Chapitre VII (2/6)

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Une dizaine de minutes plus tard, alors qu'ils sortent du cabinet de comptable dans lequel ils viennent de signer le nouveau contrat de travail de Grégoire, les deux nouveaux collègues sont surpris par une averse glaciale. Ils se mettent alors à courir jusqu'à la boulangerie où ils ont partagé un repas en début de semaine pour s'abriter de la pluie battante mais aussi, et surtout, pour y déguster une délicieuse quiche aux légumes afin de fêter le nouvel emploi du jeune homme. L'endroit est désert, sûrement à cause du temps qu'il fait dehors, et ils ont donc le loisir de pouvoir s'installer près des fenêtres mais aussi à côté du chauffage afin de passer un moment au chaud avant de devoir braver la tempête qui fait rage à l'extérieur pour rejoindre la librairie.
-Je te conseille de bien profiter de ton dernier week-end de liberté parce qu'à partir de lundi après midi tu vas te retrouver embarquer dans un tourbillon infernal !
-Honnêtement je crois qu'un rythme effréné ne m'effraie même pas, j'adore être actif et me sentir utile donc autant te dire que j'ai vraiment hâte de commencer à travailler parce que la je commence à en avoir marre.
-Dans ce cas je te conseille juste de bien te reposer et de faire le plein d'énergie pour le début de ta formation lundi. Je pense que je n'aurais pas grand chose à t'apprendre au niveau des logiciels qu'on utilise, j'ai remarqué la dernière fois que tu savais très bien t'en servir mais il faudra que je te forme pour la caisse et la réception de commandes. Enfin nous aurons le temps de voir ça tranquillement la semaine prochaine je ne vais pas commencer à t'embêter avec le travail alors que tu n'as pas encore commencé.
-Tu ne m'embêtes pas bien au contraire, si je pouvais commencer aujourd'hui je le ferais tu sais. Au fait j'y pense, maintenant que nous sommes deux à la boutique tu vas pouvoir lâcher un peu de leste et prendre plus de temps pour toi !
-Oula on en est pas encore là tu sais, elle rit doucement, j'ai beaucoup de mal à lâcher prise et puis, ne le prend pas mal, mais je vais attendre que tu sois bien rodé avant de te laisser gérer tout seul.
-Bien sûr ça va de soi mais je veux dire une fois que j'aurai fait mes preuves tu pourras te reposer un peu en partageant le poids qu'implique la gestion d'un commerce avec moi.

La jeune femme ne pu répondre à son nouveau collègue car elle sentait les larmes lui monter aux yeux et savait que si elle ouvrait la bouche sa voix laisserait transparaître l'émotion qui était en train de l'étreindre. Elle commençait doucement à réaliser que l'arrivée de Grégoire était vraiment un cadeau dans sa vie, même si elle en avait beaucoup douté lors de leurs premières rencontres, et qu'il allait réellement pouvoir lui venir en aide avec la librairie. Clémentine se sentait plus que chanceuse à ce moment précis d'avoir trouvé quelqu'un d'aussi parfait que lui pour la seconder. D'abord parce qu'il était très motivé à l'idée de travailler dans sa petite boutique mais surtout - elle devait bien se l'avouer - grâce à son don qui lui assurait le maintient de sa réputation. La jeune libraire n'avait jamais été adepte de toutes ses histoires de réputations que ce soit au lycée ou après quand elle était entrée à l'université, mais elle tirait une telle satisfaction personnelle de savoir que sa librairie était réputée parce que le client y trouvait toujours son bonheur, qu'elle se sentait obligée de maintenir cette réputation. Cette popularité assurait le futur de sa boutique à un moment où tout est disponible instantanément sur Internet et où la lecture est démodée voire mal vue par certains.

