Chapitre 4 : Captivité

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Ploc. Ploc. Ploc.

Ce fut encore cette fichue fuite qui la réveilla ce matin-là. La chambre dans laquelle on l'avait enfermée n'était, pourtant, pas si horrible que ça. Elle était allongée sur un grand lit à baldaquin aux coussins moelleux. Autour, quelques meubles finement dorés agrémentaient la pièce aux murs de pierre nue. Certes, il faisait froid, mais pour une prisonnière, elle était plutôt bien lotie. Le seul point noir — mis à part le fait qu'elle ait été kidnappée — était cette fichue fuite d'eau.

Depuis quand était-elle prisonnière ? Un mois ? Deux mois ? Elle avait perdu le compte.

Elle ne comprenait pas ce que lui voulait les Wesi. Elle n'avait même pas encore rencontré leurs chefs. La seule personne qu'elle voyait était la jeune femme brune qui lui amenait ses repas deux fois par jour. À ces moments-là, la blonde tentait par tous les moyens d'en apprendre plus sur sa captivité, en vain. La princesse finit par comprendre que la servante était muette.

Zalénia s'ennuyait. Elle passait ses journées assise près de la fenêtre munie de nombreux barreaux et, la jeune fille en était sûre, de sortilèges empêchant les gens de l'extérieur de la voir. Elle se demandait comment allait sa famille. S'inquiétaient-ils pour elle ? Oui, probablement. Sa mère avait dû mettre le royaume sens dessus dessous à la recherche de son héritière.

Malgré ce que l'on pourrait croire, la princesse avait toujours eu peur de la décevoir. Elle n'était pas faite pour gouverner, mais la Reine s'en moquait. Zalénia était l'unique héritière, elle était indispensable à Zalia. La jeune fille espérait secrètement que son frère ait une fille rapidement pour que ce soit elle l'héritière. Mais il n'avait que trois ans de plus qu'elle.

Elle pensait trop. La captivité n'était vraiment pas faite pour elle, pensa-t-elle avec un sourire ironique. Les yeux se perdant de l'autre côté de la vitre, elle ressassa encore une fois sa capture.

Il était tard lorsque Zalénia décida de partir se promener dans la rue commerciale de la capitale. Ainsi habillée, elle passait inaperçue, du moins, c'est ce qu'elle pensait. Elle flâna longuement, lorgnant les pâtisseries, se faufilant entre les capes et les robes des passants pour s'approcher le plus possible des étalages et voir les mets exotiques que les commerçants de passage présentaient. Elle songea même à s'acheter une rapière, mais renonça, elle possédait déjà un poignard.

L'atmosphère était à la fête. On trouvait des musiciens à chaque coin de rue, ce qui créait une cacophonie amusante et bien loin des orchestres qui joueraient pour son anniversaire.

La jeune fille allait rentrer, se résignant à participer à la fête, lorsqu'elle sentit plusieurs regards sur elle. Elle accéléra le pas, guettant les alentours. Les rues commençaient à se vider, tous se rendaient à la réception.

Les ombres s'allongeaient, lui donnant l'impression qu'elles étaient vivantes, qu'elles la suivaient. Il commençait à faire froid.

La princesse se mit à courir. Elle n'était pas loin du palais, il suffisait qu'elle arrive à atteindre l'entrée, qu'elle prévienne les soldats.

Une ombre apparut tout à coup devant elle. Sur ses gardes, elle s'arrêta net, la main sur son poignard. La princesse ne s'en était jamais servi, elle l'avait trouvé dans la tour abandonnée, elle s'amusait juste avec à combattre des ennemis imaginaires. Contrairement à son frère, elle n'avait jamais eu de cours d'escrime.

L'ombre ricana. La jeune fille fit demi-tour, mais quelqu'un lui bloquait la route de ce côté aussi.

