II. Mauvais souvenir

1.7K 193 124
                                    

chapitre réecrit

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

chapitre réecrit

𝑰𝑰. 𝑴𝑨𝑼𝑽𝑨𝑰𝑺 𝑺𝑶𝑼𝑽𝑬𝑵𝑰𝑹

𝚍𝚒𝚖𝚊𝚗𝚌𝚑𝚎 𝟷𝟼 𝚘𝚌𝚝𝚘𝚋𝚛𝚎

⋆⋆⋆

Elinor fut tirée de son sommeil par une sensation de picotements dans son estomac. Elle eut d'abord la crainte que ce soit le prélude d'une maladie avant de réaliser que ce n'était rien d'autre qu'un réflexe émotionnel vieux comme le monde, l'anxiété. Sournoise, celle-ci l'avait gagnée pendant la nuit et semblait s'être accrochée aux parois du ventre de sa victime. Elinor, avec l'espoir que confrontée à sa conscience éveillée, la vilaine anxiété irait se cacher dans un coin de son cerveau et la laisserait tranquille pour le moment. 

D'un pas mécanique, un trajet qu'elle pouvait faire les yeux fermés, elle se rendit dans la cuisine pour se préparer son habituel thé noir. Le bourdonnement de la bouilloire se mêlait avec la sirène lointaine des pompiers. Londres était bien plus réveillée qu'elle. 

En revenant dans la pièce principale, sa tasse à la main, les cheveux ébouriffés et en pyjama, elle entreprit de trier les papiers qui envahissaient progressivement son étroit espace de travail. Un moyen de se concentrer sur autre chose que la venue de ses frères. Le petit bureau qu'elle s'était aménagé commençait à être englouti par les brochures et les cours des années précédentes. Elle ne pouvait pas se permettre d'accumuler tant, pourtant, elle avait toujours peur de s'en débarrasser à cause de l'immuable « au cas où » qui résonnait dans sa tête. Une des grandes craintes de sa vie était d'éprouver du regret. Peur de se dire « je n'aurais pas dû ». C'était pour cette raison qu'au quotidien, elle avait du mal à faire des choix, même les plus simples ; au supermarché elle pouvait hésiter pendant dix minutes avant de choisir telle ou telle variété de tomates. Il serait dommage de louper sa salade ou sa quiche à cause d'un manque de considération pour les solanacées. 

Alors jeter ses prises de notes des années précédentes était impensable, elle serait bien contente de les avoir si jamais elle cherchait une information en particulier, même si c'était dans quinze ans. C'était un trait de caractère pénible dont elle essayait de se défaire mais qui faisait de la résistance. Paul, qui connaissait bien cet état d'esprit, l'avait poussée, il y a quelque temps, à aller voir une psychologue qui, accessoirement, était une amie de sa femme. Il trouvait que ça relevait d'un toc et que ça cachait sûrement autre chose. Cet épisode remontait à un peu plus de deux ans : Elinor était à l'université et elle traversait une phase tumultueuse, elle travaillait énormément mais dormait peu et se sentait en retrait de tout. 

L'idée d'aller raconter ses états d'âme à une parfaite inconnue ne lui plaisait pas mais son frère l'avait vivement encouragée, lui promettant que ça lui ferait du bien et que de toute manière, elle n'avait rien à perdre puisque la séance lui était offerte. Elinor avait cédé, il n'était jamais bon de rester sur des préjugés.

La liste d'infortunes d'Elinor GardnerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant