n'avez pas le droit de sortir de la chambre. Signé : Ludivine Ragondin."

-Bah au moins, c'est clair, constata Dédé. Bon bah on va attendre sagement que Vladimir revienne...

-Non ! s'exclama Pivoine. Nous allons... désobéir aux ordres !

Le garçon parut choqué par l'audace de son amie. Désobéir ? Ils n'avaient jamais désobéi ! Ils étaient bien trop banals et ordinaires pour avoir eu l'occasion d'enfreindre les règles. Ils n'allaient tout de même pas commencer ce soir-là et ainsi vivre la plus belle aventure de leur vie, n'est-ce pas ?

Pivoine franchit courageusement le seuil de la porte. Elle était désormais ce que l'on appelait en anglais une thug. Elle fixa Dédé avec un air de défi. Celui-ci hésitait. Si il la suivait, il ne toucherait probablement pas les francs promis... Mais d'un autre côté, si la maîtresse des lieux venait à découvrir que son adorable protégé avait disparu, l'argent ne serait pas à lui non plus. Et puis, il était le meilleur ami de Pivoine : il se devait de la soutenir dans tout ce qu'elle entreprenait. Y compris sa décision de mener une thug life. Alors, prenant son courage à deux mains, il franchit la porte. Le spectacle fut tellement éprouvant que Pivoine applaudit et Dédé versa des larmes d'émotions.

-Bon, on va où ? demanda la jeune fille après cette scène aussi émouvante.

Les deux amis décidèrent d'un commun accord d'aller vérifier la salle d'à côté, car la porte était entrouverte. A l'intérieur, il faisait très noir et très froid. Il y planait une odeur légèrement écœurante. Pivoine chercha l'interrupteur à tâtons. Quand elle posa enfin ses mains dessus, elle poussa le bouton, et la lumière fut... Une fois leurs capacités visuelles retrouvées, ils découvrirent, horrifiés, quel était ce lieu frigorifiant. C'était une chambre froide.

Des cuisses de porc, de bœuf, d'agneau et d'animaux non identifiés pendaient du plafond. Ce devait être là que le boucher personnel de Mme Ragondin entreposait les viandes des grands repas. Juste à côté de la chambre de son porcelet de compagnie.

Pivoine et Dédé étaient d'accord : Vladimir n'était certainement pas ici. Ils sortirent à reculons et partirent à la recherche d'une autre porte ouverte.


La fête très très bourgeoise de Madame RagondinWhere stories live. Discover now