bleue est terne

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       On s'est embrassé. Ça fait deux semaines et rien n'a changé entre nous. Bonjours en se croisant, quelques messages, quelques regards, c'est tout. Je comprends pas trop, je me dis que peut-être on est allé trop vite. Tu prends ton temps, c'est ça ? C'est ce que font les filles biens, alors ça m'étonne pas vraiment de toi Miria.

À la fin du cours d'art, j'essaie de t'intercepter mais tu me files entre les doigts comme une rivière sans barrière. Je suis ton flot jusqu'à la sortie, je presse le pas qui résonne, mais que tu n'entends pas à cause de tes écouteurs. Dehors le ciel est gris et terne, mais je vois la vie en bleu parce que tu es là et que je m'approche. Pavés luisants, il a plu, ça sent la pluie partout. Je veux sentir la vanille de tes sourires, mais tu m'échappes encore. J'avance, mais j'ai l'impression de faire du surplace. J'ai le cœur serré, je comprends pas ce qu'il se passe. Tu souris, étalant tes lèvres pêche sur tes dents, retire tes écouteurs. Tu souris à un homme, mais c'est pas moi. Je suis invisible.

Il te prend dans ses bras. Tu l'embrasses avec passion. Je sens que je tombe. Notre portrait en noir et bleu se fissure. Miria, dis-moi que j'hallucine.

Portrait en noir et bleuWhere stories live. Discover now