Après toi

30 3 0
                                    

Tu me suis comme une ombre meurtrière, ne laissant aucune trace, ne faisant aucun bruit. Partout où je vais, je peux t'apercevoir du coin de l'oeil avec ton sourire de détraqué. Tu ne me laisses aucun répit, aucune pause. 

Tu hantes encore mes pensées après toutes ces années, tu les lacères de ton souvenir, les poignardes, les tues en emportant avec toi, une part de moi. Oui, tu m'as brisée. Une seule fois. Mais une fois de trop.

Je revois tes yeux suivre les courbes de mes hanches, ta langue glisser sur mon cou, tes mains se balader sur ma peau mise à nue. Je revois ton sourire satisfait. J'entends tes gémissements. Dès que je ferme mes paupières, tu es là, devant moi. 

J'ai beau essayé, tu reviens toujours. tu ressors toujours de mes ruines lugubres, de mes tiroirs fermés à clé. Tu es tenace.

Laisse-moi tranquille. LAISSE-MOI TRANQUILLE ! DEGAGE DE MA TETE ! 

Tu as brisé ma vie comme on froisse une simple feuille de papier, comme on plie une page d'un livre. oui, c'est ça, tu as arraché des chapitres entiers de ma vie. Des chapitres qui ne t'appartenaient pas. Des chapitres trop importants pour toi.

Tu es parti sans un mot, m'abandonnant dans cette ruelle comme on abandonne sa poubelle avant d'aller travailler. Je n'étais qu'un tas d'ordures à tes yeux n'est-ce pas ? Je t'étais utile, tu m'as utilisée et tu as jeté ce qui restait. Enfin s'il restait quelque chose.

Les jours, les mois voire les années qui ont suivi ton entrée dans mon existence, je pleurais en silence avant de m'endormir de fatigue. Je me disais que tout cela était de ma faute, que je l'avais cherché. Je ne savais plus comment m'habiller. Je n'osais plus sortir. Je ne bougeais plus de mon appartement. J'ai perdu des personnes chères. 

On m'a diagnostiquée dépressive. Je ne pensais plus qu'à me laisser crever dans un coin de ma chambre. J'ai imaginé mille et une façon de mourir. J'ai rédigé une dizaine de testaments et de lettres d'adieu. J'ai fait des tentatives de suicide aussi. Elles ont toutes échoué.

J'ai fini par me ressaisir peu à peu, à reprendre goût à ce qui m'entourait. Je ne trainais plus en pyjama, j'ai fini par sortir le nez dehors, j'ai retrouvé ma famille et mes amis. J'avançais enfin en t'oubliant.

Jusqu'à ce jour où je t'ai vu aux infos. Ton visage a ressurgit devant mes yeux. Je suis restée immobile à te fixer avec toute la haine que j'ai pu contenir pendant toutes ces années. Tu étais derrière les barreaux et tu attendais de passer devant la Cour. Combien de vies avais-tu brisé avant d'en finir là? 

Je me suis rendue au poste de police le plus proche et j'ai posé mon témoignage. J'avais retrouvé ma force d'avant. 

De toi, j'en ai tiré des phrases, des lignes. 

De toi, je garderai le souvenir jusqu'à ma mort.

Tu es mon ombre meurtrière, celle qui m'a tué jadis. Tu es mon monstre, celui qui m'a détruit jadis.

Ce texte est issu de faits réels mais qui ne sont pas les miens, qui sont ceux de nombreuses femmes ou hommes, filles ou garçons. J'ai voulu montrer les deux points de vue, pour le deuxième, je vous donne rendez-vous au texte suivant.


L'écriture ou la vieWhere stories live. Discover now