bleue est azurine

115 16 7
                                    

      Son maillot de bain abrégé, fluctuations de l'eau, un cœur spasmodique. Yeux chlorés, brûlent et hurlent ta beauté, de ton sourire jauni par les jus de fruits. Sous les vagues, comme une méduse : illuminée, lente, silencieuse et majestueuse. Tu ne me vois pas, je suis l'ombre de ton ombre, je me cache et j'admire.

L'eau est azur, les rayons de soleil brillent sur les vagues agitées et tu rigoles. Un rire comme une chanson dont je peine à reconnaître les paroles ; tu ne ris pas pour moi ni avec moi, jamais. Les gens autour de toi valsent au rythme de tes regards, tu es la reine de tous. Enfin, j'exagère. Tu es la reine de mon pays, mon corps.

L'alcool dans le sang et l'eau qui goutte sur mon visage, j'approche. J'ai peur, mais j'avance vers toi. Tu me vois enfin, tu me remarques, tes yeux bleus s'étalent sur mon corps, ma peau qui transpire. J'ose l'interdit.

– Tu t'amuses ?

Tu me connais. Tu sais qui je suis. Alors pourquoi tu me regardes comme à un inconnu ? Ton sourire est là, mais pas vraiment pour moi, c'est bizarre.

– Ouais, ça va. Et toi ?

Je m'amuse parce que t'es là, qu'on est dans la même eau, la même piscine, la même maison.

– La musique est un peu trop forte.

C'est nul, je sais. Désolé de pas avoir un truc cool à dire et de te faire chavirer à chacun de mes mots.

– Mouais, c'est vrai. Tu t'appelles comment ?

Tu t'intéresses à moi, à mon nom, je bégaie :

– Samuel, et toi ?

– Miria.

Je le savais déjà. Mais c'est comme si je venais tout juste de l'apprendre, le plus beau prénom que j'ai jamais entendu. Miria. Je goutte à ton nom, parce qu'il est sorti de ta bouche et qu'il a pris forme par le son de ta voix.

– On est en cours d'art ensemble.

Tu me reconnais enfin. Miria, tu te rappelles un peu de moi, et peut-être que t'as en tête les regards médusés que je te lance depuis mon chevalet.

– Oh, oui. Je me disais bien que tu m'étais familier.

– Tu remarques pas ce qui t'entoure.

Tu souris. Tu sais que ce que je dis est vrai, tu t'en rends compte tous les jours quand tu te heurtes à une table, quand quelqu'un te sort de tes rêves, quand tu enlèves tes écouteurs.

– Ouais... c'est un de mes défauts.

Un de tes défauts. Un parmi d'autres, et ces autres que j'aimerais tant apprendre à connaître et à aimer.

– Ça te dirait de sortir après le cours d'art de mardi ?

Et c'est comme ça que ça commence, le portrait en noir et bleu. Chaque pas en avant, ça devient une ligne bleue ou noire sur la toile, une peinture qui esquisse nos mouvements. Notre portrait en noir et bleu.

Portrait en noir et bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant