onze ✧ "microbes„

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9h02
L'eau ruisselle sur ma peau, elle coule le long de mes joues et s'écrase dans mon cou. Les mots de l'autre con tournent dans ma tête, j'y cherche une métaphore, un sens caché. Mais rien ne me vient. "Il se prostitue. Gabriel est une pute, Aitor." Cette nuit, je n'ai pas pu trouver le sommeil, une fois de plus. Mais je n'ai pas de réaction spécifique à avoir, ni de gros scandales à pousser. N'importe qui sur terre n'est personne pour choisir la vie de quelqu'un d'autre.

Je ne suis qu'un putain d'égoïste cachant ses émotions derrière une excuse. Je déteste qu'il se prostitue, mais je déteste surtout que des putains de randoms l'ai touché à ma place.

Je me suis construit un cœur de pierre tout en jurant de rester insensible face à l'amour. Amour tue, il te consume, te réduis en cendres, comme un paquet de cigarettes. Me voilà perturbé pour le première fois, la raison de mes insomnies et de l'abandon de mes limites sont donc des putains de sentiments amoureux.

Mon estomac se tord sous l'honnêteté de mes mots. Il est trop tard maintenant. Gabriel Garcia est passé entre les mailles du filet, mais Gabriel Garcia vend son corps.

Je n'ai pas à changer de comportement avec lui. Gabriel reste Gabriel, il sera toujours le même, mais lui ne sera jamais à moi.

J'asperge mon visage d'eau pour la énième fois, fixant l'évier immonde face à moi. Ces vestiaires sont des putains d'empire à microbes, Monsieur Propre s'il rentre ici, il fait une crise cardiaque.

« - Il faut que je te raconte!! »

Une voix féminine s'élève dans la partie du vestiaire leur étant réservé. Je n'y porte aucune attention, jusqu'à ce qu'elle prononce ce mot, je ne peux entendre plus que son nom.

« - Dans les couloirs tout à l'heure, j'ai vu Gabriel rentrer dans la chambre de Riccardo!

- Huuh! Tu crois qu'ils ont..?

- Quoi d'autre? On parle de Gabriel!

- Je ne pensais pas que Riccardo serait du genre a payer une pute.. »

Pauvres pétasses frustrées, qui êtes-vous pour cracher sur la gueule d'un inconnu? Vous sentez vous plus jolie après avoir rabaissé quelqu'un? Votre putain de tonne de maquillages ne suffit donc pas? Elles quittent les lieux alors que je leur souhaite un horrible karma qui, j'espère, arrivera bien vite dans leur gueule. Je bouillonne, ma rage se perd entre le carrelage sale et les murs crasseux.

Toujours présenter les choses comme si c'était si simple, sans donner de fond ni d'âme.

Mes yeux croisent de nouveau mon reflet dans la glace, apercevant sur ma gauche le verrou d'une des cabines se tourner, et une silhouette en sortir.

Oh. Merde. Gabriel.

Ne portant qu'un t-shirt à manches courtes, son pull posé sur son bras gauche, laissant ses bras à découvert, ses bras couvert de marques rouges, parfois bleues, tirant sur le violet. Putain. Sa peau pâle, presque porcelaine, sa douceur. Quels clients de merde, quel monde de merde.

On se regarde, en silence, mais pas l'un de nos habituels silences, c'est un silence lourd, pesant. Il me regarde avec crainte. Il a l'air d'attendre, attendre quoi? Que je le regarde avec dégoût? Avec haine?

« - Gabriel.

- Tu.. »

La porte des vestiaires s'ouvre, et mon premier réflexe et de le pousser dans la cabine d'où il vient, rentrant avec lui tout en verrouillant derrière moi. Bien joué champion, impeccable la situation gênante qui peut-être comprise différemment quand tu enfermes avec toi dans une cabine un mec qui se prostitue putain.

傀儡 | ᵖᵘᵖᵖᵉᵗWhere stories live. Discover now