La libraire est tirée de ses pensées par Grégoire qui se lève pour aller récupérer les plateaux repas que leur tend la boulangère. Ellle s'excuse, confuse de ne pas avoir entendu que leurs plats étaient prêts.
-Eh bien ce n'est rien, on a tous le droit d'être dans la lune ! Quelque chose te tracasse ?
Elle avait pourtant envie de tout lui déballer là comme ça au milieu de la boulangerie, lui parler des choses que lui cachaient Max, de la bague qui s'avérait encore plus magique que ce à quoi elle s'attendait, la nouvelle variation de son don qui venait de faire son apparition alors qu'elle lui cherchait  des livres, la fatigue qui la submergeait un peu en ce moment à l'approche des fêtes de fin d'année et puis ... elle voulait lui parler de l'effet qu'il lui faisait chaque fois qu'il entrait dans une pièce, comment son sourire lui réchauffait le coeur en un clin d'œil et en accélérait considérablement les battements. Elle se surprenait à avoir envie de passer plus de moments seule avec lui pour apprendre à mieux le connaître maintenant qu'elle ne le craignait plus grâce à la protection que lui offrait la bague. Mais elle ne pouvait décemment pas lui dire tout ça, ni pour son don ni pour les sentiments encore trop flous qu'il faisait naître en elle. Alors elle répondit simplement:
-Non, non tout va bien ne t'en fais pas.
-Bon, si jamais tu as envie de discuter tu as mon numéro tu sais. Et puis à partir de la semaine prochaine tu vas m'avoir tous les jours avec toi pour te tenir compagnie
-Et ça me fait vraiment plaisir de le savoir ! J'ai hâte de pouvoir partager mes galères avec quelqu'un, elle laisse échapper un petit rire, tu n'es pas prêt pour ce qui t'attends.
-J'affronterais la tempête courageusement, promis !
-Je n'en attendais pas moins de toi.

Les deux nouveaux amis discutèrent ensuite de choses et d'autres en finissant leur repas, avant de repartir en direction de la librairie car il était bientôt l'heure pour Clémentine de rouvrir sa petite boutique. Quelques clients étaient déjà amassés devant la vitrine et regardaient la mise en place qu'elle avait fait la veille pour Halloween. La jeune femme discuta quelques instants avec eux, avant de remarquer que Maxime se tenait en retrait non loin de là, Jack couché à ses pieds. Intriguée, et légèrement inquiète elle devait bien l'avouer, elle se dirigea vers lui tandis que Grégoire discutait toujours avec les clients.
-Qu'est-ce qui se passe ?
-Rien pourquoi ? Je n'ai pas le droit de venir faire un tour en ville ?
-Si évidemment mais comme tu ne m'avais pas dis que tu passerais je ne m'attendais pas à te voir c'est tout
-C'est le principe de la surprise ça ma chère, lui dit-il en prenant un air moqueur, plus sérieusement je suis juste passé te faire un bisous comme on ne se verra sans doute pas ce soir et je me suis dis que j'allais te déposer Jack pour ne pas le laisser seul à l'appartement en attendant que tu rentres.
-Tu as eu raison, il me tiendra compagnie cet après-midi, merci.
Elle se mit sur la pointes des pieds et fit un énorme bisous sur sa joue mal rasée tandis qu'il lui passait doucement la main dans le dos d'un mouvement protecteur.
-Et sinon tu comptes me parler un peu plus en détails de ce dont tu m'as parlé ce matin à propos de la bague ?
-Évidemment mais pas ici, j'ai peur qu'il y ai des oreilles qui traînent. Et puis Grégoire pourrait nous entendre, on ne sait pas encore de quoi il est capable avec son don. Il faudra que je te raconte un autre truc super bizarre qui est arrivé tout à l'heure, on verra ça demain au petit-déjeuner si tu es réveillé.
-Rien de grave au moins ?
-Mais non ! Tu vois toi aussi tu t'inquiètes.
Elle le bouscule gentiment pour le taquiner et laisse échapper un petit rire tandis qu'il fait semblant de bouder.
-En même temps quand je vois parfois l'état dans lequel ça te met je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter. Et puis c'est mon rôle, je suis le grand frère tu te souviens ?

Clémentine n'a pas le temps de rétorquer qu'elle aussi à le droit de s'inquiéter pour lui car leur échange est interrompu par Grégoire qui vient saluer Maxime. La jeune femme s'éclipse alors pour laisser les deux amis discuter entre eux, et fait le tour du bâtiment, accompagnée par Jack afin d'aller ouvrir la librairie en temps et en heure.

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