4. Les patates de Zoé

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J'ai une amie, elle s'appelle Zoé, et devinez quoi? Elle aime les patates, simplement et tout bonnement. Moi, les patates je ne les aime pas, je m'en fous, et je pense que le fait qu'elle aime les patates est fondamentalement inutile.

Mais par contre, ce qui m'intéresse, c'est de voir Zoé avoir un sourire jusqu'aux lèvres lorsqu'elle  parle de ses patates et du moment où elle pourrait les manger. Vous allez me dire, faire corps avec des patates lors d'un repas ne sera pas le sujet de bac philo 2020, mais moi ce sujet, je l'aurai traité de fond en comble et j'en me serai honnêtement amusé. 

Zoé aime ses patates, elle s'en fout et le dit ouvertement, et cela est déjà énorme. Parce que oui c'est déjà énorme d'admettre ce que nous aimons, de lire dire haut et fort devant n'importe qui. Vous, de l'autre côté de votre écran, lorsque vous pensez à tout ce que vous aimez vraiment dans votre vie, pouvez-vous affirmer que vos proches le savent ? Parlez-vous des choses que vous pensez dégradantes pour votre image mais que vous aimez pourtant profondément ?

Personnellement, j'ai plutôt l'impression que certaines personnes gardent des trésors en eux qu'ils ne pourront jamais partager à cause du simple fait qu'ils n'assumeront pas ce qu'ils aiment, ne le diront pas haut et fort. Pourtant, nous sommes plus aptes à parler de ce que nous aimons, de ce qui nous fait plaisir, de ce que nous faisons. Et moi, cela me fait chier, parce que le je pourrai découvrir davantage sur les autres mais ils n'osent pas forcément parler ouvertement de leurs goûts ni de leurs passions.

Par exemple, imagions que notre amie laidron_79 soit passionnée de musique classique à 14 ans, si cela existe encore. Je ne sais pas si elle trouvera la force d'en parler à ses amis, par peur de se faire juger. Elle se taira donc et fera comme tout le monde : elle s'intéressa à des choses inutiles pour être cool et se fondre dans la masse.

Je suis le premier à me fondre dans la masse, à parler de choses futiles parce qu'au fond, c'est si facile de s'engager dans des conversations légères où nous n'avons pas besoin de réfléchir. Cependant, au delà du dégoût que m'inspire son visage, à la place d'avoir une conversation profondément inintéressante avec elle sur sa classe, son lycée, ses amis, elle pourrait me parler de la fameuse musique classique. Mais, faudrait-il encore qu'elle ait ce foutu cran de me parler de ce qu'elle aime. Lorsque nous prenons du recul, cela m'apprendrait quelque chose sur un sujet sur lequel je ne sais que très peu et cela est enrichissant.

Le problème, comme vous l'aurez bien compris, est que personne ne viendra les chercher ces particularités chez les autres, peu creuseront. Pourtant, n'importe qui parviendra à lui demander "Ça va" et j'en passe.

Alors, s'il vous plaît, bougez-vous, sortez de chez vous, parlez au monde entier et demandez-leur à ces inconnus ce qui les passionnent, intéressez-vous aux autres, laissez-les vous apporter quelque chose !

Et si vous ne trouvez rien à dire, rien à demander, alors questionnez-les sur leur propre vision de la vie, osez entrer dans le débat, osez penser, affirmez-vous, développez une forme d'esprit critique, et peut être Zoé vous racontera comment elle cuisine ses patates, puis vous donnera des techniques de cuissons.

Grâce au comportement que je défends ici et que je recommande vivement, vous serez toujours surpris par ce que vous raconteront certaines personnes sur leur vie, sur leur vision du monde et cela vous apprendra forcément.

PS: Zoé tu me les fais goûter quand tes foutues patates? 

Critiques du XXIème siècleWhere stories live. Discover now