II

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JADE

Une fois la porte franchie - moi, vêtue d'une salopette-robe en jeans noire, et d'un col-roulé blanc, portant également des chaussures Nike blanches avec des chaussettes noires m'arrivant au milieu du mollet - je pousse un soupir.

Le Lycée est bondé : malgré le fait qu'il ait l'air très grand pour une si petite ville, les élèves des villages voisins le fréquentent également. Je m'avance d'un pas hésitant, regardant le numéro des salles. Les cours commencent dans quelques minutes, et je dois trouver la salle 46. Pressée, je commence à accélérer mon pas, jusqu'à trouver cette fichue salle. Lorsque je fais mon entrée, les murmures cessent. Le professeur, un vieux bourriquet d'une cinquantaine d'année, bien en poids et à moitié chauve, se tourne vers moi. 

Un silence de plomb s'installe dans la salle - en même temps, il doit pas y avoir beaucoup de nouveaux parce que personne ne viendrait s'installer ici de son plein gré - tandis que je me hâte vers une chaise, y prenant place sans plus tarder. Les murmures reprennent, mais cette fois je sais qu'ils sont dirigés contre moi. Nous ne sommes pas plus d'une trentaine, peut-être même vingt. 

Après la première heure de cours, nous prenons une pause. Tandis que je me terre sur mon téléphone, je sens une présence s'approcher. 

"Salut."

Je tourne la tête pour voir une jolie femme au visage peu conventionnel mais bien défini. Elle a des lèvres plutôt pulpeuses, de longs cheveux lisses et bruns, et un regard malicieux. Vêtue de manière très 'femme de son temps', elle ne perd pas une seconde avant de s'assoir à mes côtés.

Peu ravie, je ne réponds rien, ce qui la fait rire. 

"Jesy, si jamais." elle poursuit, peu inquiétée par mon manque de socialisation. 

"Jade" je marmonne, les yeux rivés sur mes feuilles.

Elle a un petit rire amusé. 

"Je vois" elle lâche, tandis que je la regarde à nouveau. Il y a un sourire énigmatique sur ses lèvres. "Tu es du genre 'girl next door aux pensées dark qui n'aime pas les gens'? Sache qu'il n'y a pas de problème avec moi. De plus, t'auras besoin d'une amie ici."

Je fronce les sourcils. 

"Qu'est-ce qui me vaut l'honneur de ta considération ?" je demande. 

"T'as l'air marrante" Jesy répond, honnête. "En plus, il y a pas si longtemps, j'étais la petite nouvelle. Je viens de Londres."

"Ugh" je laisse échapper malgré moi. "Qu'est-ce que tu fais ici ?"

"Mes parents ont eu... disons, des problèmes à Londres niveau affaires, et venir ici leur permettait de tout reprendre à zéro. Ca fait chier mais au moins notre nom de famille ne rime plus avec crime et corruption" elle explique, avant de se raviser à donner plus de détails. Ensuite, elle demande: "Et toi ?"

Je soupire.

"C'est compliqué."

"A qui le dis-tu ?" Jesy dit, sarcastique. 

Je comprends que, après ce qu'elle m'a livré, je suis obligée de lui donner un minimum d'explication. De plus, peu de gens vont être aussi compréhensifs qu'elle dans ce bled pourri.

J'hoche la tête.

"Mes parents sont morts et je suis venue habiter chez ma tante" 

Les yeux de Jesy s'attristent.

"Je suis désolée de l'entendre..." et, après un silence lourd, elle enchaîne : "Ta tante ?"

"Oui, Charlotte."

"Charlotte Baker ? Qui sort avec Fred Jones ?" elle s'exclame, tandis que je hoche la tête positivement. Elle éclate de rire: "Charlotte est la meilleure pote à ma mère ! Je ne savais pas qu'elle avait une nièce !"

"Elle a sûrement jamais parlé de nous" je dis, très sérieuse. "Je crois que ma mère et elle étaient en de mauvais termes. J'ai de la chance qu'elle ait bien voulu m'accueillir."

"C'est vraiment une femme bien" Jesy concède. 

Tandis que nos cours du matin se terminent, je suis Jesy hors de la salle jusqu'à la cafétéria, où nous nous achetons un petit truc à manger, avant d'aller sur la terrasse nous poser sur un banc en pierre. 

Je remarque soudain quelque chose, ou plutôt, quelqu'un...

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