Chapitre 17

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Taehyung s'était réveillé bien avant Jimin, en vérité l'argenté n'avait fait qu'une courte sieste, une heure, pas plus, tandis que l'autre semblait parti pour un bon bout de temps. C'était une bonne chose, il devait reprendre des forces... il avait la chance d'en avoir encore, lui.

Taehyung ferma fort les yeux, la mâchoire crispée, et plutôt que de songer à de sombres idées, il se rallongea, le cœur lourd, à côté de ce garçon. Jimin était quelqu'un de fragile, un peu comme la vie qui pouvait s'achever pour un rien, un accident. Et Taehyung, lui, il se sentait comme la mort : résigné, attirant sous certains aspects, mais noir, désespérant et désespéré. Il basculait lentement, son corps le lui faisait sentir.

« Jimin... si tu savais comme j'ai peur, murmura-t-il d'une voix étranglée. Je veux vivre, j'ai peur, il est impossible d'être prêt à mourir, je ne l'ai jamais été, je ne le serai jamais... »

Et alors que ces mots cassaient complètement sa voix, Taehyung se serrait dans les bras du blondinet, les larmes roulant de ses yeux jusqu'au matelas. Il se sentait atrocement vide, la vie l'avait, en quelque sorte, déjà quitté. Elle l'avait abandonné le jour où lui-même avait abandonné, et pourtant voir ce Jimin, ce gosse aux airs d'ange pourtant plus vieux que lui, c'était comme un signe, comme si on lui disait qu'il devait se battre.

En aurait-il le courage ? Rien n'était moins sûr.

Ce fut donc avec le visage rougi par la peine et les yeux couverts d'un voile transparent et lumineux de ses larmes qu'il s'endormit de nouveau, bercé par l'agréable respiration de Jimin contre lui.

À son réveil, le plus âgé des deux vit immédiatement que son cadet avait pleuré : les larmes de Taehyung avaient creusé sur ses joues des sillons minimes mais néanmoins visibles. Ça lui faisait mal de voir que ce garçon s'occupait de lui comme un grand frère alors qu'en vérité, Jimin était bien conscient que ce n'était pas lui qui souffrait le plus : Taehyung se mettait toujours de côté pour concentrer toute son attention sur son voisin de lit, jamais il ne se plaignait de sa situation désastreuse... tout ça pour ne pas effrayer Jimin et tenter de se montrer rassurant. C'était quelque chose qui touchait énormément le blondinet qui sentait son cœur s'emballer à chaque sourire de son ami sans oser le lui dire de peur qu'il le rejette ; après tout Taehyung n'était certainement pas du genre à s'intéresser aux garçons et encore moins à son petit voisin cancéreux...

Pourtant, reconnaissant pour toute sa gentillesse, le plus petit le serra dans ses bras, il le serra fort ; il parlait à travers ce geste, il voulait lui dire à quel point il était fort, et à quel point il s'était attiré son admiration la plus sincère. Taehyung était quelqu'un d'exceptionnel.

« Je suis pas encore mort, marmonna une voix grave bien connue de Jimin en dépit de son ton endormi.

- Je voudrais tellement t'aider comme tu m'aides, Tae...

- C'est tellement chou de ta part, d'autant plus qu'on se connaît à peine.

- J'ai pas besoin de connaître quelqu'un qui souffre pour vouloir l'aider... et puis je te rappelles qu'on a déjà passé des dizaines d'heures ensemble.

- Je vais bien Chim.

- C'est ce que disent les gens qui vont le plus mal...

- J'aimais bien quand tu étais dans mes bras. »

Le blondinet avait les yeux rivés sur le jeune homme allongé tandis que lui s'était assis en se séparant de son cadet pendant qu'ils discutaient. Jimin sourit, touché de ces mots, et obéit à la demande implicite de son nouvel ami, s'allongeant de nouveau pour se trouver auprès de lui, or cette fois-ci, ce fut Taehyung qui se blottit dans ses bras.

L'un comme l'autre ignorait comment avait pu naître entre eux une telle confiance, une telle familiarité, mais en vérité, ils étaient tous les deux effrayés, et le seul moyen de surmonter leurs peurs, c'était de les partager. Même si ce n'était pas explicite, même s'il n'y avait pas de mots, le partage était bel et bien là, car à travers le simple fait d'échanger une étreinte, c'était bien plus qu'un contact chaleureux qu'ils se transmettaient.

Pas besoin d'en dire plus, l'essentiel y était.

Ils avaient peur, si peur, et l'un comme l'autre voulait à tout prix penser à autre chose, peu importait à quoi exactement. Parfois, pour être fort, il fallait déjà s'avouer faible, et à cet instant, jamais l'un comme l'autre n'avait paru si affaibli.


Blanc hôpital [Vmin]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora