bonus.

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Je regarde autour de moi, le cœur en miette. 

J'avais peine à vivre dans ce monde, dans cette injustice. 

Je me demandais comment j'allais réussir à vivre encore toutes ces années, pour moi il n'y avait plus d'issues. Bien loin de mes rêves, de mon gros rêve, de mon ancienne vie de famille et de femme mariée, ouais, tous cela n'étais qu'un mirage. 

J'étais détruite autant qu'un verre que l'on éclate au sol mais je pouvais en vouloir à personne, ni même à mes parents car ils n'ont rien prémédités. Je pouvais même pas en vouloir à ses monstres de m'avoir détruit ma vie pleine d'ambition parce qu'ils étaient autant perdu que moi. 

J'en voulais à la vie à la vie. J'en voulais à la vie d'être en vie...

Aujourd'hui, moi Neya, je suis qu'un petit bout de femme qui tente de se reconstruire. Heureusement, j'ai pu reprendre la fonction de quelques uns de mes sens. 

Je pouvais être maître de mon corps, grâce aux rééducations, j'ai pu reprendre la fonction de mes bras et mes jambes. 

Seule ma parole manque.


 Je ne pouvais pas en vouloir à mon père qui, sortit de prison, passait tout son temps avec moi pour tenter de rattraper le temps perdu. On vivait à deux dans un tout petit appartement. 

Emir et Aicha nous invitaient souvent à la maison pour y passer des petits séjours. Ils ont renoncé à leur déménagement hors de la France pour rester auprès de nous. Sincèrement pour ne pas vous mentir, j'avais juste envie d'être seule. On me rappelait constamment que c'était pas de ma faute ni celle de mes parents, que le monde, la Terre, abrite autant de bonnes personnes que de mauvaises et que Dieu s'en occupera. 

Alors je tentais tant bien que mal de sourire à ma vie, sourire à cet handicap, à cette vie que je n'ai pas demandé. Ce qui me donnait la force c'était de me dire que je n'étais pas la pire. Que des personnes ont perdu toute leur famille ou tout l'usage de leur corps.

 Alors, je souriais étroitement à la vie de m'avoir donné le peu que je possède aujourd'hui. 

Je priais au plus profond de mon cœur à chaque fois que je voyais des jeunes de cité en bas du bâtiment qu'ils ne connaissent pour rien au monde ce que ma famille a connu. Je sais, ce sont des cas extrême, mais l'argent a définitivement bousillé ma famille. 

Cette fois-ci, je suis sûre, sûre de moi et de mon choix. Incertaine de ce qui nous attend dans l'au-delà, je tente quand même. Je veux revoir ma mère, la personne que je veux sentir. J'ai besoin de comprendre, mon père ne veut rien me dire ni même m'expliquer la moitié de la moitié. Il me répète sans cesse que c'est le passé et que pour rien au monde il veut revivre ce qu'il a vécu et qu'il est conscient que c'est un assassin à qui il a volé nos vies indirectement. 

Plus goût à la vie, je monte en haute et me jète de l'immeuble. 




Je vous aimes. A bientôt.

Neya.


A l'encre de nos mémoires. Juin 2018.



[2] « À L'ENCRE DE NOS MÉMOIRES »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant