Chapitre VIII (6/7)

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Le lendemain matin la jeune femme déjeuna à une vitesse déconcertante pour Maxime qui émergeait à peine et elle se prépara tout aussi rapidement, enfilant un jean par dessus sa paire de collant ainsi qu'un gros pull qu'elle retirerait une fois arrivé à la boutique afin de revêtir la robe de mariée qu'elle avait acheté spécialement pour l'occasion. Cette dernière était plus grise que blanche et partait en lambeaux au niveau du bas du vêtement. Le col en V et les longues manches qui lui collaient à la peau lui permettaient de mettre son buste et ses longs bras fins en valeur et faisaient en sorte qu'elle ne paraisse pas trop négligée malgré tout. Jack quant à lui portait un déguisement de citrouille absolument adorable que Maxime avait déniché dans une animalerie hier en allant lui racheter des croquettes, il allait être la mascotte du magasin pour la journée, comme s'il ne l'était déjà pas assez le reste de l'année.

À neuf heures pétantes Clémentine était devant la librairie, impatiente de retrouver Grégoire et de l'aider à se préparer. Elle devait bien avouer qu'elle était un peu stressée à l'idée de devoir le maquiller puisque le chose impliquait une proximité physique qu'elle essayait à tout prix d'éviter d'ordinaire et elle espérait ne pas être trop troublée par cela, ou en tout cas de réussir à ne rien laisser paraître. Le temps qu'elle déverrouille la grille extérieure Grégoire la rejoignit, un sachet de viennoiseries à la main.
-C'est pour te remercier de prendre le temps de parfaire mon look vampiresque.
-Il ne fallait pas, et puis je ne suis pas certaine que mon travail soit à la hauteur de tes espérances tu sais.
-Oh ça sera toujours mieux que si c'est moi qui le fait je t'assure.

Ils se firent la bise rapidement avant de rentrer se mettre au chaud. La jeune libraire lança les deux ordinateurs afin qu'ils aient le temps de se démarrer correctement tandis qu'elle maquillerait son collègue, puis elle prépara la caisse tandis que ce dernier s'affairait dans la réserve et leur faisait chauffer de l'eau pour qu'ils dégustent un bon thé avec leurs minis-viennoiseries. Lorsqu'elle le rejoignit il avait déjà disposé sur la table tout le maquillage nécessaire à sa préparation et était en train de réajuster sa cravate. Pour l'occasion il avait revêtu un très beau costume noir assorti à une longue cape, ce qui lui donnait encore plus de prestance que d'habitude. Clémentine sentie son cœur battre plus vite mais tenta de se ressaisir tant bien que mal, pas question de céder à la tentation.

Étant légèrement plus petite que lui, elle dû lui demander de s'asseoir afin qu'elle puisse travailler correctement. Son teint à elle était déjà fait, il ne lui restait plus qu'à apporter les dernières petites touches pour un effet cadavérique/fantomatique, elle avait donc le temps pour s'occuper tranquillement de son collègue. La jeune femme préféra d'ailleurs utiliser un fond de teint presque blanc acheté spécialement pour l'occasion plutôt que la peinture pour visage qu'il avait acheté en supermarché, mieux valait ne pas prendre de risques qu'il y fasse une allergie. Saisissant son éponge à maquillage elle commença a lui étaler le produit en petites touches sur l'ensemble du visage avant de tout fondre harmonieusement, prenant soin de ne pas déborder sur sa barbe. Tandis qu'elle s'affairait en essayant de ne pas prêter attention aux battements de son cœur qui étaient, sans surprise, beaucoup trop rapides elle sentit les traits de Grégoire bouger sous ses doigts. Il souriait de toutes ses dents.

-Quoi ? Qu'est ce qu'il se passe ?
-Rien du tout, seulement j'adore l'air particulièrement concentré que tu prends quand tu t'occupes de moi.
-Mais je suis concentrée ! Il ne faut pas que je me loupe si tu veux ressembler à un vampire digne de ce nom. Et arrête de rire tu veux ! Ça m'empêche de creuser les contours de ton visage correctement.
-Oui madame. À vos ordres madame.

