3. ou "Comment un pain à l'ail rapproche -beaucoup- les gens"

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Lance était pour une fois arrivé en avance à un rendez-vous. Il faut dire que Hunk en avait marre d'entendre son colocataire se lamenter sur le choix de sa tenue. Il avait alors tranché en choisissant pour lui une salopette mom  jean avec un t-shirt à grosses rayures jaunes et blanches, le tout accompagné de hautes converses blanches (stylisées par les soins de Pidge). Ainsi habillé, Hunk se proposa gentiment pour l'emmener, et ce fut avec vivacité que Lance accepta. Le trajet se fit tout en musique, surtout parce que le conducteur ne voulait pas avoir à écouter les angoisses de son passager.

Lance était certes arrivé en avance, mais Keith l'était tout aussi puisqu'il n'arriva que quelques minutes après lui. Il avait encore sa chemise de boulot, chemise qu'il maintenait cachée avec un grand sweat rouge carmin serré contre lui.  Il s'installa sur le banc sans un mot, et un moment passa avant qu'un en fut prononcé.

Aux yeux des passants, ils avaient l'air de deux gamins perdus, ou alors "d'amoureux" comme se plaisent à dire les enfants. Un vieux couple d'octogénaire passa -malgré l'heure tardive- et s'attendrissait devant cette petite scène de vie de deux vieux adolescents -ou jeunes adultes. 

Soudainement, Keith se rappela de ce qu'il avait discrètement chapardé dans la réserve de son lieu de travail. Il sortit alors de sa poche quelque chose qui n'avait pas de valeur aux yeux de Lance : de magnifiques pan de ajo, qui avait l'air presque aussi bons que ceux de sa mamá. Des étoiles (qui n'étaient peut-être que le reflet des lumières bordant la plage) semblèrent s'allumer dans ses yeux. Toujours à la manière d'un enfant, il ferma les yeux et huma délicatement l'odeur de ce petit pain à l'ail. Plus qu'alléché, il demanda à son bienfaiteur s'il avait le droit d'en prendre, ne serait-ce qu'un bout.

"- Hum..., fit Keith en faisant semblant de réfléchir. Je n'en suis pas si sûr. Apparemment, tu as l'air plus intéressé par eux que par moi, donc je vais peut être me contenter de les manger... À moins que tu ne viennes les chercher toi même", continua-t-il, un petit pain entre ses dents dévoilées par un sourire malicieux.

Il faisait celui qui n'a peur de rien, mais en son fort intérieur, notre voleur de vivre n'en menait pas large. Changé à cause d'une sorte d'adrénaline, il ne contrôlait plus ce qui sortait de sa bouche et qui normalement restait dans ses pensées. C'est pour ça qu'après avoir dit ça, il resserra légèrement l'emprise qu'il avait sur sa veste et que ses joues commencèrent à prendre une légère teinte rouge qu'il n'appréciait pas. 

Le garçon cubain, quant à lui, n'était pas habitué à ce que quelqu'un d'autre que lui fasse ce genre de remarques douteuses, ni même qu'on flirte de cette façon avec lui. Toutefois, il décida de reprendre les devants et attrapa donc ce foutu pan de ajo avec sa bouche. De loin, et à cause de l'obscurité, on aurait facilement pu les confondre avec un couple d'amoureux en train de s'embrasser, ce qu'ils n'étaient pas. Un couple.

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Pidge et Hunk arrivèrent peu après, déterminés à espionner les deux tourtereaux et accompagnés de Shiro, un ami serveur de Keith qu'ils avaient rencontré sur le chemin. Ils n'eurent (mal)heureusement pas la chance de voir l'action ambiguë du petit pain et n'assistèrent qu'aux conversations gênées et gênantes des deux garçons, suivies d'un départ précipité dû à la pluie. Le plus amusant dans tout cela, c'est que Keith avait proposé à Lance de s'abriter sous sa veste, et qu'ils étaient de ce fait partis ensemble à l'appartement du propriétaire du sweat. 

Pas peu fiers d'eux, Hunk et Pidge exécutèrent une petite danse de la joie, observés par l'oeil amusé et embêté du colocataire de Keith, à savoir Shiro. Dans quel état allait-il retrouver l'appartement ?

Souvenirs flous - klanceWo Geschichten leben. Entdecke jetzt