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Double Agents

Partie 2 :

     Point de vue du chef d'Aseno. 

Nous avons réussi à convaincre Clément de participer à notre mission. Bien sûr, je n'ai jamais douté du contraire. Je sais me montrer très persuasif lorsque l'enjeu est important. Pour l'heure, nous devons absolument retrouver Joséphine. Nous ne voulons pas que Poviak mette la main sur elle avant nous.

Evidemment, elle ne compte pas revenir dans notre organisation. Son but est de fuir. La seule chose qui puisse la faire rester un peu plus longtemps, c'est ce garçon. Il n'a pas l'air très futé et à vrai dire, j'en viens même à me demander ce qu'une fille comme Jo peut lui trouver. Lorsque je l'ai connue, elle ne voulait rien de sérieux. Pour elle, les sentiments n'apportaient rien d'autre que de la vulnérabilité. Mais l'amour ne se commande pas et désormais, il est de notre devoir d'exploiter sa faiblesse pour parvenir à nos fins. 

Moi - Maintenant que vous avez repris des forces, il est temps de se consacrer pleinement à notre objectif : retrouver Joséphine. 

Clément me fixe attentivement comme si la vie de sa compagne en dépendait et qu'en nous écoutant il la sauverait. 

Moi - Nous avons essayé de la joindre par le biais d'Aseno et également avec votre numéro. Votre femme refuse de répondre, peu importe qui l'appelle. Selon nous, elle pense que vous avez été capturé ou tué par Poviak et que ce sont eux qui essaient de la joindre afin de repérer sa position. 

Clément - Mais pourquoi est-ce qu'elle ne vous répond pas, à vous ?

Bon, c'est le moment d'improviser. Je ne suis pas inquiet, il a l'air de beaucoup m'estimer. A ce stade, il ne mettra plus en doute mes propos. 

Moi - Joséphine est quelqu'un de très solitaire. Lorsque les choses se compliquent, elle a tendance à vouloir les régler elle-même. Et puis, il ne faut pas oublier que si elle entre en contact avec nous, il se peut toujours que Poviak parvienne à la retrouver. 

Clément - Comment ? 

Moi - Nous soupçonnons qu'ils aient un espion au sein de notre organisation. 

Clément - Mais alors si c'est vrai et qu'on la retrouve, il se peut qu'ils arrivent avant nous ? 

Moi - Les informations concernant votre femme ne sont connues que par un nombre très restreint de personnes. Seuls nos agents de confiance sont au courant de cette mission. 

Clément - En quoi consiste-t-elle d'ailleurs ? 

Moi - Nous y arrivons. C'est une mission de sauvetage. 

Derrière le garçon, mon collègue esquisse un faible sourire et je me force à garder mon sérieux. 

Moi - Nous avons réussi à récupérer la trace de Joséphine. 

Clément - Vraiment ? Elle va bien ? 

Moi - Jusque là, nous ne savons pas grand chose. Des caméras de surveillance privées nous ont permis de la voir entrer dans un restaurant, il y a environ une demi-heure. 

Clément - Les caméras privées ?

Moi - Nous avons dû les pirater. Aux grands maux les grands remèdes.

Il semble plus impressionné qu'autre chose. Tant mieux. Il est temps de lui expliquer son rôle au sein de la mission. En réalité, elle repose entièrement sur lui. Il ne faut donc pas qu'il nous lâche à la dernière minute. 

La mission est très simple. Même un idiot comme lui ne pourrait pas la gâcher. Enfin, ne le sous-estimons pas...
Nous allons l'équiper d'un micro et d'un traceur, cependant il ne sera pas au courant de ce dernier élément. Nous ne pouvons pas prendre le risque qu'il l'enlève et que nous perdions sa trace. Au cas où les choses se passent mal à cause de Poviak ou que Jo comprend tout, nous devons savoir exactement où ils se situent. Tous les deux. Même si ce n'était pas prévu, il est impliqué maintenant. 

Nous allons ensuite le déposer au bout de la rue où se situe Joséphine. Il devra entrer dans le café en panique et lui dire qu'il était avec son chef à Aseno. Puis il prétendra que nous lui avons tout expliqué. Il lui communiquera ensuite une adresse où ils doivent se rendre afin que le gouvernement s'occupe de les mettre en sécurité. 

Elle va sûrement refuser. Dans ce cas-là, nous devrons intervenir. Clément a pour ordre de l'isoler le plus possible pour que notre organisation puisse venir à leur rencontre sans être révélés à la population. Dans le cas contraire, un scandale pourrait faire la une des journaux du lendemain et mettrait le pays entier dans un état de panique. 

Enfin, tout ça, c'est la version officielle. Celle que nous expliquons à Clément. Il pose beaucoup plus de questions que ce que je pensais. J'ai dû revoir certaines parties de mon discours et inventer de nouvelles excuses. Il ne fait pas parti de l'organisation, il ne comprendrait pas nos réelles motivations. Je sais que ça ferait beaucoup pour lui et qu'il annulerait tout. 

Clément - Trop facile vos missions secrètes ! 

Il me fait presque de la peine. Mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur son sort, il est l'heure. Nous l'équipons et prenons la route. 

Moi - N'oublie pas, Clément : si elle n'est plus dans le restaurant, elle n'est pas loin. On a remarqué qu'elle boitait. C'est probablement une blessure due à l'accident de voiture. Elle n'a nul part où aller et la rue est la seule à l'abris des caméras de surveillance du gouvernement. Elle est donc forcément dans ce secteur où elle est persuadée d'être en sécurité. 

Merde. Je me rends compte trop tard de ce lapsus. J'anticipe sa question et commence à réfléchir.

Clément - Et ce n'est pas le cas ? 

Moi - Si nous avons pu pirater les caméras, Poviak en a peut-être fait autant. Elle sera en sécurité uniquement lorsqu'elle sera avec toi et que tu l'amèneras à nous. 

Clément - Compris. 

Moi - Nous y sommes. Tu es prêt, Clément ? Il ne faut pas perdre de temps.

Clément - C'est parti. 

Il descend de la voiture et se dirige vers le café. Prenant son rôle très à cœur, il ne cesse de nous décrire l'environnement dans lequel il progresse.

Clément - Elle n'est pas dans le restaurant. Enfin, je crois. Je vous ai dit que j'étais myope ? Ah c'est vrai, vous ne pouvez pas me répondre. 

Quel abruti. Pourquoi il a fallu qu'on tombe sur le seul gars incapable de retrouver sa femme ? 

Clément - Attendez. Je crois que... C'est elle ! Je reconnais son chemisier rouge. Elle vient d'entrer dans un petit café, sur le trottoir d'en face. J'y cours. 

S'il vous plait, dites moi qu'il ne court pas réellement. 

Nous entendons le bruit d'une porte qui s'ouvre. Clément crie son prénom. Tout dans la discrétion. Une voix plus familière se fait entendre en fond sonore. Ça y est. Nous avons la confirmation qu'il s'agit de Jo. 

Joséphine - Clément ? Qu'est-ce que tu fais ? Comment tu m'as retrouvée ? Tu es seul ?

Clément - Calme toi. Tout va bien. Je suis avec ton chef, le directeur d'Aseno. Il m'a tout expliqué. D'ailleurs, il nous entend j'ai un micro sur moi. 

Joséphine - Un micro ? 

Le boulet. Elle se doute de quelque chose maintenant, j'en suis persuadé. Nous n'entendons désormais rien d'autre que le brouhaha de la foule derrière eux. C'est le moment d'intervenir.

Soudain, des coups de feu retentissent. Des cris emplissent le micro avant que nous perdions le contact. 

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Joséphine enfin retrouvée, comment va évoluer la suite de la mission à votre avis ?
Réponse dans une semaine !

-Elo

Life StoriesWhere stories live. Discover now