Chapitre 11 : Or

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— Sévrar, qu'y a-t-il ? Tu n'es pas concentré aujourd'hui.

Le magicien posa son livre, levant les yeux sur son apprenti qui grimaçait face à sa réflexion. Il n'arrivait tout simplement pas à mettre en pratique ce qu'il avait lu le matin même.

— Rien, je suis juste un peu déconcentré.

— Tu n'es jamais déconcentré d'habitude. Que se passe-t-il ?

Sévrar baissa la tête, un peu gênée. Le chauve désigna le siège libre à côté de lui, il fallait qu'ils aient une discussion. Le roux obéissait, peut-être que cela lui ferait du bien de parler.

— J'ai la tête ailleurs depuis notre entrevue avec la Reine.

— À cause de la prophétie dont elle a parlé ?

— À cause de ce qu'elle implique pour moi. Vous avez dit les élus devaient suivre leur propre chemin, apprendre au bon moment l'existence de la prophétie...

— Tu penses l'avoir appris trop tôt.

Le roux acquiesça. Il se souvenait de lorsqu'il avait dit la couleur de son aura à Rowenn, ce dernier avec tant bien que mal caché sa surprise.

— Le destin a voulu que la Reine te l'apprenne indirectement, c'est ainsi. Surement était-ce le bon moment pour toi, le rassurait le mage.

Sévrar lui sourit, cachant une grimace tout en frottant sa jambe, les cicatrices de ses brûlures recommençaient à lui faire mal. La peau bien moins élastique qu'elle ne l'aurait dû lui tirait, comme un rappel de quand il avait découvert son aura.

*

L'enfant courrait après sa mère en rigolant.

— Tu m'attraperas pas, disait-elle en faisant mime de courir le plus vite possible.

Il se jeta sur elle et elle l'attrapa dans ses bras. Ses mains ébouriffèrent les cheveux roux et frisés de son fils, dévoilant ses petites oreilles pointues. Soudain, un homme apparut près de leur maison. Les yeux bleus de la mère et du fils s'agrandirent en le voyant. C'était de lui que Sévrar tenait ses cheveux orange.

— Allons voir papa.

Elle attrapa la main du garçon et l'entraina vers l'homme. Sévrar semblait perdre sa lumière alors qu'ils approchaient de la maison. Son sourire avait disparu depuis que son père était arrivé et, pourtant, sa mère l'amenait quand même vers lui.

— L'as-tu fait prier aujourd'hui ?

— Je...

La femme avait hésité et il l'avait bien senti. Évidemment qu'elle l'avait fait, sauf qu'elle n'avait pas écouté son mari et avait appris à son fils que les elfes priaient Thendrass. Que la déesse de la nature était leur mère à tous et qu'elle serait toujours là pour lui.

Or, l'homme n'était pas comme les autres elfes et s'était laissé séduire par la déesse de la Terre Rouge, la déesse du feu, Brysingryss. Il disait même qu'elle lui parlait, qu'elle lui donnait des ordres. Cela pouvait aller de la prière, au feu de forêt, en passant par le sacrifice d'animaux.

La mère faisait tout pour que Sévrar ne soit pas influencé par son père, prenant des coups de temps en temps pour le protéger.

Mais aujourd'hui, l'homme semblait étrange.

— Tu ne l'as pas assez fait prier, Brysingryss me le dit. Il doit me suivre.

Il lui agrippa le bras, l'arrachant à sa mère et le traina dans les bois.

Ils ne marchèrent pas longtemps, arrivant rapidement devant un petit hôtel fabriqué par le père. Il fit s'agenouiller son fils devant les flammes. Des larmes coulaient silencieusement sur les joues de Sévrar alors que son père commençait à chanter.

Sharaka - Tome 1 : ZaléniaWhere stories live. Discover now