Chapitre 5

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—???—

Je fus réveillée par le bruit de quelqu'un qui frappait frénétiquement à la porte. Je grommelais un "quoi ?" suffisamment fort et énervé pour signaler que ce n'était pas le moment de me faire chier. J'entendis alors le bruissement du papier contre le parquet puis des bruits de pas qui s'éloignent.

Je restais allongée quelques minutes, fixant le mur qui se trouvait juste en face de moi, jusqu'à ce que j'en prenne marre et me décide à me lever, m'enroulant dans la couverture pour aller récupérer ce fichu bout de papier puis me recouchait pour lire :

Bonjour, je tiens à vous signaler que notre opération de la vielle a eu un franc succès. Comme vous me l'avez demandé, j'ai déposé la poupée dans les décombres, même si je maintiens que cette idée est stupide. Cependant votre travail à vous ne s'est pas révélé aussi spectaculaire que vous le souhaitiez. C'est à se demander si vous tenez à votre vengeance.

Oh je vais lui bouffer le cerveau à celui-là !! Déjà que ce réveil était plus que désagréable, en plus si c'était pour me faire des reproches...

Si je n'étais pas aussi fatiguée, j'aurais défoncé la porte de sa chambre et au diable notre arrangement !!

Enfin bref, peu importe... Je froissais le bout de papier et grognais avant de sortir de nouveau de mon lit, grognant à cause du froid puisque j'avais eu la bonne idée d'abandonner ma chère couverture.

Soupirante, je m'imaginais ce que devait ressentir l'archiviste, maintenant qu'il était cloué au lit avec des images de cauchemar dans la tête et une blessure encoure douloureuse. À mes yeux, cela valait bien mieux que sa mort. J'étais simplement déçue de ne pas lui avoir fait plus mal. Mais bon, c'était mieux que rien.

Et puis je pense que cela aurait fait plaisir à Maman.

Je me suis installée à mon bureau et commençais à rédiger une riposte sur bout de papier :

Je fais bien ce qu'il me plait. Si cela m'amuse de simplement faire souffrir mes victimes, laissez-moi faire. Ils seront bien incapables de me démasquer. Cependant je tiens tout de même à vous remercier pour votre aide. Elle m'a vraiment été précieuse.

Je me gardais bien de rajouter que si ma manière de faire ne lui plaisait pas, il n'avait qu'à arrêter de m'aider, seulement ce n'était pas une bonne idée de jouer à ce genre de choses avec un collaborateur tombé du ciel.

Oui tombé du ciel. J'ignorais totalement pourquoi cet homme avait accepté de m'aider, mais toujours est-il qu'il m'avait proposé une collaboration que je ne pouvais pas refuser.

Dit comme ça, cela pourrait sembler obscure ou stupide, et il est vrai que les circonstances de notre rencontre pourrait sembler stupides, mais c'est Maman qui m'avait mis au courant de son existence. Elle m'avait expliqué, sur son lit de mort, que c'était un de ses anciens amis, qu'elle avait sollicité son aide pour se venger de ceux qui avaient détruit sa vie, mais que la maladie qui s'était déclarée l'en avait empêchée. Ainsi, elle me confia, à regrets, le lourd fardeau d'accomplir ce qu'elle n'avait pu faire. Et elle ne voulait pas que je sois seule.

C'est pourquoi elle m'avait présenté à cet homme, au travers d'une lettre. Elle m'avait dit avoir fait de son mieux pour l'aider lorsqu'il en avait besoin, et qu'il était temps qu'il lui rende la pareille. Nous sommes ainsi partis dans ce patelin, séparément, avons loué des chambres d'hôtels attenantes, mais jamais, ô grand jamais, nous n'avions eu l'occasion de nous dévisager ne serait-ce qu'une fraction de seconde. Maman nous l'avait interdit. Elle me connaissait. Elle connaissait surtout ma lâcheté, celle qui me poussait à dénoncer mes complices pour me discréditer en cas d'échec.

Et malgré cette prétendue dette, je ne faisais pas confiance en cet homme. Son écriture me paraissait cynique, moqueuse, et surtout détachée des évènements que nous provoquions, comme si ce n'était qu'une distraction pour lui.

J'enfilais ma perruque blonde et mes lunettes pour pénétrer dans le couloir et passais le bout de papier sous la porte.

Je suis ensuite retournée m'habiller dans ma chambre, avant de céder à la tentation de rester debout dans le couloir, en attendant de le voir sortir de sa chambre pour me donner un nouveau billet, surpris de me voir en personne, ou alors ne sachant tout simplement pas qui je suis et retournant rapidement dans sa chambre. Je voulais savoir à quoi il ressemblait. Juste pour satisfaire ma curiosité.

Le prochain morceau de papier passa sous la porte de ma chambre tandis que j'enfilais ma chemise. Je le saisis rapidement et le déchiffrais :

Faites à votre guise, peu m'importe si vous vous faites arrêter. Toujours est-il que ce n'est pas prudent. Quelle est la suite du plan ?

La dernière phrase me plongea dans une forme d'intense réflexion. Certes, je savais quoi faire, mais j'étais partagée entre l'envie de bien faire et la rapidité avec laquelle j'accomplirai tout. J'hésitais à attaquer ma nouvelle cible. Mais était-ce bien raisonnable, en plein jour... ?

Après tout, j'aurais pu me contenter d'attaquer toutes les nuits, pendant une semaine, mais je pouvais aussi m'y prendre... D'une autre façon. Seulement je n'étais pas sûre de moi. Oh et puis merde, après tout, qu'est-ce-que je risquais ?! Ma vie ? Qu'est-ce-que j'en avais à faire honnêtement ? On doit bien mourir un jour ou l'autre, après tout.

Je me mis à mon bureau :

Tout à l'heure, je compte attaquer la mairie. Poser une bombe et une poupée dans les débris. Planter le maire, peut importe où. Lui offrir une vision de cauchemar dont j'ai le secret. Je ferais tout moi-même, mais j'aurais besoin du costume du docteur. Cela vous conviendra ?

Je relis mon texte plusieurs fois, encore hésitante, puis haussais les épaules et pliais mon papier, que je passais sous la porte voisine.

Finissant de m'habiller, j'allais m'occuper de mon arbalète démontable lorsque je vis que le facteur venait de passer :

Êtes-vous certaine que c'est ce que vous voulez ? Vous aurez beau avoir l'effet de surprise, vous ne pourrez pas profiter de la nuit pour vous cacher. Vos illusions ne marchent que la nuit, d'après ce que m'a dit votre mère. Et un docteur de la peste qui s'enfuit, c'est tout sauf discret.

Je souriais. Maman ne savait pas tout sur moi, on dirait.

Vous n'avez pas à vous inquiéter, je sais comment faire. Tout se passera à merveille. Maintenant, si vous acceptez de me rendre mon costume, vous verrez que je suis capable de mener mon plan à bien et de m'en sortir sans  le moindre problème.

La réponse ne se fit que peu attendre, accompagnée du costume que j'avais demandé.

Je ne m'inquiète pas. Faites comme bon vous semble, mais ne vous plaignez pas si vous vous faites démasquée.


Deux Faces d'Une Même Pièce (Fanfiction Professeur Layton) (EN PAUSE)Where stories live. Discover now