bleue est bleu

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      Les grains de sable blanc sous la paume de nos pieds, tu portes un maillot de bain bleu que j'ai envie d'enlever. Il te va bien, mais j'ai envie de l'enlever. D'ailleurs je te déshabille du regard. Mais tu ne me vois pas.

Tu discutes avec des gens, tu bois des verres et tu t'amuses. Comme la première fois, à la piscine, tu ne me remarques plus. La lune trône sur toi, sa lumière te change en Vénus, celle qui attire tant d'hommes. Ils te dansent autour, parade nuptiale, couleurs vives, rires et phrases accrocheuses. Je ne veux pas être jaloux, Miria, parce que c'est normal que tu plaises aux autres. C'est juste que j'aurais aimé être celui que tu regardes, celui que tu choisis.

Tu t'attardes longtemps avec le même mec, torse bombé, c'est un lion qui cerne sa proie-femelle. Vous êtes assis sur le sable, il a l'air drôle, tu ris tellement. Je vois ses yeux noirs de désir se poser sur ta poitrine, celle que j'aimerais tant peindre. Ça ne te gêne pas, au contraire, je crois que t'aimes ça. Tu dis rien non plus quand il pose sa main sur ta cuisse et qu'elle remonte petit à petit en faisant retrousser ton paréo noué sur tes hanches.

J'ai mal de voir ça. J'ai mal au cœur. J'aimerais que tu me regardes et que tu vois à quel point tu me fais de la peine. Je pensais que je te plaisais, qu'il y avait quelque chose entre nous, mais ce lion t'intéresse beaucoup plus. Soudain, tes yeux bleus tombent sur les miens, comme s'ils tombaient du troisième étage. Tu enlèves sa main et tu te lèves, mais c'est trop tard Miria, j'ai tout vu. T'as pas besoin de t'approcher de moi comme ça, on sort pas ensemble, tu fais ce que tu veux.

– Samuel ça va ? Ton nez saigne.

Je touche mon nez, mes doigts sont salis de rouge, pas de bleu. Tu es venue vers moi parce que je saigne, pas parce que tu te sentais coupable. C'est encore pire que tout.

– C'est rien. Ça m'arrive quand il fait trop chaud.

Tu me prends par la main et m'emmène à l'écart. Il y a du sable entre ta paume et la mienne, c'est rugueux et doux en même temps. Tu me fais m'asseoir par terre, et enlève ton paréo. Ta culotte de bain bleue épouse à la perfection ton entre-jambes. Désolé, je sais que je devrais pas regarder là, c'est impoli, mais Miria, ton corps me fait vibrer.

Tu essuies mon nez avec ton tissu, même si je t'ai dit de pas le faire. Mes yeux s'attardent sur tes paupières baissées sur mon nez, j'attends que tu les relèves. Tu finis par le faire et, je crois que je tombe une nouvelle fois amoureux de toi. J'ai l'impression que tu m'embrasses avec tes pupilles, et l'alchimie est si grande que j'en perds le fil. Je vois la vie en bleu, je vois tes yeux bleus, un océan où je tente de survivre.

Tes lèvres, sans prévenir, rencontrent les miennes. C'est chaud, je crois que j'ai chaud. C'est doux et je vois noir, j'ai les paupières closes. Tes mains caressent mes épaules pour se loger contre ma nuque, j'ai envie de basculer en arrière avec toi, de te voir sur moi, mais il y a des gens pas loin, on peut pas faire ça. Tu t'avances un peu pour être plus à l'aise, tu es assise sur ma cuisse, j'ai... j'ai ton entre-jambes sur ma cuisse. Miria, j'ai l'impression que tu as de l'expérience et ça me fait peur. Je veux pas me dire qu'un autre homme t'a prise dans ses mains avant moi. Je veux pas. S'il te plaît, dis-moi que j'ai tort.

Parce que mon corps, mes lèvres, mon coeur n'ont pas connu autre femme que toi.

Portrait en noir et bleuWhere stories live. Discover now