Le Jeu [B&B]

Let's play

Jace

Mon personnage se nomme Joshua, mais il se fait appeler Josh. Il ne dit pas grand chose, garde tout pour lui, y comprit ses sentiments, ses expressions, et ses plus puissants désirs. Il est d'un calme olympien, d'une sagesse digne des plus grands philosophes, et voit le monde d'un regard différent. Il vient d'une famille effroyablement riche, et lui qu'on croyait si chanceux a pourtant été poussé par ce monde d'artifices, d'or et de mensonges, à partir vivre dans un village au bord de la mer. Son beau paraître était plus important que sa véritable nature.

Tous ces gens... ne pouvaient simplement pas accepter qu'il ne se marierait jamais avec une femme.

Dans son petit appartement aux airs d'ateliers d'artiste, avec son perroquet haut en couleur, sa vie monotone l'a satisfait pendant trois années. Il travaille dans un petit restaurant très fréquenté en tant que cuisinier, avec sa seule véritable amie, Iris. Il prend le temps d'aller sur la plage pour rêvasser à des heures perdues, et ne fait rien d'autre que de vivre cette routine qu'il croyait parfaite, après tout ce qu'il a vécu.

Mais voilà, Josh s'ennuie.

Au lieu de rêvasser, il ressasse sa vie d'avant, ses espoirs égarés et ses envies d'antan. Tout ce qu'il a dû abandonner.

Alors il tente d'avoir des petites aventures, sans vraiment comprendre le sens de sa vie. De quoi a t-il envie ? De quoi a t-il besoin ?

Un soir, patientant sur la plage pour une nouvelle rencontre d'un soir, alors que la pénombre tombe sur les environs, il croise un jeune homme en pensant qu'il était son coup d'une nuit. Il l'embrasse, l'emporte dans son appartement, ils font l'amour. Il est transporté par autant de tendresse et de voracité qu'il n'aurait jamais cru ressentir à nouveau. Et pour une nuit exceptionnelle avec un inconnu, il s'est juste laissé transporté.

Quand, quelque jours plus tard, cet inconnu aux cheveux blonds et au regard vairon se pointe une nouvelle fois dans son village, Josh bifurque vers un autre chemin sans s'en rendre compte. C'était ce dont il avait besoin.

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Jonathan

Mon personnage s'appelle Nathan, et après avoir été l'un des plus populaires et dangereux étudiants de sa fac pour gosses de riches, il est devenu un gars comme un autre, vivant une vie grise et morne. Il était brutal, excentrique, à la recherche de sensations et de vertige. Il faisait partie d'une fraternité réputée pour ses délits, ses jeux pervers et ses agressions. Nathan pensait avoir le monde à ses pieds et se trouvait trop grand, trop beau pour les autres.

Son égocentrisme et son incessante gourmandise l'ont poussé à une terrible nuit qui l'a changé à jamais.

Alors voilà, Nathan est devenu celui qu'il n'aurait même pas pensé effleurer, il y a de cela un an. Il va en cours dans une école de commerce choisie par son père, tente de se faire des amis aussi banals que sa vie, a un petit job pour la forme, puisqu'il est fortuné. Il vit seul, il est seul, il l'a toujours été. Et ce jour-là, il ne sait vraiment pas pourquoi il n'est pas descendu du bus pour rentrer chez lui.

Il s'est endormi contre la vitre en se laissant emporter vers un ailleurs à l'odeur iodée et au paysage marin qu'il ne soupçonnait pas. Il est descendu à l'arrêt d'une petite ville, s'est égaré dans les rues, puis sur la plage jusqu'à ce que le soir tombe. Quand un homme qu'il ne connaît pas l'embrasse sans crier gare, il se laisse juste aller. Au fond, Nathan n'a jamais su ce dont il avait réellement envie. Ce dont il avait besoin. De l'argent ? Une renommée ? Des jeux dangereux ? Et pourquoi pas une nuit avec un inconnu ?

Parce qu'ils ne se connaissaient pas, parce que ce n'était que pour une nuit, Nathan lui a tout donné. Caresses, baisers, amour, tout pour que ce soit juste beau. Le lendemain, l'inconnu a disparu, et Nathan a senti une vague de déception l'envahir. Il en voulait encore. Un peu plus de ce corps contre le sien, de ses lèvres sur son cou, de son souffle sur sa peau. Il voulait le connaître, le voir, l'aimer.

Alors sans penser à rien d'autre qu'à ses yeux, il plaque tout. École de commerce, appartement, job, amis. Il s'installe dans la petite ville, va sur la plage et le croise.

Comme un signe.

C'était ce dont il avait besoin.

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Jace

Josh et Nathan ne veulent ni d'une simple relation amoureuse, ni d'une relation amicale. Ils ne souhaitent pas une liaison où ils ne se retrouveraient que pour le sexe.

Ils désirent plus. Se découvrir, se perdre, se connaître, se préserver.

Alors ils vont faire un jeu. Les règles ? Chaque jour, l'un pourra demander ce qu'il désire à l'autre qui devra réaliser le souhait choisi. Aussi, si Josh décide de partir à l'autre bout du pays avec Nathan, celui-ci devra accepter. Le premier qui refuse de réaliser un souhait sera le perdant. Le prix du gagnant ? Celui-ci décidera sur le moment.

. . .

Je jette un regard à Jonathan qui regarde les paysages défiler avec un air vague. Laury Harper n'aurait pas pu mieux tomber avec son histoire, comme si elle l'avait écrite pour nous, à cause de nous. Car je ne sais pas si son film sera paré de la beauté et de la sensibilité qu'elle espère tant, avec deux personnages aussi difficiles. J'ai aussi peur de jouer dans ce film que le gars qui se tient juste à côté de moi, car je n'ai aucune idée de où nous mènera ce jeu.

Aussi bien dans cette histoire que dans la réalité, je n'ai aucune idée de où on se dirige, tous les deux.

Le film s'intitule Let's Play. Nous allons donc devoir jouer jusqu'à cet avenir flou qui m'attire et me repousse.

Et ça me fout une sacrée trouille.

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Jonathan

Tout ça me fout une sacrée trouille.

J'ai peur de ne pas aller jusqu'au bout du film, quand je ne parviens jamais à aller au bout de mes résolutions. Je ne détiens pas la force de Jace, je ne suis qu'une poupée vide qui ne peut pas marcher, complètement inanimée. Je peux m'écrouler à tout instant, emporté par la dépression, les cauchemars, et les souvenirs.

- Hé, Jonathan.

Je me tourne vers Jace qui me jette un regard avant de se reconcentrer sur la route.

- Pourquoi tu es venu ce jour là, devant ma porte ? C'était vraiment pour faire du patin sur mon lac ?

Je souris, en ouvrant la bouche pour lui dire que oui, j'étais venu pour faire du patin sur ce maudit lac. Mais rien ne sort. Je ne veux pas lui mentir, et ne suis pas certain de la réponse que je dois lui donner. Pour tout un tas de raisons, j'ai voulu revoir Jace Alexander. La liste est interminable et je ne démarque pas la véritable raison de toutes les autres. Ce dont je suis certain, c'est que j'ai voulu le revoir, je veux le voir, et je vais vouloir à l'avenir, pour un temps indéterminé, le chercher des yeux.

- Je te le dirai si tu gagnes le Jeu.

- Et si je ne le gagne pas ?

- Je te le dirai quand même.... un jour quand je saurai.