Invités extravagants

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Pendant ce temps là, Marie-Maxime contait ses péripéties ennuyeuses à Clotaire, qui l'écoutait d'une oreille distraite, sans se douter un seul instant du chaos qui régnait dans les couloirs de la villa. Au bout d'un moment, le barman, qui n'était pas de nature très aimable, se trouva contraint de chasser la jeune femme de la salle. Celle-ci se retrouva alors dans le grand hall plus peuplé cette fois-ci, au milieu de tous les bourgeois. Elle se cogna à un grands jeune homme blond à l'air snob, qui se tenait à côté d'une femme qui lui ressemblait énormément. Il la gratifia d'un regard méprisant et continua son chemin, abordant une démarche soignée. Mais Marie-Maxime, dont la compagnie manquait fortement depuis ses adieux pas très déchirants avec Clotaire, se jeta sur les deux nouveaux venus afin de faire connaissance. Elle se plaça devant eux pour les arrêter dans leur marche et le jeune homme se cogna à nouveau contre elle. Il commença à s'énerver :

-Bon sang de bon soir ! Faites plus attention, petite écervelée !

Ignorant la remarque désobligeante de son interlocuteur, Marie-Maxime entama la conversation :

-Bonjour les gens ! Je suis Marie-Maxime et je vis ici ! Et vooooooouu... 

Elle laissa sa phrase en suspens, reconnaissant les deux personnes face à elle. Il s'agissait de Brosséliante et Privilège Ragondin, les enfants très snobs de Mme Ragondin. Ils étaient réputés pour prendre tout le monde de haut, et se considéraient bien supérieurs à toute cette bourgeoisie présente. Leur haute estime de soi leur valait un regard mauvais de tous les habitants de la ville. Ils étaient jumeaux, et ne se quittaient jamais, sauf pour aller au toilettes. Privilège, irrité par la maladresse de Marie-Maxime, la foudroya du regard. Il entonna de sa voix grave :

-Que fait cette fille banale et ordinaire à la fête très très bourgeoise de Mère ? Brosséliante, appelle la sécurité !

Sa sœur sortit un talkie-walkie de sa sacoche à paillette et le porta à sa bouche. Marie-Maxime, de peur que Mme Ragondin découvre qu'elle n'était pas à son poste, cria :

-Non, arrêtez !

Puis, d'un geste de la main, elle fit valser le talkie-walkie à l'autre bout de la salle de réception. Bouche-bée, Brosséliante fixa Marie-Maxime d'un air dégouté.

-Mon talkie-walkie ! se plaignit-elle. Comment je vais faire pour jouer aux espions maintenant !

Ignorant la remarque puérile de sa sœur, Privilège se retourna vers l'intrue rebelle et la gratifia d'un regard agacé. Triomphante, celle-ci déclara clairement :

-J'ai le droit d'être ici, Mme Ragondin m'a invité !

Elle tira de sa poche (même si elle porte une robe) la fameuse invitation dorée et la passa devant les yeux des jumeaux très rapidement pour ne pas qu'ils voient qu'elle était adressée à Pivoine. Le fils Ragondin resta planté, les lèvres pincées, avant de partir, son ego blessé. Il fut suivi de Brosséliante pleurant la mort de son gadget favori. Une fois les deux peste disparues, Marie-Maxime poussa un soupir de soulagement. Elle l'avait échappée belle. Elle se dit qu'il serait plus sage de les éviter pendant le reste de la soirée.

Elle se balada un peu, goûtant les cupcakes du buffet et la fontaine de chocolat, à la recherche d'un invité sympathique, même si il semblait en manquer dans cette fête. Soudain, son moral remonta lorsqu'elle aperçut le maire de la ville, Monsieur Lemaire. Repensant à la question de Clotaire concernant le nom de la ville dont tout le monde avait oublié le nom, elle se décida à l'aborder pour lui poser la question en personne. Elle s'approcha de lui et le salua poliment :

-Bonsoir Monsieur le maire !

-Oh, je vous en prie, vous pouvez m'appeler Monsieur Lemaire !

Devinant grâce à sa bonne humeur, son nez rouge et son haleine qu'il avait un peu picolé, Marie-Maxime recula d'un pas et lui demanda :

-Vous savez Monsieur le maire, enfin, Monsieur Lemaire, je me suis toujours demandé quelque chose... 

-Quoi donc, mon enfant ?

-Quelle est le nom de la ville dans laquelle on vit ?

Le maire haussa les épaules.

-Alors là, j'en sais rien, ma petite ! Tu me pose une colle. Même les doyens de la ville ne le savent pas !

Déçue, la jeune femme s'éloigna sans dire un mot de plus. Soudain, la voix de Mme Ragondin s'éleva et attira l'attention générale :

-Monsieur et Madame Von Kartoffel ! Vous êtes arrivés ! Quel plaisir de vous voir !

Marie-Maxime se fraya un passage dans la foule qui s'était approchée des nouveaux venus. Il s'agissait d'un homme d'âge mûr à l'allure noble, accompagné d'une femme rondouillette à la mine autoritaire. L'homme abordait une moustache blonde taillées avec une habilité frappante. Mme Ragondin s'agitait autour du couple telle une abeille autour d'une fleur. Elle les couvrait de sa voix mielleuse et fausse. Ils devaient être des invités d'exception... Confuse, Marie-Maxime chuchota à l'une des personnes qui observaient la scène en sa compagnie.

-Excusez-moi, est-ce que vous pouvez m'expliquer qui sont ces deux invités qui viennent d'arriver ? Ils sont très en retard, ils doivent être très importants !

-Comment ça ? s'étonna l'inconnu en face d'elle. Vous n'avez jamais entendu parler du duc et de la duchesse Von Kartoffel ? Ils sont issues de la noblesse allemande ! Bon, la famille n'a plus aucun pouvoir depuis longtemps, mais quand même ! Ils sont nobles ! C'est pas génial ça ?

La jeune fille n'en était pas si sûre. Ce titre de noblesse ne voulait rien dire, en Allemagne, et encore moins dans la ville dont tout le monde avait oublié le nom. Mais l'hôtesse semblait accorder une importance particulière à ces deux Européens. A ses yeux, ils devaient être les invités les plus prestigieux. Même le sosie de Plastic Bertrand qui chantait quelques fois à la Poule de Crystal  ne pouvait les égalés. Et pourtant, il était très connu et très populaire dans les environs.

Une fois sa phase de fangirl  passée, Ludivine Ragondin s'adressa à l'assistance :

-Je vous prie de tous me suivre vers la salle à manger ; nous allons procéder au repas !

Marie-Maxime étouffa un cri de joie. Elle ne mourrait pas de faim, mais elle commençait à en avoir marre des cupcakes et de tout ce champagne... Ce fut elle qui montra le plus d'enthousiasme en se dirigeant vers le lieu du repas.

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⏰ Last updated: Aug 01, 2018 ⏰

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La fête très très bourgeoise de Madame RagondinWhere stories live. Discover now