XIX. Elle a couru

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Dos à la porte, Elinor alluma les lumières d'une main et tendit l'oreille pour s'assurer que Philip ne l'ait pas suivi. Elle n'arrivait pas à maîtriser son tremblement et son rythme cardiaque ne voulait pas retrouver sa constance. Après quelques minutes, elle soupira longuement, elle n'entendait plus rien, il avait, elle l'espérait, abandonné. Elle put enfin tenter de contrôler son souffle et s'assit sur son canapé, la tête enfouie dans ses mains avant de se rendre compte qu'elle saignait toujours du nez. Elle se leva précipitamment pour chercher un mouchoir et stopper le saignement.

Elle avait du mal à croire ce qui venait de se passer mais elle devait reprendre ses esprits. Ce qui la terrifiait le plus, c'était d'imaginer ce qui aurait pu se passer si elle n'avait pas eu le réflexe de le frapper. Son emprise avait été surprenément puissante. En se remémorant la scène, quelques larmes dévalèrent ses joues déjà rougies par la symphonie d'émotions qu'elle venait d'éprouver. Elle essuya ses joues d'une revers de main et saisit son téléphone.

Elle ne pourrait pas passer la nuit seule.

C'est Celian qu'elle décida d'appeler pour lui tenir compagnie. Il n'avait pas d'obligation parentale et n'habitait qu'à quinze minutes de chez elle en voiture. Au bout de la deuxième sonnerie il décrocha et Elinor put lui raconter brièvement ce qu'il venait de se passer.

« J'arrive tout de suite Eli, et je te jure que si je le croise, je finirais le travail ».

Quelques minutes plus tard, le jeune homme se retrouva chez Elinor, répétant que Philip ne s'en sortirait pas comme ça. Il l'a prit dans ses bras et lui promit qu'il ne l'approcherait plus, et que cette nuit elle pouvait dormir tranquille. Il la protégeait.

— Moi qui ne devait pas me coucher trop tard, dit-elle en se passant une main sur le visage, essayant de sourire.

— Tu as eu raison de m'appeler en tous les cas, répondit Celian en s'asseyant sur le canapé-lit.

— Fait comme chez toi, je vais te chercher des couvertures.

La jeune femme installa au mieux son frère dans son lit de fortune, le remercia une dernière fois pour sa présence et alla s'allonger. Elle était préoccupée mais rassurée par la présence de de Celian. Il faudra qu'elle en parle impérativement à Murphy dès que possible, cette attitude n'était pas tolérable même si l'idée de retourner à l'école avant les épreuves ne l'enchantait pas. Pendant une partie de la nuit, elle peina à trouver le sommeil, elle avait la sensation d'être fiévreuse mais elle savait que c'était l'anxiété qui l'a rongeait. Le lendemain, elle se réveilla aux aurores, les yeux cernés et jeta un oeil à son réveil : six heures.

Elle savait qu'elle n'arriverait pas à se rendormir, alors elle appela Paul qui devait se préparer pour aller au travail. A son grand regret, ce fut Carla qui répondit et qui l'informa que Paul était dans la douche. Elle lui proposa de prendre un message, mais Elinor refusa de lui confier quoique ce soit. Elle dit simplement à sa belle-soeur qu'elle rappellerai plus tard. Elinor fut un peu déçue de ne pas pouvoir en parler à son frère aîné. Au moins, elle pourrait en parler à Harold, elle se sentirait moins seule. Elle était soutenue, et ça lui faisait du bien. Le seul regret qui perdurait, était le mutisme dont elle devait faire preuve auprès de ses parents. Elle ne pouvait rien leur dire, cela reviendrait à tout leur avouer et pour l'instant, ce n'était pas à l'ordre du jour, ça n'apporterait que des complications a sa situation, chose qui n'était pas nécessaire en ce moment.

Elinor se rendit dans la cuisine pour se préparer, et commença à regarder les informations du jour. Elle n'oubliait pas qu'il fallait qu'elle se tienne au courant de l'actualité. Alors qu'elle faisait défiler les diverses informations sur son téléphone, elle eut soudain l'envie de chercher le facebook de Philip. C'était peut-être une mauvaise idée mais elle avait ce besoin de voir quelle image renvoyait ce garçon sur les réseaux sociaux. Elle ouvrit l'application, et tapa "Philip Murphy".

La liste d'infortunes d'Elinor GardnerWhere stories live. Discover now