La jeune femme se mordit l'intérieur des joues pour ne pas rire à cette remarque tandis que Grégoire reprenait son habituel air sérieux et impassible. À l'aide d'un épais pinceau spécialement conçu pour cela elle s'amusa à redessiner les contours de son visage qui était déjà assez marqués et presque anguleux. Elle eut d'ailleurs à peine besoin de souligner sa mâchoire pour lui donner un air plus carré et sévère, mais elle du passer un petit moment à lui dessiner, pour ainsi dire, des cernes violacés puisque le jeune homme semblait n'être absolument pas marqué de ce côté là. Le chanceux. Elle était légèrement penchée vers lui afin d'effectuer ce travail méticuleux, quand elle sentie son souffle chaud dans son cou. Son corps tout entier fut parcourus de frissons et elle dû prétexter avoir oublié son téléphone dans la boutique pour aller s'aérer l'esprit et souffler un bon coup. Il produisait sur elle un effet que personne n'avait jamais produit jusqu'alors et c'était réellement déstabilisant pour la jeune femme qui ne savait pas vraiment comment gérer ses émotions. Décidant de faire comme si de rien n'était, du moins en apparence, elle retourna terminer son travail dans la réserve. À neuf heures vingt il était fin prêt à jouer les vampires face aux enfants qui viendraient leur rendre visite.

Il lui restait maintenant moins de dix minutes pour terminer sa propre préparation. Elle saisit son miroir de poche et prit place sur la chaise que Grégoire occupait auparavant pour finir de donner un teint grisâtre à son visage tandis que son collègue admirait le travail qu'elle venait d'effectuer dans le reflet de son portable.
-Il y a un miroir dans les toilettes si tu veux mieux voir tu sais, lança-t-elle alors qu'elle jonglait entre deux pinceaux pour creuser et estomper ses traits.
-C'est inutile je vois déjà que tu as fais un travail remarquable, tu as bien mérité tes minis pains aux chocolat !

Pour toute réponse elle lui tira la langue et continua de s'affairer, travaillant tantôt ses yeux tantôt son teint. Sa quête de la perfection ressortait encore plus quand il y avait de vrais enjeux à la clé, ce qui était un peu le cas aujourd'hui puisqu'elle voulait tellement impressionner les clients avec son déguisements. En plus de ça ce soir elle sortait avec les filles boire un coup pour l'occasion et elle comptait bien y aller dans cette tenue. Enfin non pas vraiment, puisqu'elle n'avait pas encore revêtit sa robe mais vous saisissez l'idée. D'ailleurs en parlant de la dite robe...
-Grégoire ? Tu veux bien sortir le reste de mon déguisement de mon sac ?
Le jeune homme ne lui répondit pas, trop occupé à la regarder se préparer, et se contenta de lui tendre la robe soigneusement rangée dans une housse ainsi que le voile déchiré qui l'accompagnait. Elle le remercia et termina de se préparer.

Une fois la dernière touche de maquillage apportée à son visage, elle s'enferma dans les toilettes afin de se changer. La robe rendait encore mieux que dans ses souvenirs et son teint fantomatique n'y était pas pour rien. Elle détacha ses longs cheveux qu'elle avait lissé pour l'occasion et ressorti de sa cachette pour dévoiler son déguisement à Grégoire. Le jeune homme ne pu retenir un sifflement admiratif qui fit rougir sa responsable.
-J'ai besoin que tu attaches le haut de ma robe si ça ne te gêne pas, lui demanda-t-elle timidement
-Aucun soucis, tourne toi que je regarde ça.

Le libraire approcha ses mains tremblantes - l'éternel timide qu'il était reprenait le dessus quand il était avec elle - du dos de la jeune femme pour remonter la fermeture de son déguisement. Il dû se mordre l'intérieur des joues avec force pour parvenir à contrôler son stress. Son cœur palpitait comme jamais il ne l'avait fait auparavant alors qu'il replaçait les cheveux de Clem, bougeant son voile par la même occasion.
-Attend, dit-il simplement alors qu'elle se tournait face à lui pour le remercier.
Sans un mot de plus il réajusta méticuleusement le tissu qui couvrait les cheveux de la jeune femme.
-Toi aussi tu prends un air concentré quand tu travailles, le taquina sa patronne en souriant
Il baissa alors les yeux vers elle pour répliquer en bonne et due forme mais ne trouva rien à lui redire.

C'est bien simple, il venait d'avoir le souffle totalement coupé par le charme que dégageait Clémentine même dans son déguisement de mariée fantôme. Il sentit son esprit se perdre dans ses grands yeux verts et dû se faire violence pour se dégager de l'emprise qu'elle avait sur lui. En réalité il n'y parvint pas seul, c'est l'alarme programmée par la jeune femme qui le sortit de son espèce de transe. Combien de temps était-il resté à la fixer de la sorte ? Il sentit le rouge lui monter aux joues mais face à lui la jeune femme semblait totalement impassible, ou alors ce n'était que l'effet du maquillage...

-En piste, balbutia Clémentine encore toute chamboulée par ce qu'il venait de se passer, il est temps de se mettre au travail les clients vont nous attendre.

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