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Le temps passe vite, parfois ça choque quand on s'en rend compte. Hier j'avais un an de moins, aujourd'hui j'ai un an de plus. Et tout ce que je fais pour constater ce temps qui file, c'est regarder notre portrait en noir et bleu. Il n'est pas terminé, certaines parties manquent de sens, d'autres sont mal faites, mais je n'ai pas envie de corriger les erreurs. Les erreurs ont été faite pour une raison, je ne sais pas exactement laquelle, mais ça suffit amplement à ce que je sois satisfait de l'inachevé.

Je ne t'ai pas parlé depuis plusieurs mois. Je te croise encore, mais lorsque nos yeux s'entrechoquent violemment, ça ne me donne plus envie de te croiser. Tes regards néants détruisent mes souvenirs bleus, je ne peux pas le supporter. Si tu n'as jamais voulu de moi, je peux le tolérer, mais je ne peux pas accepter que tu me brises les seuls moments avec toi qui m'ont rendu si Samuel.

Je ne sais plus si je t'aime. Je crois que non. Il n'y a plus d'amour qui traîne. Seulement de la nostalgie, des regrets. Je regrette amèrement de ne pas avoir été plus qu'un simple Samuel dans ton cours d'art avec qui t'a couché sur le moment. Je regrette aussi d'avoir été si naïvement berné par la si ravissante courbe de tes hanches. Je m'en veux d'avoir été faible et plein d'autres choses. Mais s'il y a bien une chose que je ne regrette pas, c'est de t'avoir aimé.

J'ai réalisé le chef d'œuvre de ma vie grâce à toi. J'ai peint le mensonge d'un nous, d'un bouquet d'orchidées noires et bleues s'entrelaçant, d'une Miria et d'un Samuel amants. Et ce mensonge est mon premier chef d'œuvre, et par la même occasion, mon dernier.

Plus jamais je ne peindrai aussi passionnément. Plus jamais je ne laisserai mes émotions acryliques se répandre sur la toile blanche. Et plus jamais je n'aimerai une personne, parce que tu m'as tout pris. Tu m'as tout volé, Miria, comme un coup de vent violent qui emporte avec lui les feuilles mortes du trottoir.

Notre tableau de mensonges et de pétales fait la une, mon nom fait la une. Je suis le nouveau peintre génie, celui qui a révolutionné l'art. Mais je suis surtout le peintre mort trop tôt.

Ce carnet est pour toi Miria. Prends-en soin, même si tu n'as pas su prendre soin de moi du temps où tu pouvais encore m'embrasser.

Portrait en noir et bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant