Chapitre 18

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— Malheureusement je ne peux rien te dire actuellement, j'en suis désolé.

Intérieurement je soupire. « Nous sommes deux au Pays Imaginaire. », « Nous ne pouvons compter que sur nous. », « À deux nous sommes plus fort. », voici ce que je prône depuis mon arrivée sur cette île à Caleb, mais à présent il m'est demandé de briser mes convictions.

— Serait-ce pour son bien ?

— Assurément.

La nonchalance a pris le dessus sur mon humeur du moment. Vidée de mon entrain habituel, j'acquiesce malgré moi à sa requête. Cela ne me plaît guère, mais si c'est pour mon frère, je ferais n'importe quoi.

— Je ferai mon possible pour revenir... seule.

Sur le départ, la douce voix de la reine se porte à nouveau vers moi :

— Keira, fait bien attention à toi, ne te laisse pas corrompre. Soit d'une extrême prudence, et n'oublie pas, écoute ton cœur.

Remerciant à nouveau la reine des Fées, je m'avance par la suite vers la pénombre de la forêt qui m'accueil à bras ouvert. Ce n'est pas de gaieté de cœur que je m'enfonce dans cette sombre broussaille. Quelques mètres plus loin, derrière moi, les luminaires de la Vallée s'effacent pour ne laisser place qu'à cette forêt dense qui m'entoure. L'inquiétude me ronge de l'intérieur, car la nuit est à présent tombée et que je peine à voir le chemin que j'emprunte.

Je m'accroche à la boussole comme une bouée perdue en plein océan.

Tout ce que je souhaite c'est arriver au plus vite à l'Arbre du Pendu et sortir de ce repère à bêtes sauvages. Ce n'est vraiment pas le moment de croiser des loups, encore moins lorsque j'ai en ma possession la clé qui sauvera ce monde. J'en profite pour glisser la petite boîte dans ma poche et accélère le pas.

Mon esprit est embrumé à nouveau par ces animaux, je revois encore leurs yeux rouge sang et leurs hurlements terrifiants résonner tel un écho dans mes oreilles, ils étaient bien réels. Ceci confirme que je peux me faire attaquer, et ça, même avec la confiance de Peter. Je dois doubler de vigilance dans ces bois.

Je ne sais combien de minutes sont passées depuis mon départ de la Vallée, mais j'ai la sensation que le chemin est sans fin. Le seul changement de décor qui m'est offert en plus des arbres et feuillages dénués de couleurs, ce sont ces lucioles qui m'ont rejoint il y a peu et me livrent une danse aérienne. Grâce à leur vivacité je me sens moins seule. Une certaine bienveillance émane d'elles, me laissant croire que leur présence n'est pas dû au hasard. 

J'en suis même sûre à présent, elles me guident.

Cette pensée dont je me convaincs me fait sourire. J'avance sereine au milieu d'elles. Dans les secondes qui suivent, dès l'instant où je réalise que je ne ressens plus une once de peur, j'entends des voix s'élever dans les airs.

Ce sont les Garçons Perdus, je suis arrivée !

Soulagée de retrouver le camp toujours aussi animé par leur bonne humeur quotidienne, je cherche du regard la personne qui m'importe dans ce groupe : Caleb. Lorsque je le vois assis avec eux à rire aux éclats, mon cœur s'enrobe de tendresse. Cette image me fait sourire, il a l'air si heureux. Habituellement il est plus renfermé avec les enfants de son école, ça me rassure de le voir aussi ouvert ici. Le Pays Imaginaire a quand même du bon.

Mais rapidement, une ombre se glisse au tableau lorsque je réalise que les Garçons Perdus m'ont tous menti pour protéger le secret de leur chef. Pourtant ils ont l'air si gentils... Enfin, ils le sont, mais ils sont loin d'être sincères.

L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant