La liste d'infortunes d'Elinor Gardner

X. Coup de téléphone

chapitre réécrit

𝑿. 𝑪𝑶𝑼𝑷 𝑫𝑬 𝑻𝑬́𝑳𝑬́𝑷𝑯𝑶𝑵𝑬

𝚖𝚎𝚛𝚌𝚛𝚎𝚍𝚒 𝟸𝟼 𝚘𝚌𝚝𝚘𝚋𝚛𝚎

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Secouée par les vibrations du bus, Elinor peinait à mettre son rouge à lèvre correctement. Elle aurait pu prendre sa voiture mais ça aurait été le risque de mettre trois fois plus de temps, les mercredi après-midi étaient particulièrement embouteillés à Londres. Elle s'était pourtant persuadée d'être dans les temps mais lorsqu'elle réalisa son retard, elle avait quitté son appartement en furie de peur d'être la dernière arrivée au repas d'anniversaire de son neveu. 

Au quotidien elle se jugeait plutôt ponctuelle, surtout quand il s'agissait de rendez-vous professionnels mais quand il était question de réunions familiales, il y avait comme une force surnaturelle qui l'empêchait d'arriver à dans les temps. 

Pourtant, ce matin-là elle s'était réveillée tôt en raison d'un cours important auquel elle se forçait à se rendre puisqu'il concernait encore et toujours sa préparation au barreau. Elle n'avait plus sa place parmi les futurs avocats qu'elle fréquentait là-bas mais elle ne se résolvait pas à tout lâcher, ce serait comme sauter du huitième étage avec un élastique usé. Par conséquent, en rentrant elle était déjà prête pour repartir mais en dépit de cet enchaînement idyllique, elle avait trainé et ce fut presque une demi-heure plus tard que prévu qu'elle quitta son appartement, phénomène qu'elle ne put s'expliquer. 

Elle récolterait à coup sûr des remarques mais aujourd'hui elle avait décidé d'être zen et avenante alors elle se concentrait plutôt sur le traçage de son rouge à lèvre. Paul et Lydia habitaient dans la banlieue huppée de Londres, à chaque fois qu'Elinor s'y rendait, elle constatait avec une pointe de fierté à quel point son frère s'en était bien sorti dans la vie. 

Les cheveux légèrement ébouriffés par la brise, elle avançait avec difficulté dans la rue vers la maison de son frère qui était à quelques mètres de l'arrêt de bus, ses bras entourant l'imposant cadeau. A bout de souffle, elle appuya sur la sonnette avec le coude et attendit qu'on vienne lui ouvrir. Elle eut l'agréable surprise de voir sa belle-sœur dans l'encadrure de la porte. Elle portait sur ses lèvres cet inépuisable sourire forcé qu'Elinor ne supportait pas.

— Elinor ! On a failli t'attendre même si on a l'habitude maintenant, dit-elle en lui faisant signe d'entrer.

— Bonjour à toi aussi, Lydia, répliqua-t-elle en se frayant un chemin à l'intérieur.

A peine arrivée, les hostilités commençaient entre les deux femmes. Une fois le cadeau déposé près de l'escalier en colimaçon, Elinor accrocha ses affaires au porte manteau de l'entrée avant de se diriger vers le salon ou tout le monde était réuni. Elle était évidemment la dernière. Ses parents étaient assis sur l'imposante méridienne grise, Celian sur un fauteuil à côté, August, somnolant au creux de ses bras tandis que Paul était installé sur une chaise design qu'il avait rapporté de la salle à manger. Elinor repéra Oscar au pied de la cheminée semblait prendre très au sérieux sa course de petites voitures. Paul se leva pour venir enlacer sa sœur sans lui faire la moindre remarque sur son retard, ce qui la soulagea le temps d'une minute avant que Celian s'en charge en la raillant sur le fait qu'Oscar avait déjà atteint ses quatre ans tellement elle avait tarder à arriver.