T5 - Acte I, chapitre 4

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Une sensation de froid éveilla Jim, qui ouvrit les yeux en grommelant intérieurement, tous ses sens aux aguets. Il s'était endormi en travers du lit, sa tête sur la poitrine de Spock et ses jambes en travers de celles de son médecin.

Mccoy n'était plus là.

Il se redressa brusquement, pris d'un sursaut de panique. Depuis la perte de son vaisseau, il mettait un point d'honneur à toujours savoir où se trouvaient ses deux amis. Toujours. Il ne supporterait pas de les perdre. Pas eux.

La pièce était entièrement plongée dans le noir.

Jim devina au creux du matelas que Spock s'était assis à son tour, certainement éveillé par les mouvements de son capitaine.

-Bones ? Appela Kirk en tâtonnant tout autour de lui. Bones !

Un soupir lui répondit.

-Je suis là, grommela la voix familière du médecin. Pas besoin de réveiller toute la maison. La cave. Qu'importe.

-Y a-t-il une raison logique à votre comportement ? Demanda Spock d'un ton intrigué. Votre apparence laissait pourtant entendre que vous étiez très fatigué. Logiquement, vous devriez être en train de dormir.

-JE VOUS EN FOUTRAIS DES RAISONS LOGIQUES, MONSIEUR SPOCK ! Hurla le docteur. La question est plutôt comment vous vous pouvez dormir ! Vous ne les voyez pas dans vos rêves, des fois ? Non ? Mais non, bien sûr, vous n'êtes qu'une foutue machine ! Je suis sûr que vous avez déjà oublié nos amis ! Nos amis MORTS !

-Bones... intervint Kirk sur un ton qui se voulait apaisant.

-Vous n'êtes pas mieux, Jim ! Vous agissez tous les deux comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes ! Mais oui, allons combattre ce Moriarty dont nous ne connaissions pas l'existence il y a trois jours, allons nous associer avec une bande de fous furieux visiblement dangereux comprenant deux vampires ! Allons-y ! Et qu'importe si l'Enterprise n'existe plus, n'est-ce pas ? Ça n'a pas l'air de vous tracasser plus que ça !

-Bones... répéta Jim, avec cette fois une menace latente.

-Vous êtes complètement illogique, répliqua froidement Spock. On ne peut rien changer au naufrage de l'Enterprise, et je ne vois pas quel autre ligne d'action serait la plus appropriée en ce moment. Cessez de glapir.

-Spock, soupira Jim. Vous n'aidez pas.

-Non, Spock, répéta sarcastiquement Mccoy, vous n'aidez pas. Des fois, je me demande si vous frémiriez si l'un de nous mourrait dans vos bras.

-Mccoy ! s'exclama Kirk. Vous allez trop...

Il y eut un claquement. Le docteur venait de quitter la pièce.

~

Mccoy rentra de nouveau dans un mur, et lâcha un juron bien sentit. Où se trouvait cette fichue lampe ?

Soudain, une main agrippa son bras.

-Doucement ! s'exclama une voix familière alors qu'il s'apprêtait à crier et se débattre. C'est Watson.

-Vous vous repérez au radar, comme les chauves souris ? Lança Bones d'une voix acerbe.

-Non, mon statut de vampire me permet de voir dans le noir, répondit tranquillement Watson, trop habitué à ce qu'on lui lance des piques pour s'en formaliser.

Il y eut un instant de flottement.

-Hum... commença Watson, gêné. Je dois vous avouer... Comme je suis vampire, j'ai une ouïe plus développée, et je ne voulais pas, mais...

-Vous avez tout entendu, c'est ça ? Soupira Mccoy. Pas très glorieux, hein ?

-Ils sont en train de discuter, répondit doucement Watson. Ils s'inquiètent pour vous.

-Je sais. Moi aussi je m'inquiète pour moi.

L'autre docteur eut un petit rire.

-Venez, allons manger un morceau. Holmes s'est remis à travailler, et je pense que les autres vont bientôt le rejoindre.

-Excellente idée. Je vous suis.

-Je voudrais juste vous dire, avant... hésita Watson. De ma propre expérience, si vous voulez savoir ce que ressent quelqu'un de très intelligent, ne faites pas attentions aux expressions de son visage et aux paroles qu'il prononce. Regardez ses actes.

Il y eut un silence.

-Je sais, répondit finalement Mccoy. C'est à moi que j'en veux réellement, pas à eux. Bon, on va manger ?

-Allons-y ! rit le docteur en le guidant à travers les couloirs encore noirs.

~

-Cas, grogna Dean en enroulant ses bras autour du torse nu de son amant, où est-ce que tu vas ?

-J'ai entendu des éclats de voix, répondit doucement le vampire.

-On s'en fout. Tant que l'armée de Moriarty ne débarque pas directement dans la chambre, tu restes ici.

-Même pour chercher une part de tarte ?

Dean eu un instant de réflexion.

-Oui, conclut-il. Tu as meilleurs goût.

Castiel rougit furieusement. Dean rit en devinant son embarras et le serra contre lui.

-Ça fait dix ans que je te traque, dit-il doucement. Maintenant que je t'ai attrapé, tu m'appartiens.

Castiel s'allongea sur le côté, son visage à quelques centimètres de celui du chasseur.

-Même si je suis un vampire ?

-Qui que tu sois, Cas, je prends. J'en ai marre de perdre des gens. Alors tu pourrais aussi bien être un ange, je t'interdis de te séparer de moi. J'ai besoin... J'ai besoin...

Sa voix se brisa. Castiel le serra contre lui.

-Moi aussi, souffla-t-il, moi aussi. Quoi que cette guerre nous apporte, Dean, et quoi que je puisse faire dans l'avenir, souviens-toi de ça. Pour toujours. Je t'aime.

Le reste se perdit en murmure inintelligibles.

~

James bouillonnait, assis dans son coin, dans la plus petite chambre.

Personne n'avait fait attention à lui. Personne ne faisait plus attention à lui. Sa sœur était trop occupée avec son obsession de devenir chasseuse et cet espèce de grand échalas qui lui faisait de l'œil pour lui porter la moindre attention.

Même le narrateur de l'histoire n'arrêtait pas de l'oublier. C'est pour dire.

Il avait perdu sa famille et sa maison dans la même journée, avait suivit sa sœur pour ne pas se retrouver seul, abandonnant derrière lui ses derniers points de repère, pour crapahuter à droite et à gauche à tenter de sauver des gens qu'il ne connaissait que depuis quelques semaines...

Il aimait bien Holmes et Watson, et même les Winchester, mais il y avait des limites.

Si seulement il existait un moyen de tout arrêter... Un moyen de retrouver la paix...

C'était tout ce qu'il demandait, lui. La paix. Et la certitude de survivre au lendemain.

Alors qu'était-il venu faire dans cette galère ?

Sherlock Holmes & John Watson - Les Vampires de LondresWhere stories live. Discover now