La lune apparut, révélant le visage de l'homme. Grand et fluet, il arborait une cicatrice au milieu de son menton pointu. Mais ce qui fit se figer la blonde fut le blason qu'il arborait sur son plastron. Elle le reconnaissait. Regardant du côté de l'autre assaillant, Zalénia repéra aussi sur son torse le dragon noir aux yeux rougeoyants, s'enroulant autour d'une tour. Les Wesi. Les ennemis du royaume. Les ennemis de sa mère.

Terrifiée, Zalénia ne vit pas le troisième Wesi qui arrivait derrière elle. Il empoigna ses bras, mais elle sortit de sa torpeur et lui envoya un coup de pied dans l'entre-jambes. C'est ainsi qu'elle découvrait que c'était en faite une femme. Cette dernière grimaça tout de même et lâcha une main. La blonde en profita pour dégainer son poignard, le dressant devant elle, tremblante.

Les trois ennemis se jetèrent sur elle en même temps, elle planta son poignard dans un bras ou bien une jambe, mais cela ne suffit pas. On lui retira son arme des mains. Elle hurla. Un coup vola, jusqu'à sa tempe, l'assommant à moitié. Elle secoua la tête et mordit l'un d'eux. Les coups se mirent à pleuvoir. Elle sombra dans l'inconscience.

Plongée dans ses pensées, Zalénia n'entendit pas que quelqu'un était entré dans sa cellule. Ce fut lorsqu'il prit la parole qu'elle se retourna vivement.

Ils étaient en fait trois. Identiques.

— Princesse, la salua celui du milieu en inclinant vaguement la tête.

— Vous êtes ?

— Les Sharaka, dirigeants de ce royaume, répondit le brun de droite.

Le troisième la fixait avec des yeux à demi fermés, comme s'il étudiait déjà son fonctionnement. Zalénia frissonna, elle ne les aimait pas.

— Q-que me voulez-vous ?

— Nous voudrions que tu coopères gentiment avec nous, reprit celui de droite.

— Pour ?

— Quelques expériences, sourit celui au centre.

— Et si je refuse ?

— Tu ne peux pas refuser, tu es notre prisonnière, dit simplement le jeune homme à droite.

Ainsi les avait-elle suivies docilement jusqu'à une salle en sous-sol.

Haute de plafond, mais étroite, Zalénia s'était demandé à quoi elle pouvait servir. Jusqu'à ce qu'ils l'attachent sur le seul meuble de la pièce. La table en bois n'était clairement pas confortable et les attaches, qui lui serraient les poignets, les chevilles et le cou, n'aidaient guère.

La blonde tentait avec courage de ne pas trembler, en vain. Elle avait peur. Qu'allaient-ils lui faire ? Alors qu'elle allait finalement oser poser la question, les triplets sortirent de la pièce.

— Où allez-vous ? demanda la princesse faiblement.

Lorsque la porte claqua, les murs se mirent à s'illuminer, des formes complexes se tissèrent dans des fils de lumière devant les yeux de la jeune fille. C'était magnifique. Les lignes dorées se croisaient et s'écartaient dans un ballet désordonné. Petit à petit, la lumière se rapprocha de Zalénia, devenant de plus en plus lumineuse. Lorsqu'elle toucha l'humaine, un flash argenté éclatant aveugla la blonde puis s'éteignit aussitôt.

La porte claqua de nouveau, les Sharaka étaient de retour. La princesse tenta tant bien que mal de tourner la tête vers eux, des tâches dansaient encore devant ses yeux, mais elle vit qu'ils semblaient contents de ce qui venait de se passer.

Sans un mot, les bruns se placèrent autour d'elle, détachant au passage ses liens.

— Reste allongé, ordonna l'un d'entre eux.

Elle obéit encore une fois et les triplets se mirent à chanter dans une langue inconnue. En quelques secondes, Zalénia se retrouva à plusieurs mètres au-dessus du sol. Le volume du chant augmenta et une sorte de brume argentée apparut autour de la blonde.

Sharaka - Tome 1 : ZaléniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant