Chapitre 5

280 25 0
                                    

La vie était devenue terrible ces derniers temps. Cela faisait maintenant trois semaines qu'il avait subit sa transformation.

Et deux semaines qu'il restait cloîtré dans sa chambre, refusant toute visite de quiconque. Seul avec lui-même.

Ses ailes avaient fini par disparaître comme celles de Castiel. Cela avait été éprouvant pour Dean. Les premiers jours, elles refusaient de se replier et bougeaient indépendamment de sa volonté. Il se cognait sans cesse dans les meubles de sa chambre, et essayer de les dompter lui procurait de violentes douleurs. Il avait finit par abandonner et les avait laisser décider par elles-mêmes.

Qui aurait pu croire qu'être un ange était aussi pénible ? Dean avait rejeté l'aide de Castiel, qui avait acquiescé sans rechigner. Il voulait pourtant aider son ami, lui qui était un ange, il connaissait tous les mauvais côtés de sa nouvelle apparence. Mais le Winchester avait purement refuser, envoyant balader Castiel, et par la même occasion, son frère.

Une fois que les plumes avaient fini de s'entasser dans le coin de sa chambre, et que ses ailes avaient disparu, il passait ses journées à regarder des films d'horreur. Étant devenu un être céleste, il n'avait plus besoin de se nourrir, ni même de dormir, ce qu'il lui laissait le temps de faire de nombreux marathons ciné graphique. À vrai dire, il avait même cesser d'ingurgiter toute nourriture tant la sensation était désagréable. Il donnerait absolument tout pour qu'une fois dans sa vie, il puisse regoûter au goût de la bière et sentir le gras des hamburgers. Désormais, dès qu'il avalait quelque chose, il ne percevait que le goût amer des molécules. Toutes les saveurs des aliments avaient disparu. C'était quelque chose qu'il n'arrivait pas à accepter.

Mais ce qui était probablement le plus pénible dans tous ça, c'était de ne plus rien éprouver. Il était vide de sentiment, insensible. Lui qui n'était déjà pas doué auparavant pour exprimer ce qu'il éprouvait, il était désormais privé de toutes émotions.

Il se rappelait de tout. Il savait qu'il aimait la bière et les hamburgers, qu'il aimait sa voiture et les tartes. Mais ce n'avait plus de sens. Lorsqu'il conduisait, il n'éprouvait plus cette joie et cette fierté qui coulait dans ses veines auparavant. La seule chose qu'il ressentait, c'était sa grâce qui envahissait son corps tout entier.

Comme il se rappelait qu'il avait aimé sa mère, son père, Bobby, Lisa, son frère et Castiel.

Il se rappelait être intimement lié à eux, mais il n'arrivait pas à mettre des mots sur ce qu'était vraiment l'amour. Il était vide d'émotion. Et c'était probablement ce qui était le plus dur dans toute sa transformation.

Il aimerait pouvoir prendre son frère dans ses bras et sentir son cœur se réchauffer, mais tout était désormais froid en lui. Et Castiel, il savait qu'il appréciait l'ange, mais.. il ne trouvait rien à dire.

Alors c'est pour cela qu'il avait décidé de s'isoler, pour éviter d'être confronté à des inconnus avec qui il avait des souvenirs.

Mais ce matin, Cas avait décidé de se manifester.

« - Dean ? Je sais que tu ne veux voir personne mais.. je peux t'aider. Je sais à quel point ça doit être dur pour toi, je.. j'ai connu la même chose. »

Le Winchester ne répondit pas. Il se contenta de rester couché sur le ventre à écouter son "ami" parler dans le vide.

En réalité, Cas pourrait très bien se téléporter dans la chambre de Dean, mais l'ange savait très bien que cela ne ferait qu'énerver encore un peu plus son ami. Il ne voulait pas qu'il se renferme encore plus sur lui.

« - Très bien. Comme je n'ai rien à faire je vais attendre ici que tu ouvres cette porte. »

Dean sentit son cœur se serrer pour la première fois depuis des jours. Il éprouvait enfin quelque chose. Le fait de voir que Castiel ne baissait pas les bras et qu'il continuait de se battre pour lui avait réveillé quelque chose.

Il se leva, hésita quelques instants et finit par déverrouiller la porte. Castiel fut surpris et ne put cacher sa stupéfaction.

« - Dean.. je.. ça fais du bien de te revoir. »

Le concerné s'écarta de la porte et reparti s'assoir sur son lit. Castiel entra timidement par peur d'être rejeté.

« - Cas, t'as pas idée à quel point c'est dur. À quel point mon existence est minable maintenant. Plus rien n'a de sens ni de goût, plus rien ne m'effraye ou me fait bander. »

Le séraphin regarda son ami d'une triste mine. Il avait connu tout ça. Lorsqu'il était devenu humain, il avait pu goûter aux jouissances des plaisirs de l'humanité. Mais lorsqu'il avait retrouvé sa grâce, tous ses petits plaisirs lui avait fortement manqué. Mais avec du temps, il avait sur réprouver des sentiments. Les aliments avaient certes toujours le goût de molécules, mais sa passion pour Dean était toujours là, intacte, brûlante. Ce qui était pénible pour lui, c'était de voir Dean, le bon vivant, privé de tout ce qu'il aimait auparavant.

Dean allait devoir suivre le même chemin que lui, apprendre à redécouvrir le monde sous toutes ses facettes, redécouvrir des sentiments comme la colère, la peur, l'amour.

Cela n'allait pas être simple, au contraire, mais Castiel savait que si Dean était bien entouré, il y parviendrait.

... à suivre...

Deux Ailes En PlusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant