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-Tu penses que ce tee-shirt fera l'affaire?
Demandé-je à ma fille qui se tord de rire en me regardant devant le miroir.
-Aÿ papa mag nga leegui nak! Je me marie demain kone wagnil! Koula bayi nga sol li?
Je me mets à rire à mon tour.
-Souadou sa père dafa diantal nak! Kholalma li rek! Est-ce que je ne vais pas me noircir la barbe sakh? Ou le poivre sel fera l'affaire?
-Papaaa!
-D'accord! Je vais le garder comme tel! Ça me fera quelques années de plus pour intimider ton mari!
Elle se met à rire alors que j'enfile une veste sur ce tee-shirt bien trop serré.
Présentation: je m'appelle Mouhamadoul Bachir Ndiaye et ne vous laissez pas berner comme les autres. Berner parce que le propriétaire de ce corps d'Apollon né de ma passion pour la boxe et ayant fait que je passe tout mon temps libre en salle fête sa quarante cinquième année la semaine prochaine.
Vieux vous vous dites? Oh non! Attendez que je me décrive. Je suis un bel homme. Quoi? Je ne suis ni vantard ni narcissique c'est juste que kou guiss néne ni néna ngui alors si je vois que je suis un bel homme, je vous le dis! Et pour preuve, demandez à toutes ces minettes de l'âge de mes filles qui me courent après.
De grande taille, on me décrirait comme un homme, de teint clair (maman est peulh ). J'ai de grand yeux surmonté de gros sourcils qui me dotent de cet air mystérieux que je ne brise que devant mes enfants. Le nez halpoular droit surmonte des lèvres fines et pulpeuses entourées d'une barbe poivre sel dont je m'occupe comme de mon bébé.
Ne vous laissez pas berner non plus par cet air jovial et taquin que j'emploi: je ne suis comme ça que quand mes enfants sont dans les parages.
De nature je suis calme, dans ma famille, on parle d'homme hautain qui se croit supérieur aux autres, c'est l'air que je donne. Ou non, peut être parce que cet étiquette m'a été collée par des cousines, non, je dirai par les femmes que je repousse avec beaucoup de déni. Le pourquoi du comment semble évident, non? Ou je m'explique?
Bah voilà! J'ai vécu, un divorce dur et très douloureux qui a fait que je me suis exilé pendant plus de seize ans en France avec mes quatre enfants, mes enfants qui sont ma vie, ma fierté.
Je suis très très proche d'eux : quand on nous voit on a plus l'impression d'être devant des camarades que devant un père et ses enfants, parce que je fais à peu prêt le même âge qu'eux: dama bagn Maguette nak motakh doumaleneko bayé...après tout, je n'ai que dix huit ans de plus que mes aînés.
En fait, pour faire court et ne pas parler de celle dont je ne veux pas parler...après tout je suis obligé, donc voilà! J'ai connu leur mère quand elle n'avait que quatorze ans, et croyez-moi, elle ne faisait pas du tout son âge.
